L’humiliation. La déroute. L’honneur défait, bafoué, bradé. Onze, bientôt dix, soldats affolés et assourdis par des trompettes d’agonie. Un pays morose en ce piteux mardi des cendres. Qui a rendu cela possible? Par quelle cascade de dérèglements, de lâchetés, de vanités, de bêtise, s’est-on abaissé jusqu’à ce degré zéro de la vaillance?
Il y a quelque chose de fascinant, d’irrésistible – genre: la jeune fille et la mort – dans cette course à l’abîme de l’équipe de France: d’abord, une déroute sous-estimée contre l’Autriche et une main tricheuse contre l’Irlande; ensuite, ces types qui font grève en pleine compétition – une date désormais majeure dans l’histoire des luttes sociales… ; les mêmes types qui s’enferment dans un autobus avec otages (leur coach) et exigences (fallait pas virer Anelka, ah, ah…); qui mâchent leur chewing-gum pendant les hymnes ; qui écoutent en boucle des rappeurs qui miment les bastons; qui sont milliardaires, mais avec des réflexes et une culture de gagnants du Loto; qui ne savent pas qu’on dit bonjour, au revoir, merci, s’il vous plaît; qui n’ont appris à respecter ni leur père, ni leur prof, ni leur voisin, ni leur femme; et qui croient que la belle vie, c’est le fric et les putes… Ils étaient désemparés, ces dix allumés, ces dix décérébrés, à la fin du match: « c’est quoi l’embrouille? », semble dire l’un; « j’le kiffe mal, ce stade… », semble répondre l’autre… Pauvres diables. Faits comme des rats. De tout petits individus sans importance collective dont l’unique raison de vivre est de parader en 4/4 devant le Bar des Sports où ils sont venus saluer les copains restés dans la téci.
Qui sauver dans ce naufrage? En gros, ceux qui n’ont pas quitté le banc des remplaçants. Excellente coupe du monde pour Planus, Valbuena, Mandanda, Reveillère – qui n’ont presque pas joué. Carton rouge pour les voyous (Evra, mains dans les poches devant son préparateur physique…), pour Gallas (dont le mollet gauche a fait trois fois la « Une » de l’Equipe), pour « Nico », (qui avait choisi le look moine de Zurbaran à son arrivée, incognito, à Londres). Dans cette odyssée foireuse, saluons tout de même quelques bons garçons: Gourcuff, qui devra se décider enfin à cogner (pas l’adversaire, mais les potes homophobes du vestiaire); Dhabi, élégant et racé; Lloris qui, un jour, apprendra à sourire et à s’amuser…
C’est un nuage tragique qui, de Tignes à Khysna, aura tournoyé inlassablement au-dessus de cette équipe maudite. Un nuage où la nostalgie de la grandeur se mêlait aux coups de téléphone des agents et des sponsors; où une grâce défunte, déjà ancienne, s’évaporait devant une honte toute neuve. La légende, née en juillet 1998 s’est achevée en juin 2010. Quatre ans de panache. Quatre ans difficiles. Quatre ans d’infortune – et cet épilogue stupéfiant. Au début, j’avais pourtant le sentiment que tout était encore jouable. Un miracle? Mais le foot – où l’on meurt toujours à blanc – est une religion où les miracles ont leur place. Quatre vingt-dix minutes plus tard, je m’avisais qu’un aficionado gagne à être pessimiste.
A l’horizon, les nuées se précisent: pour le ministre et la secrétaire d’Etat, pour les stars d’hier, le staff technique ou le 4-3-3. Et, en France, tout va se tendre, vertigineusement, puisque l’opinion n’a pas reçu sa dose d’opium. Le peuple va se fâcher. Entendez-le déjà qui rugit dans nos campagnes. Contre n’importe quoi: les retraites, le mauvais temps, François-Marie Banier, Mme Eric Woerth, les embouteillages, les inondations. Sarkozy le sait. Maintenant, pour lui, ça va être dur de se qualifier. Il y a encore, par chance, l’Argentine et le Brésil. Tango et samba. Musique…
Je viens moi-même d’une cité, on appelait ça une ville-dortoir dans ces années 70 où j’y ai grandi. Jamais je n’eus à aucun instant le sentiment d’être privé de l’expérience d’une vie sociale à la française. La téci n’est rien que l’image de la cité de Socrate, fixée par elle-même dans le miroir mental, comme un fauve prêt à se bondir dessus, se tenant lui-même en respect. Une ville est une ville. Une population immigrée n’est qu’une population d’autochtones déplacée, charriant avec elle toute la hiérarchie sociétale de ses terres d’origine. Aussi, vous aurez autant de chance de débusquer un prince, un général ou un érudit dans les faubourgs que de vous faire égorger au détour de la rue de Lappe par un mauvais fils de la rue de la Pompe. La réduction ontologique faite par les poèt’! poèt’! d’un rap embouteillé, défigure la vraie nature du pouvoir des cités qu’elle cherche à renverser. Avec la connivence de la Haute Cour, c’est la loi de la basse-cour qui muselle les élites des cités. Une junglette ayant autant à perdre que son double en col blanc, à laisser la devancer l’assemblée des sages qui se tient là, juste au coin de sa rue.
Comment s’étonner de ce que du néant, il ne résulte pas même un commencement d’émergence de la matière?
Une bande de sous-doués vils au départ de ROISSY CDG s’en revient identique à elle-même à l’issue de toute villégiature_ extra-européenne en l’occurrence.
L’histoire était écrite…
Merci d’oser prendre position. Je ne suis pas forcément d’accord avec vous mais il me semble vital d’affirmer haut et fort que lorsqu’il y a de si grands problèmes relationnels et de communication dans une équipe, cela ne peut engendrer rien de bon.
Ce qui est le plus regrettable dans tout ça, c’est que les jeunes des « téci » avaient dans l’équipe de 98 un exemple digne. Une image positive de cette France Bleu-Blanc-Beurre.
Désormais, ils n’ont qu’un reflet triste…
Espérons juste que le Front National ne s’emparera du débat…
comme ça a l’air de vous faire plaisir de participer à cette curée où vous pouvez enfin frapper impunément sur les fils des cités; c’est bien ça que vous cherchez au fond, non? Les « abrutis » qui n’ont pas eu cette fois leur dose d’opium (sic!!!!), vous ne leur opposez que votre leçon de morale à politesse ostentatoire (oh le vilain qui a gardé les mains dans les poches! c’est pô bien,) et c’est le PHILOSOPHE qui s’exprime!!! mayday! mais vous ne comprenez décidément rien à vos concitoyens! c’est lamentable de la part d’une élite telle que vous d’aboyer aussi stérilement, j’ai pitié de vous, tiens, et sûrement pas d’une équipe de sportifs qui ne représente pas grand chose,
quant à votre chute, elle est remarquable: c’est n’importe quoi les retraites??? C’est n’importe quoi les affaires mille fois plus honteuse d’un gouvernement d’incapables???????????MAIS DANS QUEL PAYS VIVEZ-VOUS MONSIEUR ENTHOVEN?