Signataire de la pétition de SOS Racisme, Bernard-Henri Lévy, appelle Nicolas Sarkozy à «faire machine arrière» sur le débat sur l’identité nationale, qui, estime-t-il, «ne fait que le distendre le lien communautaire».

Les signataires de la pétition écrivent que le débat sur l’identité nationale est «facteur de haine et de désunion». Pourquoi cette accusation?

Bernard-Henri Lévy : Ce sont les observations qui remontent de tous ceux qui ont assisté à ces réunions. Unanimement, ou presque, ils disent à SOS Racisme que ces débats se passent mal, tournent mal. On nous annonçait un débat serein. Et la réalité c’est une parole qui, en démocratie, devrait être stigmatisée et qui se trouve soudain libérée.

La vérité c’est, aussi, qu’il y a là l’effet d’un climat général. Lorsqu’un ministre de l’Intérieur [Brice Hortefeux, ndlr] se permet une blague raciste sur le campus d’été de l’UMP et que seuls une poignée de gens réagissent, lorsqu’une campagne présidentielle s’appuie sur une stratégie explicite de récupération des voix et d’une partie des thèmes du Front national, lorsque ces thèmes sont banalisés, alors il ne faut plus s’étonner que les choses tournent comme elles sont en train de tourner. Ce climat est de plus en plus propice à ce que SOS Racisme dénonce dans sa pétition.

Pourquoi vouloir arrêter le débat à ce moment précis et non pas dès son lancement?

Pour ce qui me concerne, j’ai toujours pensé que ce débat était absurde, complètement idiot. Mais je ne voulais pas crier au loup. Je me disais qu’il fallait peut-être attendre et que c’est peut-être moi qui avais une vision trop alarmiste. Aujourd’hui, hélas, mes inquiétudes sont confirmées. Et on est en train de payer la facture de cette folie qui a consisté à créer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. Ce qui se passe actuellement est le résultat logique de la mise en place de ce ministère, de son intitulé et de certaines des mesures qu’il a prises.

Voilà pourquoi nous lançons cet appel au président de la République. Il est le seul à pouvoir arrêter cette mascarade. Il a suffisamment d’honnêteté politique et de pragmatisme pour dire «stop» quand il faut dire «stop». Quand il apparaît qu’un débat supposé resserrer le lien communautaire ne fait que le distendre, il appartient au Président de la République de faire machine arrière.

Ne faut-il pas parler d’identité nationale?

On parle de ce qu’on veut. Mais dire que les gens ont, dans ce pays, un problème avec l’identité française est une escroquerie. Ils savent ce que c’est qu’être français. Ils le savent bien assez. Le savoir davantage tiendrait plus de l’asservissement que de la libération. Vous savez, les identités collectives doivent être légères et non pas étouffantes. Elles ne doivent pas enfermer le sujet dans un carcan irrespirable mais l’aider, au contraire, à respirer.

Peut-être qu’à certaines époques, la question s’est posée. De nos jours, pas. Ou alors, c’est qu’on monte en épingle des incidents isolés, des phénomènes marginaux. Seuls Mme Morano et M. Besson ressentent une crispation; je ne crois pas qu’elle existe dans l’immense majorité du corps collectif français. Et puis, enfin, ce débat est en train d’occulter la question cruciale: celle de l’identité européenne.

La pétition «arrêtez ce débat» est à signer en ligne ici.

5 Commentaires

  1. Vous voulez stigmatiser des paroles indignes aprés tout vous en avez bien le droit , mais alors allez au bout et stigmatisez ceux de vos amis qui affirment que la France serait un pays totalitaire simplement parce qu’on y parle d’identité nationnale .

  2. Pour stigmatiser  » une parole  » Monsieur Levy il faut commencer par l’entendre . Quelle qu’elle soit . Il ne faut pas faire le contraire .

  3. Je pense qu’il n’est sain pour personne de fermer un oeil et de faire comme si tout allait bien parce qu’on n’entend pas certaines choses . Meme si on fait tout pour nier son éxistence l’exaspération existe bel et bien dans notre pays . Ce n’est pas en faisant l’autruche que les problèmes se règleront . Moins les gens s’expriment plus leur ressentiment grandit . C’est en écoutant tout le monde et en discutant avec tous que l’on arrivera à assainir les choses . De quoi avons-nous peur ?

  4. A propos de la blague de Brice Hortefeux, ce qui est révoltant c’est qu’elle a mis en avant le parti-pris flagrant des lobbys anti-racistes. Le plus bel exemple est celui de la Licra, qui après avoir rencontré Hortefeux, nous dit non sans émotion que cette affaire est insensée et que l’on parlait bien d’auvergnat, Patrick Gaubert reprenant mot pour mot ce mensonge flagrant. Robert Serero le secrétaire général de la Licra renchérit en donnant son « interprétation personnelle »: le « quand y en a un ça va c’est quand y en a plusieurs qu’il y a des problèmes » porte cette fois-ci sur les photographes. Bref, ces lobbys nous prouvent une fois de plus qu’ils sont les maîtres pour décider de qui est vilain et qui ne l’est pas, interprétant selon leur gré les dérives ou non-dérives de nos concitoyens. Jugez plutôt:

    http://www.youtube.com/watch?v=2AOA58Q3iLI

    Sur l’identité nationale, la conclusion de l’interview est que c’est haineux de parler de l’identité nationale française mais qu’il est par contre crucial de parler de l’identité européenne. BHL pourrait-il développer?

    Je conseille par ailleurs le très bon livre d’Anne-Marie Thiesse « La création des identités nationales ».

  5. http://www.dailymotion.com/video/xbcouo_lesaventuresdeburkaorange_news

    +
    mercredi, novembre 04, 2009
    contribution apportée au débat sur la citoyenneté européenne ouvert par le gouvernement
    « la citoyenneté française est le résultat d’un histoire, d’un territoire et d’une langue et donc, nous en étions restés à ce que la France était la nation éclairée qui avait œuvrée pour la mise en œuvre de la construction européenne et donc maintenant nous sommes d’abord des citoyens européens ou en voie de le devenir .

    Par ailleurs, il en va de la citoyenneté comme de la sexualité, les problèmes viennent surtout de méconnaissances et/ou de mauvaises approches ou croyances, ainsi si les administrations gérant les institutions républicaines ont à se préoccuper de la citoyenneté ce seraient sans doute seulement dans le souci de l’information et de la sensibilisation à la « citoyenneté » : qu’est ce que la citoyenneté ? Pourquoi les français ont choisi entre 1789 et 1792 de ne plus être les sujets d’un roi et de devenir des citoyens et des citoyennes ? Qu’est-ce qu’un état de droit ? Pourquoi les révolutionnaires qui ont eu peur des pouvoirs qu’ils avaient accordé soudainement à leurs frères et soeurs citoyens qui n’avaient connu que le joug et la misère ont dérapé en essayant de créer une religion d’état de l’ « être suprême » ? Pourquoi la démocratie est-elle d’abord un horizon politique et un travail d’équilibre de chaque jour ? Pourquoi la conscience d’être un citoyen(ne) favorise-t’elle le bon fonctionnement des démocraties ? Pourquoi les états non démocratiques favorisent-ils des états passifs ou pseudo-actifs pour leurs populations ? Quelle est la différence essentielle entre le fonctionnement des administrations gérant les institutions républicaines dans une démocratie et dans une non démocratie ? Qu’est-ce qu’une oligarchie ? Pourquoi une oligarchie n’est pas une démocratie ? Pourquoi une oligarchie a-t’elle besoin de la constitution d’un « sous-peuple » abruti et ayant renoncé à leur citoyenneté pour fonctionner ? Pourquoi l’horizon politique de la démocratie nécessite des citoyens éduqués et éveillés (et libre à eux ensuite de choisir la voie de l’abruti ou de se retirer )? Pourquoi la citoyenneté est-elle d’abord une école de vie collective ? Pourquoi le fait démocratique c’est-à-dire la dispersion des pouvoirs au profit des citoyens(nes) selon les règles du droit ferait peur et à qui [à quel type d’ordre] ?

    Et en ce qui concerne l’ « identité », à chacun de construire, bricoler, inventer, transformer, s’amuser, négocier, etc.. , ce n’est certes pas le rôle des institutions républicaines de s’en préoccuper. Dissolvez donc cet horrible ministère dont l’intitulé nous fait honte, intitulé digne d’un pays totalitaire.

    sur http://blogs.myspace.com/manuelle.yerly