Raphaël HADDAD :Vous avez organisé un concert mercredi 27 mai en Géorgie en soutien des déplacés Géorgiens. Des artistes très connus comme Youssou N’dour, Jane Birkin ou encore MC Solaar y ont participé. Pourquoi l’UEJF et SOS Racisme se mobilisent pour une population qui semble en apparence si éloignée des réalités françaises ?

Arielle SCHWAB : Ce qui s’est passé en Georgie depuis 1992 et a conduit à ce qu’il y ait aujourd’hui 400 000 personnes déplacées, n’est ni plus ni moins qu’un nettoyage ethnique. Et j’ajouterai : sans doute le nettoyage ethnique le plus silencieux des 20 dernières années. Il s’est produit aux portes de l’Europe. Il nous appartenait de faire connaître cette terrible réalité, et d’apporter notre soutien aux déplacés.

Dominique SOPO : Les réfugiés géorgiens se tournent vers nous au nom de valeurs partagées. Nous aspirons aux mêmes idéaux de liberté et de respect des droits de l’homme. La Georgie est un pays qui illustre tragiquement bien la manière dont le pouvoir russe peut manipuler l’ethnicité à des fins politiques, et plus précisément pour répondre à son ambition impérialiste.

Raphaël HADDAD : Comment s’est passé le concert ?

Dominique SOPO : Il y avait 70 000 personnes au concert ! Cette mobilisation était incroyable. Évidemment s’y trouvaient des déplacés de la région, mais aussi des gens venus de tous le pays pour cet événement. Nous avons été accueillis très chaleureusement par les Géorgiens. Ce concert était finalement une initiative très improbable pour ces dizaines de milliers de réfugiés qui n’ont que très peu de contact avec l’extérieur. Notre message de solidarité a été très bien perçu par les déplacés.

Arielle SCHWAB : Ce concert était un grand moment. Nous étions heureux d’être là pour témoigner de notre solidarité avec toutes ces personnes. Si nous avons choisi la ville de Zugdidi, c’est parce que c’est l’une de celles qui compte le plus de réfugiés, environ 50 000 personnes soit 1/3 de la population. Il y avait une ambiance bon enfant, mais à une échelle gigantesque ! Les artistes ont chanté en français et en géorgien et le mélange des genres musicaux faisait que chacun se sentait à l’aise. Les artistes étaient très conscients du message et fiers de s’y associer. En somme, ce concert était une initiative militante et populaire.

Raphaël HADDAD : Ce concert a-t-il eu l’impact que vous escomptiez ?

Arielle SCHWAB : Rapporté au silence qui régnait précédemment au sujet de ce nettoyage ethnique, notre impact est très important. Et l’impact sur la centaine de militants présents de nos deux associations est considérable. Ils sont autant de relais de la cause des réfugiés géorgiens. Nous réfléchissons enfin à la manière dont nous pouvons utiliser en France les enregistrements de cette initiative mémorable

Dominique SOPO : 70 000 des 400 000 réfugiés que compte le pays étaient présents ; cela signifie que l’impact en Géorgie a été considérable. Et que le message de solidarité  que nous sommes venus porter est très bien passé. C’était un des objectifs de ce voyage. Quant à la sensibilisation des Français à cette cause, il y a eu une couverture médiatique honorable. Il nous faut maintenant réfléchir à ce que nous pouvons faire sur du long terme.

[La RDJ lancera prochainement le blog de Raphaël Haddad: « Blogue à part »]

3 Commentaires

  1. Sinon, monsieur Haddad, vous allez donc « lancer un blog »?
    Je vous lirai. Blogue a par:) Ca promet! Me souviens de vous en clown face d’Amhadinejad!!!!!!!!!
    Faillait avoir des couilles pour le faire!!!

  2. J’apprécie tout particulièrement les prises de position de Dominique Sopo.
    C’est toutjour une bonne chose que de lui donner la parole – toujours.

  3. Belle initiative!
    Il ne faut, en effet, empêcher que cela soit oublié.