L’offensive des fondamentalistes musulmans se poursuit à grande échelle sur les estrades et podiums, en mode festif ou sous forme de débats politiques. En septembre dernier ce fut le fameux «Salon musulman du Val d’Oise», dont nous n’avions malheureusement été qu’une poignée à dénoncer publiquement la tenue (voir ici par exemple), qui offrait une tribune à des imams connus pour leurs prêches d’un rare obscurantisme et d’une misogynie assumée.

Trois mois à peine après les attentats islamistes de novembre aura lieu, ce 7 février à Lille, la 9ème Rencontre annuelle des musulmans du Nord, organisée par la section locale de l’Union des organisations islamiques de France, cette UOIF – très proche des Frères musulmans – à laquelle Nicolas Sarkozy eut en son temps la très malencontreuse idée d’offrir une reconnaissance officielle. Les protestations n’ont pas manqué, dont, parmi les toutes premières, celle de Laurence Marchand-Taillade, présidente de l’Observatoire de la laïcité du Val d’Oise. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a alors fait savoir que ses services exerceraient une «totale vigilance» sur cet événement. Pour bien se faire comprendre, il a publié un communiqué parfaitement explicite : «Tout propos tombant sous le coup de la loi donnera lieu à des poursuites immédiates et fera l’objet des sanctions appropriées. Chacun doit se tenir au strict respect des principes de droit et des principes républicains. L’Etat y veillera.» Les organisateurs ne se le sont pas fait répéter deux fois et ont aussi sec déprogrammé trois orateurs, un Saoudien, un Marocain et un Syrien. Le public islamiste aura cependant le plaisir d’écouter le mielleux Tariq «Je Ne Suis Pas Charlie» Ramadan ainsi que l’islamiste radical Nabil Ennasri, proche aussi bien du Qatar que de l’extrémiste de droite Farida Belghoul qu’il aida dans sa sinistre campagne homophobe et sexiste «Journées de retrait de l’école». La caution «modérée» sera apportée par Ghaleb Bencheikh.

Le 6 février, à la veille de la Rencontre nordiste, l’UOIF organisera son colloque annuel, consacré à une question formulée en termes délicatement angéliques : «Crises : quelles alternatives face aux peurs ?», avec pour sous-titre «Cultures, Identité, Laïcité». On s’y interrogera sur les «types de mobilisation collective» susceptibles de «contrer le vent de l’islamophobie». Jean Bauberot, peu connu pour son ferme engagement contre l’islamisme, interviendra sans surprise sur «la laïcité à géométrie variable», tandis que Raphaël Liogier, particulièrement apprécié dans les milieux de l’islam identitaire, posera logiquement une question qui lui est chère : «Identités bafouées et extrémismes ?» Si aucun  prédicateur sulfureux n’est convié à cette grand-messe de l’islamisme en costume-cravate, l’UOIF n’a pas manqué d’inviter l’inévitable Tariq Ramadan. Tout cela afin de promouvoir bien évidemment un meilleur «vivre-ensemble» – qui en douterait ?

Cet activisme de la «frérosphère», c’est-à-dire des milieux liés, officiellement ou non, aux Frères musulmans, vise à rendre présentable non pas l’islam mais bel et bien l’islamisme, lequel, est-ce besoin de le rappeler une fois de plus, n’est pas une religion mais un projet politico-religieux totalitaire. Il s’agit d’une idéologie selon laquelle l’islam doit devenir la référence exclusive de toute l’organisation politique, sociale, civile et morale de la société. L’islamisme récuse ainsi le principe même de la démocratie, et tout autant la notion de droits de l’homme puisqu’il considère que les rapports entre humains doivent être uniquement régis par la charia, à savoir la loi selon Dieu. Ses applications sont diversifiées mais prennent la forme d’une cruauté inouïe lorsque les fous d’Allah règnent sans partage sur une région ou un pays.

Pour qui douterait du caractère éminemment politique de cette conception dévoyée de la religion musulmane, une inquiétante preuve en est fournie par la «Muslim Expo» qui attend plusieurs milliers de visiteurs les 6 et 7 février en la bonne ville belge de Charleroi. Sous sa façade bon enfant, cette manifestation, officiellement dédiée à la fraternité et au vivre-ensemble¹, doit accueillir une large palette de figures de l’islam radical (voir l’article très renseigné sur le site du journal belge LeVif.be). Mais la couleur politique de ce grand rassemblement se révèle à travers un invité particulièrement inquiétant : le conspirationniste Michel Collon. Encore parfois présenté à tort comme un militant d’extrême gauche, ce citoyen belge est l’un des pires fleurons des réseaux bruns-rouges. Acharné comme ses amis à déligitimer la démocratie, voyant la main de «l’impérialisme américain», des services secrets occidentaux et, surtout, des «sionistes» derrière tous les assauts terroristes, ce sinistre petit bonhomme a été promu comme «journaliste» et «expert» par des émissions de télévision grand public, en particulier «Ce soir ou jamais». Et c’est à ce spécialiste de la désinformation complotiste que la «Muslim Expo» offre fièrement une tribune ! Parmi les autres invités vedettes de l’événement : Nabil Ennasri, cité plus haut, et, une fois de plus, l’incontournable Tariq Ramadan. Ce dernier et Michel Collon sont faits pour s’entendre puisque le chéri de ces dames voilées avait publiquement mis en doute le caractère terroriste islamiste de l’attentat contre le Musée juif de Bruxelles, usant à cette occasion de la formule standard des conspirationnistes : «Faut arrêter de nous prendre pour des cons».

On peut comprendre les nombreuses voix qui s’élèvent pour exiger l’interdiction de ces raouts islamistes. Mais, démocratie oblige – et heureusement ! – une telle mesure ne peut être prise que s’il est assuré qu’un délit (comme par exemple l’appel à la haine ou à la discrimination) y sera commis. Les islamistes sont suffisamment avertis des risques encourus pour éviter de franchir la ligne rouge. Combattre l’idéologie promue par ces agents de l’intégrisme, du sexisme et de l’obscurantisme nécessite donc bien plutôt une inlassable mobilisation à tous les niveaux, depuis les associations jusqu’aux sommets de l’Etat, en passant par les partis politiques, les personnalités intellectuelles ou artistiques ainsi que les diverses autorités religieuses. Une mobilisation pour laquelle on ne peut hélas pas compter, en France, sur l’Observatoire de la laïcité, du moins tant qu’il aura à sa tête les mêmes dirigeants, compromis avec au moins l’un des personnages invités à parader aux tribunes offertes par ces fiestas de l’islam radical.


1. Pour avoir une idée de l’édition 2015 de la «Muslim Expo», on peut regarder la vidéo officielle de l’événement. On y voit, outre un affichage répété de soutien à la Palestine, des petites filles défilant en rang vêtues d’un uniforme : longue abaya verte et voile blanc, des orateurs ayant tout de l’allure salafiste, des cohortes de femmes voilées, souvent en noir de la tête aux pieds…

9 Commentaires

  1. Conspirationnisme !

    C’est le mot à la mode pour qualifier tous ceux qui ne sont pas soumis à la pensée unique et qui se posent quelques questions sur la marche du monde !

    Michel Colon est un journaliste (un vrai) courageux qui propose des analyses un peu plus pertinente que l’éternel scénario relayé par nos médias à savoir le camp du bien :Otan, Usa, Europe et alliés, qui s’évertue à apporter le bonheur aux peuples contre le camp du mal,Iran, Russie, Chine, Equateur, Cuba . . .) qui eux bien sur ne font que le contraire.

    Michel Colon est rouge et c’est tout à son honneur.

    Michel Colon est-il Brun comme affirmé dans ce texte ?

    Pour lire régulièrement ses articles j’affirme le contraire te pense que c’est de la diffamtion

    Je défie Bernard SCHALSCHA de produire sur ce site un document ou une parole de Michel Colon soutenant des thèses fascistes (c’est plutôt un antifasciste virulent).

    Cordialement

    Frédéric

  2. Quand Ramadan affirme n’être pas Charlie, c’est moins par refus de partager le martyre des victimes du Jihâd que par solidarité pure et dure avec les djihadistes. Comme Zohra Drif, Frère Tariq identifie les civils exécutés par les unités à tête de mort sunnites comme autant de dégâts collatéraux d’une guerre juste dont le combat altermondialiste contre les crimes de lèse-majesté constitutionnalisés par l’empire néocolonial des Infidèles serait le fer de lance. Les 17 morts de janvier 2015 — enfin, peut-être pas l’intégralité du 7, quant à l’intégrité du 9, là, faut pas charrier! — ou les 130 du 13 novembre auront, dans son esprit, eu pour insigne distinction la chance de partager le sacrifice ultime de leurs bourreaux. Tous leurs péchés, effacés d’un trait! Leur exécution aura coïncidé avec celle d’un divin plan de salvation universelle très tôt subodoré par l’auteur du Qui a tué Daniel Pearl?. Ayant été, en quelque sorte, sélectionnés pour embrasser, sous la souffrance, la cause des Assassins, j’allais dire leur nature. L’attentat-suicide comme expression ultime de la conversion forcée. En l’État, nous, le peuple inféodé aux dénoyauteurs du système féodal, commettrions une erreur majeure en accordant la nationalité française à l’une des figures tutélaires de ces méta-impérialistes qui nous déphasent presque davantage à présent que nous cherchons par n’importe quel moyen à les évacuer qu’à l’instant même où on leur met en tête de nous éradiquer. J’en profite pour évoquer un principe talmudique lié aux brûlantes questions de politique étrangère. Les sages d’Israël rappelaient qu’un homicide était passible d’une sanction plus sévère lorsqu’il était perpétré par un Ben Israël à l’encontre d’un étranger que s’il concernait deux membres de la communauté nationale. À leurs lumières, nous devrions nous inquiéter du message que la France adresserait à ses voisins proches ou lointains s’il lui fallait attendre que l’un de ses ressortissants vide son chargeur sur des compatriotes pour mériter de sa part la plus lourde des peines.

  3. L’islamisme est un poison. L’islam modéré doit se faire entendre face à ces imposteurs, Tariq Ramadan et les autres.

  4. Malheureusement, ou heureusement, la liberté d’expression consiste en laisser M. Ramadan s’exprimer. Par ailleurs, il est essentiel que des articles comme le vôtre pour contrer ses interventions toxiques.

  5. Il est assez inquiétant de voir la manière dont évoluent la vision de la laïcité en France.
    Le « Pas d’amalgame » est en train de faire religion.
    Et nous pardonnons d’avantage aux islamistes qu’aux catholiques extrémistes.
    A-t-on jamais vu des salons du catholicisme? Avec des bonnes soeurs partout?
    Prônant qu’il faut absolument aller à des pérégrinations?
    Merci d’alerter.

  6. mono obsessionnel le schalscha, qu´est ce que ça peut vous foutre, préférez les officines sionardes d´extr. droite ?