Elle est probablement un des artistes les plus intéressants d’aujourd’hui. Elle est aussi un des plus côtés, ce qui fait confesser à l’auteur de l’article qui lui est consacré dans la dernière livraison du « Spiegel » que : « oui, elle est une star ».

Elle est belle, elle est talentueuse, elle est intelligente — que demander de plus?

Ses oeuvres, dont il a déjà été question ici, sont acclamées, et présentées dans les plus grandes institutions – Tate Modern à Londres, Neue Nationalgalerie à Berlin.

Elle impressionne par sa persévérance et son courage, sa volonté d’aller jusqu’au bout dans l’examen et la recherche des brûlures qu’elle s’essaie à explorer, à fouiller.

Sa dernière série, « A Living Man Declared Dead and Other Chapters », porte sur les filiations problématiques.

Taryn Simon impressionne. Incontestablement. Son air sérieux, l’envergure de son travail, la consonance des sujets choisis — il y a de quoi.

Même la scénographie londonienne, et surtout berlinoise, de son exposition, est propre à provoquer un très fort impact sur le spectateur.

Mais de cette grande architecture surgit une interrogation : n’est-ce pas trop?

Cette question, parfois murmurée, importe. Et autant y répondre immédiatement : évidemment non.

Non, tout d’abord, car Taryn Simon procède par une mise en danger permanente d’elle-même, et opère la construction progressive et novatrice d’une figure de créateur, fondée à la fois sur la sélection et l’élaboration de narrations.

Non, ensuite, et surtout, car Taryn Simon a le sens de l’humour : en ce sens, elle est bien une photographe à l’école de Leonard Cohen, au sens où « there is a crack in everything/That’s how the light gets in ».

En effet, au coeur de ces édifices architecturés, se cache une mine. L’évolution familiale est aussi un appel à l’éternel retour.

Parmi les structures familiales complexes se cache l’image terrible, amusante cependant, d’un lapin en chocolat.

Le génie de Taryn Simon réside dans sa distance. Le respect du spectateur le conduit à la reconnaître.