En 1979, des milliers d’Iraniennes investissaient la place Azadi (liberté) de Téhéran à l’occasion de la journée mondiale de la femme. Elles qui avaient largement participé à la Révolution iranienne, à l’origine quelques semaines plus tôt du départ du Shah et de l’instauration de la République islamique, venaient d’apprendre qu’elles pourraient être forcées de porter le voile islamique et de perdre nombre de leurs droits. En effet la prise du pouvoir de l’ayatollah Khomeiny menaçait les acquis la Révolution constitutionnelle de 1905 dont notamment le droit de vote des femmes en 1963.

Trente ans plus tard, les Iraniennes sont dans l’obligation de porter le foulard islamique. Leur témoignage vaut moitié moins que celui d’un homme, l’indemnisation que le responsable d’un meurtre doit payer à la famille d’une victime, est divisé par deux s’il s’agit d’une femme, la tutelle de l’enfant dans un couple revient exclusivement au père et leur majorité est fixée à l’âge de neuf ans. Néanmoins, malgré toutes ces restrictions, elles demeurent aujourd’hui majoritaires à l’Université (65% des étudiants en Iran sont des femmes) et accèdent régulièrement à des postes de haute responsabilité (députés, chefs d’entreprises…).

En juin 2009, elles étaient à nouveau des dizaines de milliers place Azadi à réclamer le départ du président Ahmadinejad dont elles estimaient l’élection frauduleuse. Aujourd’hui, les Iraniennes les plus connues au monde se nomment Neda, jeune femme abattue en pleine manifestation par un milicien bassidji, Sakineh, mère de famille condamnée à la lapidation pour adultère, Nasrin Sotoudeh, brillante avocate des droits de l’homme condamnée à onze ans de prison et vingt ans d’interdiction d’effectuer son métier, et Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003, contrainte à l’exil.

À l’occasion de la journée mondiale de la femme, de nombreux utilisateurs iraniens de Facebook ont fait circuler sur la toile un reportage en français réalisé le 8 mars 1979 à Téhéran par le « Mouvement pour la libération des femmes », et qui témoigne du chemin parcouru depuis trente ans.

Une vidéo toujours d’actualité en 2011, à l’heure où plusieurs groupes féministes iraniens, menés par la prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, ont appelé à manifester aujourd’hui en Iran pour réclamer la modification de la Constitution iranienne afin d’accorder plus de droits aux femmes.