Pour contrer l’essor d’Internet en Iran, qui permet toujours aux Iraniens de s’informer et de communiquer malgré la censure gouvernementale, les autorités iraniennes ont trouvé une solution radicale.
Après le déploiement massif de forces de l’ordre dans les rues du pays, mettant fin aux manifestations populaires, celles-ci ont décidé de se lancer désormais à l’assaut du dernier espace de liberté dans le pays.
Ainsi, le chef de la police iranienne a inauguré dimanche la première police iranienne du web. Son but? Combattre les crimes d’Internet, protéger l’intérêt national et contrer l’expansion des réseaux sociaux qui répandent « l’espionnage et les émeutes », a annoncé le brigadier chef Esmaeil Ahmadi Moghaddam, selon l’agence de presse officielle IRNA.
Principale cible de la nouvelle unité de police ainsi créée: les réseaux sociaux Facebook et Twitter, dont les manifestants iraniens ont largement usé pour communiquer, s’informer et poster des vidéos de l’intense répression policière qui a suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence du pays.
Bien sûr, l’explication du brigadier chef Esmaeil Ahmadi Moghaddam est tout autre…
« À travers ces réseaux sociaux dans notre pays, les groupes anti-révolutionnaires et dissidents se sont retrouvés, ont contacté des pays étrangers, et ont provoqué des émeutes », a ainsi affirmé le chef de la police iranienne.
Le brigadier chef a ajouté que la première unité de cette nouvelle police était désormais opérationnelle dans la capitale iranienne, et que les commissariats à travers le pays en bénéficieraient tous d’ici la fin de l’année iranienne, c’est à dire le 20 mars prochain.
Mais l’ennemi combattu par cette police de l’Internet ne devrait pas être uniquement iranien, ni même humain..
« La cyber police peut empêcher l’espionnage et le sabotage dans les outils et technologies d’information », a indiqué à l’agence de presse semi-officielle Fars le chef de la nouvelle unité, le Brigadier général Kamal Hadianfar. Difficile dès lors de ne pas penser au virus informatique Stuxnet qui s’est attaqué cet été aux installations nucléaires iraniennes, provoquant des retards dans le programme nucléaire iranien, et qui selon le New-York Times, serait d’origine israélo-américaine.
L’Iran a annoncé en mars 2010 avoir arrêté 30 individus accusés de mener une guerre électronique contre le pays soutenue par les États-Unis.
Justement, c’est en Californie, dans la Sillicon Valley, que la révolte anti-censure iranienne a été lancée quelques jours plus tôt. En effet, des mois après que les internautes iraniens aient réclamé un Internet haut débit et dénué de toute censure, le géant de l’Internet Google a enfin décidé de réagir. Mercredi matin, la firme américaine a annoncé qu’elle autorisait désormais l’accès pour les internautes iraniens à trois de ses programmes destinés à faciliter leurs communications.
Google Earth (logiciel de visualisation géographique), Picasa (logiciel de gestion d’images), ainsi que le navigateur Google Chrome ont ainsi été rendus accessibles en Iran à la suite d’une décision des autorités américaines de mettre fin à un programme de sanctions qui interdisait le téléchargement de logiciels américains en Iran.
« Nos produits sont spécifiquement conçus pour aider les gens à créer, communiquer, faire partager leurs opinions et trouver des informations », a indiqué sur le blog de Google un responsable du groupe, Neil Martin, spécialiste du respect des règles sur les exportations posées par les autorités américaines.
« Nous pensons que la disponibilité de plus de produits signifie plus de choix, plus de liberté et en fin de compte plus de pouvoir pour les individus en Iran et dans le monde », a-t-il ajouté.
Ultime pic adressé à Téhéran, le responsable a toutefois précisé qu’il « continuerait à bloquer les adresses internet (IP) associées au gouvernement iranien. En d’autres termes, tous les Iraniens auront accès aux nouveaux programmes, exceptés les responsables du régime.