Du temps que le monde était jeune, Roland Dumas était un aventurier. Pas un aventurier sans aventure, comme son comparse Maître Vergès, mais un aventurier des affaires, de la politique, des femmes et de la vie. Il savait, par des amalgames risqués dont lui seul avait le secret, par un mélange des genres qui eût détruit quiconque ne fût pas lui, trouver l’argent là où il semblait ne pas être, laisser ses maîtresses sans avenir mais du moins remplies de passé, et côtoyer plus géant que lui, ce qui n’était certes pas difficile mais avait l’avantage de lui conférer, ne serait-ce que par contraste, un semblant d’humilité qu’il a maintenant perdu au profit du grotesque. Hier encore, il n’y a pas si longtemps, Roland Dumas paraissait s’attarder dans la jeunesse ; aujourd’hui, et nous le regrettons, la vieillesse a l’air de se dépêcher dans Roland Dumas. A entendre les propos qu’il échange au sujet de Bernard-Henri Lévy dans une vidéo lugubre qui fait sa vie sur YouTube, on se demande même dans quels recoins de son être on saurait trouver, non de la dignité (ce qui serait aussi absurde et vain que de projeter l’installation d’un camp de nudistes à Fukushima) mais simplement de la vie. Pas de l’humanité, non, mais de la vie. L’humanité, il y a bien longtemps que Roland Dumas ne sait plus ce que c’est : il faut dire que ses meilleurs amis (nous voulons dire ceux qui manipulent ce manipulateur) sont généralement connus pour perpétrer contre elle (contre l’humanité) des crimes qui en font, n’en déplaise à l’ex-mitterrandien fringuant aujourd’hui cacochyme, les descendants de Hitler, de Staline et de quelques autres. A fréquenter les ordures, on finit déchet.
C’est donc dans une poubelle que les deux avocats, Dumas et Vergès, semblables aux deux pépés du Muppet-show, viennent commenter le monde qui va, qui va sans eux. Et qui, c’est leur drame, va très bien sans eux. J’entends : le monde va très mal, mais il va très bien très mal sans eux. Jadis, du temps qu’ils étaient acteurs, qu’ils étaient importants (c’était au siècle dernier, c’était au millénaire précédent) Vergès et Dumas, comme Bouvard et Pécuchet, pouvaient se faire accroire que le monde dépendait de leur bonne volonté, que les crues du Nil ou les krachs boursiers suivaient les aléas de leur sommeil ou de leurs succès mondains – mais les années sont hélas venues s’interposer, comme il arrive souvent, entre leur très ancienne importance et l’oubli total dans lequel ils sont maintenant englués tel le cormoran dans une nappe de pétrole libyen. Que font-ils, que disent-ils ? Ils pérorent sur Bernard-Henri Lévy – comme tout le monde à vrai dire. Hormis L’Equipe et le beau journal de Spirou, je ne sais pas une seule publication qui ne se penche, tandis que j’écris ces lignes, sur le cas de BHL, pour le critiquer, ne pas le critiquer, le critiquer sans le critiquer, ne pas le critiquer tout en le critiquant.
Pour illustrer leurs propos, les deux avocats utilisent une langue commode, au sens où elle est empruntée aux commodités. Leur démonstration, leur moquerie sénile, est de fait essentiellement étayée par des métaphores urinaires : la preuve, sans qu’il ne soit besoin d’y insister comme eux l’eussent fait, que l’incontinence les travaille, et sans doute les trahit. L’énurésie intellectuelle a désormais deux symboles : ils en tiennent une couche, et pissent dedans. Vergès, nous n’en attendions pas grand chose. Ca fait des siècles qu’on nous rebat les oreilles avec sa soi-disant intelligence : homme soi-disant de l’ombre ne vivant que pour la lumière (la pire, celle des caméras), ça fait cinquante ans qu’il entretient un mystère dont tout le monde se fout. On dirait le petit bonhomme du feu vert qui nous dit : « dans une autre vie, j’étais rouge ». Je le dis : je n’ai rien à dire sur Vergès. Je ne le trouve ni intéressant ni décevant, ni rien. J’ai dîné une fois avec lui, chez Lipp. Les huîtres qu’il dégustait étaient moins creuses que lui – moins visqueuses, aussi. Il a parlé, non sans cuistrerie, d’auteurs qu’il n’avait pas lus (et que je connaissais par cœur) puis a balancé sur Régis Debray des histoires aussi salées que l’addition qu’il m’a laissé payer.
Un journaliste, qui reste évidemment planqué, dit : « Bernard-Henri, ce n’est plus possible. Il est partout. » Nous y sommes. Il est partout, bien sûr. Le juif. Je suis partout, vous n’aviez pas compris ce que ça signifiait, le titre ? Ca signifiait cela : que le juif, incarné par la figure notoire de BHL, est évidemment partout ; toujours et encore. Il faudra un jour (qui s’y collera ?) commencer un travail sérieux sur ce thème : comment Bernard-Henri Lévy a concentré, presque à lui seul, sur sa seule personne (ce sera enseigné tôt ou tard, pour les générations futures, comme un cas d’école) l’antisémitisme dans la société française des quarante dernières années. En attendant, je dis à Roland Dumas que l’aigreur signe in extremis l’échec d’une vie, de toute une vie ; je lui dis qu’il existe une pornographie de la vieillesse, de la déchéance, et qu’il en est, avec ou sans sa robe, le Rocco Siffredi. Poubelle la vie. Kadhafi, Gbagbo ne se rendront jamais aux obsèques de Dumas. Ils se foutront de sa gueule en compagnie de Maître Vergès, totalement corruptible et parfaitement increvable.
J’ai rarement autant ri.
L’humour est la meilleure arme pour combattre l’ignominie.
Je pense que l’angle, ou plutôt l’élan combatif de l’article n’est pas le bon, en effet cela permet une prise de position et une critique, mais celle ci, trop forcé, crée l’effet inverse. De plus, c’est avec indulgence que l’on voit chez eux, un élan ringard, un décalage avec les combats du moments.
Un grand bravo pour cet article remarquablement écrit, j’en suis jalouse de ne pas avoir eu la plume aussi bien aiguisée…..
Yann Moix a indéniablement une belle plume.
Ca cogne, ça saigne.
Mais là, il dit quoi au juste? Il insulte deux vieillards. Et alors?
Puis, j’ai l’impression que l’auteur a tendance à voir de l’antisémitisme partout!
Ça fait bien longtemps que ces deux-là déraillent.
Ils n’existent pas médiatiquement. Juste des blogs pourris.
Pourquoi gâcher une si belle plume avec des sujets si inintéressants?
Tellement juste! Il était temps que quelqu’un tape sur ces deux-là. Leur soutien à Gbagbo était invraisemblable!!!
J’avais depuis un moment repéré la chaine youtube de ces deux guignols. Rien de plus pathétique.
Cacochyme, c’est bien trouvé, bravo. Même si je suis pas d’accord avec l’intervention en Libye. BHL devrait être flatté d’être responsable d’autant de choses.
Caroline
En pleine forme Yann Moix. Particulierement inspire son article.Analyse pertinente et percutante.Une oeuvre de salubrite publique en quelque sorte.On se sent comme desintoxique des deux « dechets ».
« A fréquenter les ordures, on finit déchet. »
Certes mais un déchet non recyclable…
AhAhAh!
« Leur démonstration, leur moquerie sénile, est de fait essentiellement étayée par des métaphores urinaires : la preuve, sans qu’il ne soit besoin d’y insister comme eux l’eussent fait, que l’incontinence les travaille, et sans doute les trahit. »
En forme le Moix!
AhAhAh!
Le journaliste fait sans doute une remarque antisémite mais peut-on l’imputer à Dumas et Verges?
Pathétique!
Merci Yann Moix.
Puisque Moix a décidé ainsi que BHL était juif avant tout, silence désormais la critique, vous seriez des nazis.
Yann,
Ton piment est excellent.
Les deux personnages vont avoir un jour comme Panthéon, une pissotière géante, des mouches comme gardiens et des imbéciles comme visiteurs.
Je trouve honteux que l’on se moque de deux vieillards cacochymes pris en instantané et par surprise, l’un, débile, sortant du lit, l’autre, déficient, sur sa chaise percée. Il n’est pas noble de s’attaquer aux faibles impuissants et infirmes, invalides. Vous risquez de nous les rendre plus lunatiques, pituitaires, quinteux, valétudinaires, égrotants. Imaginez le résultat?
Tellement juste et… Divinement écrit.
Ce qui peut surpendre également c’est l’admiration de certains journalistes auxquels M.Dumas a présenté son livre dans lequel il déballe sa vie intime et crache sur Mme Devier Joncours ce qui est particulièrement élégant?? Décidemment les ordures subjuguent les foules…..
Entre costard bien taillé et une élégance propre à la façade médiatique qu’aime afficher Roland DUMAS (difficile de dire « Monsieur »), la muflerie est la meilleure attaque (ou défense ?) de R.D. à l’égard de Christine Devier-Joncours, qui je le rappelle fut sa compagne durant de très nombreuses années, bien qu’il s’en défende (« une femme parmi tant d’autres…. »), et que l’amour pour cet homme l’a conduite en prison… sacrifiant avec douleur, un bout de sa vie pour un silence qu’elle a finalement payé très cher… R.D aurait-il déjà tout oublié ?… La vieillesse (ou sénilité) à ceci de bon, c’est qu’elle fait oublier tout ce qui vous arrange… Pépère ? La rue de Lille ca te dit rien ? La Dordogne, tu sais cette maison où tu aimais tant te réfugier, entourée de verdure, de fleurs et d’oiseaux… ? déjà oublié ?
La « stupidité de cette femme.. » dit-il, lui a bien servi durant des années… comment peut on vivre aussi longtemps avec une femme aussi stupide ?…. Ce serait tomber dans la médiocrité, et je ne pense que R.D. ait pu s’abaisser à vivre avec ce qui lui ressemble….ce reniement à le goût amer de la trahison, ce qui me semble être le plus beau costume de R.D. tout au long de sa vie, aussi étriqué que son sens de l’honneur…
Ce mépris associé à son arrogance, la vulgarité de ses propos concernant l’union de Christine Devier-Joncours avec un norvégien prétextant un rapprochement stratégique vers une certaine Eva Joly semble avoir beaucoup faire rire Mickey Zeimour… Riez Monsieur Zeimour, on ne vous aime pas, et vous êtes très bien payé pour ça… c’est la seule chose que vous êtes capable de bien faire….
Christine Devier-Joncours possède ce que n’a pas R.D.… « l’aristocratie de cœur », quand vous, vous, Monsieur Rocco Dumas….courrez après les partie… culs….