Message de Jafar Panahi de la prison d’Evin

Mes chers amis, veuillez accepter mes chaleureuses salutations depuis la cellule étroite et sombre de la prison d’Evin.C’est à l’occasion de la visite des membres de ma famille, que j’ai été informé de vos précieux efforts lors de la première journée d’inauguration du 63ème festival mondial de Cannes.C’est depuis cette prison, que je salue votre honneur et votre humanité.

Je remercie tout particulièrement M. Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture, M. Bernard Kouchner, Ministre des Affaires étrangères et M. Gilles Jacob pour tous les efforts qu’ils fournissent en vue de ma libération.

Votre voix est à l’unisson avec celles de ma femme, de mes enfants et de tous mes compatriotes qui me parviennent de l’extérieur des murs de la prison et qui œuvrent pour ma liberté.

Mais n’oublions pas qu’ici des milliers de prisonniers sans défense n’ont pas même une seule personne pour relayer leur détresse. Ils n’ont, tout comme moi, commis le moindre crime. Et mon sang n’est pas plus important que le leur.

Je peux vous assurer que je ne signerai aucune confession forcée malgré les menaces. Je suis innocent. Je n’ai réalisé aucun film contre le Régime iranien.

C’est avec amour que je vis ces instants, en pensant à tous mes amis membres du Jury, les réalisateurs et tous les participants au festival de Cannes qui aperçoivent mon nom sur un siège vide.

Avec l’espoir d’un meilleur lendemain.

Jafar Panahi, Iran, quartier 209 de la prison d’Evin.

https://www.youtube.com/watch?v=1N9D7cLLPP0

Voici la vidéo de la lecture de la lettre du réalisateur iranien emprisonné Jafar Panahi, que M. le Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, Abbas Bakhtiari, directeur du Centre Culturel Pouya à Paris, et Armin Arefi, rédacteur en chef du blog Nouvelles de l’Iran libre, ont prononcé en haut des marches du Festival de Cannes hier soir.

 

 

 

4 Commentaires

  1. Lorsque Jafar clame son innocence de n’avoir réalisé aucun film contre le Régime iranien, on peut prendre la mesure de l’étroitesse de l’étau totalitaire dans lequel sa tête veut tout de même émettre un immense gémissement. Car là où un Clouzot conduit devant le tribunal d’épuration aurait pu sauver son âme à défaut de sa tête par un  » Je suis coupable. Je n’ai réalisé aucun film contre le Régime de Vichy « , un Clouzot uchronique, martyr de la Révolution nationale, aurait pu prononcer sa plaidoirie finale devant le Tribunal céleste à quelques secondes de son exécution :  » Je suis innocent. J’ai réalisé un film contre le Régime des Assassins.  » Alors, que tout maintenant soit mis en œuvre pour sauver Panahi, et que la liberté lui soit rendue, enfin, d’être coupable!

  2. quand les scandales de moeurs de BHL et moix eclaterons au grand jour dans la presse ca fera beaucoup plus de bruit, parions-le !

  3. @ A la Règle du jeu. Quand on prend un nom aussi pompeux pour un site, on essaie d’en développer le sens et d’en afficher les règles. Il me semble ainsi tout à fait judicieux de donner la parole aux opposants iraniens emprisonnés, mais alors pourquoi n’aurions-nous pas également droit aux lettres d’opposants palestiniens emprisonnés par Israël, par exemple M. Barghouty ? Serait-ce que les prisons israéliennes sont imperméables, que les détenus sont sujets au secret absolu ou cela n’intéresse-t-il tout simplement pas BHL et son équipe ? Deux poids deux mesures font des règles biscornues ou mieux unilatérales.

    • quelle naiveté ! la rédaction de la RDJ , BHL et Moix sont hors de tout soupçons…. Pourquoi ne pas evoquer l’audience du 14 septembre 2010 ? moix risque t’il une peine de prison ferme ?