Tahar Ben Jelloun et Jean Genet : une polémique importante.

Cher Albert Dichy,

Je sais que vous conviendrez avec moi que les mots ont un sens ; aussi je me permets de reprendre quelques expressions ou bribes du livre de Tahar Ben Jelloun, Jean Genet menteur sublime, sujet de notre litige, et que vous tentez, mû par le souci de l’exactitude, d’expliquer.

Je cite donc Ben Jelloun :

« … Et nous voilà embarqués, Genet et moi, dans l’écriture d’un scénario. »

« … Dialogue et adaptation de Tahar Ben Jelloun »

« … Je trouvais le titre très beau et même l’histoire intéressante, mais je ne voyais pas où Genet voulait en venir. »

« … Je pense aujourd’hui que lui-même ne savait pas avec précision ce qu’il allait raconter. »

« … Et ce fut la fin du projet La nuit venue. Il ne m’en parla plus ; moi (c’est moi qui souligne) non plus. »

Était-il, alors, indispensable de consacrer un chapitre de son livre à un projet dont on n’apprend rien ? Dont il a, au mieux, entendu parler par Genet, mais qui, depuis, figure dans toutes les biographies et chronologies de Jean Genet, car un scénario d’un écrivain est une œuvre à part entière ?

En effet, des longs mois de recherche, d’écriture, de réflexion, de voyages et de lectures permirent la rédaction d’un texte définitif (il y en a eu 4 versions) qui semble aujourd’hui une étape importante dans l’œuvre de Genet, ultime amont du Captif amoureux.

Dans la mesure du possible, car l’œuvre est inédite, l’université s’est déjà emparée de ce texte ; nous verrons ce qu’il adviendra une fois le texte publié.

En dehors des contre-vérités, c’est surtout le ton désinvolte avec lequel Ben Jelloun relate cet épisode, c’est ce ton, extrêmement choquant, qui constitue à mon avis une faute. Le furieux besoin d’exister, que vous contestez, dans l’intimité d’un grand homme, être le témoin de tout est bien le ressort de Tahar Ben Jelloun. Mais puisque que, comme vous le dites, « il vend mieux son livre que Jean Genet », alors il a peut-être raison ; voilà bien notre temps, celui des commentateurs avides. Cet incident, pour cette raison, est probablement plus important qu’il y paraît. Genet avait un mot pour ces personnages : « Laissez-les faire, me disait-il ; ils sont là pour faire le ménage. »

Très amicalement à vous.

Ghislain Uhry.

Un commentaire

  1. Albert Dichy a raison cette polemique est ridicule… C’est de Genet qu’on devrait parler même s’il me semble que oui, en effet, il n’est pas impossible que vous ayez raison.
    Mais et alors? Rien de bien grave tout ça…