La fin de Kadhafi est un grand jour pour le peuple libyen et tous ses amis dans le monde. Elle sonne la fin d’un calvaire long de 42 ans, suivis de six mois d’une guerre de libération terriblement coûteuse en drames et en vies humaines. La nuit libyenne est finie.

Les libérateurs de Benghazi, les défenseurs de Misrata, les rebelles du Djebel Nafoussa, les vainqueurs de Tripoli et de Syrte, peuvent enfin déposer les armes et reconstruire leur pays pillé et dévasté par le tyran déchu et sa clique.

Je suis de ceux qui, naturellement, auraient préféré voir cet homme répondre de ses crimes devant la cour pénale internationale. J’aurais souhaité, comme l’immense majorité des Libyens, que lumière soit faite sur tous les disparus, les torturés, les pendus, les fusillés en masse, de ces décennies de cauchemar. Mais cet homme, qui a rejeté toutes les offres de reddition que lui offraient le Conseil National de Transition non moins que la communauté internationale, a choisi son destin.

Il appartient maintenant aux Libyens eux-mêmes de déterminer souverainement leur avenir démocratique. Ils ont mené un combat le plus souvent exemplaire. Puissent-ils être fidèles à l’esprit qui les a portés tout au long de cette insurrection de la liberté.

12 Commentaires

  1. On peut se rejouir de la disparition du Tyran…meme si le lynchage subi devant les cameras nous donne un avant- gout de ce qui attend désormais ce pays. Peut on vraiment croire à une liberte retrouvée et un debut de democratie?

    N’est-ce pas bien naif de penser que ce printemps arabe en general ménera vers un nouveau monde arabe libre et démocratique? les dictateurs tombent pour etre remplacés par les islamistes.

    La Tunisie a deja choisi des islamistes et la Lybie décrete la Charia…que se passera-t il en Egypte?

    Nous ne sommes pas au bout de nos surprises et deceptions il me semble

  2. Bonjour,

    Je voulais savoir comment vous vous sentiez maintenant que la charia va être appliqué et que la polygamie fait son retour en force en Lybie…???? Je suis dégoutée et je me sens trahie au titre de femme… et de citoyenne française…

  3. Pour vous, « la nuit libyenne est finie ». Mais n’est-ce pas le début d’une autre nuit?
    Le cadavre de Khadafi à peine refroidi, Abdeljalil, du CNT, annonce que désormais c’est la charia qui sera la seule source de la loi. Pour illustrer son propos, et je pense que ce n’est pas un hasard, il commence par remettre en cause l’interdiction de la polygamie et le droit au divorce, inscrits dans la loi libyenne sous Khadafi.
    Illustrer ainsi la charia, dans le premier discours adressé au peuple, est très symptomatique. Je pense, M. Henri-Lévy, que nous assistons au début d’une longue nuit pour toutes les petites filles et pour toutes les femmes lybiennes…

  4. « Kadhafi a choisi son destin »…ou plutôt vous avez choisi pour lui, puisque à l’origine du soutien français à la rébellion vous avez votre part dans sa mort, mécaniquement si je puis dire. A tort ou a raison, Dieu vous le dira si vous méritez d’être soulagé ou bien il vous laissera pour toujours dans le doute.

  5. L’Amnesty International annonce que le nombre de victimes en Libye avant le mois de mars
    ne depasse pas 300. La guerre que BHL a appelle et a soutenu a fait 50 000 morts selon le CNT.
    drole de devoir de proteger les civils. et finalement, ce lynchage sans proces, donc sans justice.

    alors une question pour BHL : qu’est ce que ca fait d’etre un criminel de guerre ?

  6. Nous rêvons tous d’avoir ne serait-ce qu’une chance, un jour, de devenir inhumains. Mais il n’est qu’un seul Roi des rois d’Afrique, Roi des affreux, des aphrodites. Biens enfoncés dans une chaise d’enfant posée en équilibre sur le plus haut rocher de la crête de l’Everest, le coup de pied d’un vent qui n’est même pas vivant nous rappellera que nous ne sommes les rois que d’une seule dimension qu’il nous faut partager avec les lions et les rats. Des rois de chair. Des rois de sang.

  7. Fidèle à l’esprit qui les a porté ? Si la capture de Khadafi marque les débuts de la Libye démocratique, alors son lynchage aux cris de Allah Akbar (car voici donc la fondation de la nouvelle Libye, son premier acte politique) promet quand à la dé- Khadafisation du pays…
    Et là vous risquez d’être un petit peu embêté. C’est dommage parce que jusque là vous aviez plutôt eu du flair. J’espère me tromper, bien entendu.

  8. Encore une fois un peuple fait triompher son aspiration à la démocratie et à la liberté. Bien sûr, notre idéalisme français et occidental, aurait voulu que ce dictateur soit jugé par la cour internationale de justice et non pas lynché. Mais, alors faut -il aussi s’interroger, qu’aurions nous fait à la place du peuple libyen, comment aurions nous réagit après 40 ans de dictature, de souffrance et de violence avec des proches torturés à mort, des femmes et des enfants massacrés sans raison. Comme le dit Robert Badinter en éviquant la foule qui hurlait »à mort Bontemps », il existe en chacun de nous une pulsion de mort et de bas instincts qui dans un tel contexte peuvent conduire à de tels actes. L’histoire sera hélas frustrée et restera sur sa faim sans réposes à de nombreuses questions auxquelles un procès aurait peut être pu répondre. Enfin bravo et merci à Bernard Henri Levy dont l’action bénéfique en faveur du CNT et du peuple libyen mérite d’être souligné. Certes ses détracteurs permanents et chroniques ses ennemis obséssionnels qui ne trouvent jamais rien de positif en lui vont pouvoir se livrer à leur curée habituelle, qui au fil du temps devient ridicule et n’intéresse que de moins en moins de gens. La haine de l’intellectuel, l’antisémitisme rampant, la suspicion systématique vis à vis des fortunés , une suspicion justifiée il est vrai dans un certain nombre de cas, et une hostilité au personnage médiatique expliquent sans doute ces propos violents et ces procès de type staliniens. Il me semble prioritaire de lire ses livres avant de se forger une opinion définitive.

  9. Pensez-vous que ce peuple là pourra reconstruire? Je veux y croire, mais les images de la mort de Khadafi me choquent: tant de colère et de haine et de joie mêlées dans je ne sais quel obscur et effrayant sentiment! Bien sûr, tout cela est compréhensible. Evidemment. Mais j’ai peur qu’il n’y ait encore trop de haine dans les coeurs. Au lieu de reconstruire, j’ai peur qu’ils ne continuent à régler des comptes (les fils, les biens, les avoirs, etc…)
    Que l’on se comprenne, je ne suis pas rabat-joie. j’ai foi dans le CNT. Je veux avoir foi dans le CNT. Mais je pense qu’il y a une véritable réflexion de fond à mener sur l’éthique des révolutionnaires. La colère et/ou la joie ne justifient pas cela, une telle sauvagerie. Ce n’est pas humain, tout simplement. Et cela fait peur. La barbarie ici, cher BHL, avait, pour le coup, visage (in)humain.
    Je le répète, je comprends ce soulagement des coeurs, et me réjouis de la mort pure et simple de Khadafi (qui au fond arrange beaucoup de monde, l’Europe en tête sans doute) mais ses conséquences sont moralement indéfendables. La lutte pour la liberté n’est pas une sauvagerie, non plus que la « justice » une vengeance. Les images de Khadafi molesté, ensanglanté, sont insoutenables. Je n’aime pas comparer, mais il y avait quelque chose d’aussi répugnant que ce sentiment qui m’envahit devant Saddam pendu, DSK menotté (je l’admets, je compare l’incomparable, mais le sentiment était sensiblement le même, comprenez-le), Samuel Doe essorillé, etc…

    Il faut aussi réfléchir sur ce point précis, BHL.

    Je partage votre titre, mais selon une logique tout à fait différente: Khadafi a choisi son destin: il voulait être martyr. La plus superbe insulte qu’on pouvait lui faire était de la garder vivant. Mais non; on lui a donné ce qu’il voulait d’une certaine manière: une mort en martyr, au sens littéral du mot. Et l’on y a rajouté de l’inhumanité.

    La nuit s’achève, comme vous dites. Espérons que le jour se lève, et non d’une aube rouge de haine.

  10. Depuis la chute de Saddam Hussein, on trouve l’Europe et l’Otan complices, et parfois même, à l’origine d’une politique de limogeage – dans le meilleur des cas -, et d’assassinats de chefs d’Etat ainsi que de leur entourage et de leur famille, femmes et enfants, sans distinction…

    Chefs d’Etat qui, n’en déplaise à la désinformation, étaient et sont pourtant loin de faire l’unanimité contre eux dans leur pays respectif, pour ne rien dire de leur popularité à l’extérieur.

    Et même si cette politique n’est pas nouvelle, et si les précédents sont nombreux – il suffit de penser aux Etats-Unis et à l’Amérique latine dans les années 60 et 70, la France dans sa relation avec l’Afrique noire, Israël depuis 1967 et le Moyen-orient…

    Espérons que leurs fantômes à tous ne viendront pas hanter notre territoire à l’occasion d’une visite de courtoisie musclée et pétaradante dans le but de nous rappeler au bon souvenir d’une politique qui fut celle de nos dirigeants et de quelques intellectuels accablés par le désoeuvrement et l’ennui.