Ça n’est pas à un vieux dictateur qu’on apprend à faire la grimace. Ainsi, au Yémen, d’Ali Saleh qui, après trente-trois ans de règne, pardon, de présidence, s’apprête à quitter le pouvoir grièvement malade, certes, mais avec un casier judiciaire immaculé.
La veille de son intervention télévisuel dimanche dernier où il annonçait son départ, notre homme faisait voter par le parlement une loi lui assurant une immunité judiciaire complète pour les actes commis sous sa présidence. Comme deux précautions valent mieux qu’une, Saleh promeut son vice-président Abd-Rabbu Mansour Hadi au grade de général. Une manière pour le moins évidente de faire de l’armée la principale institution du pays. Et de maintenir ses partisans au pouvoir. Au cas d’un retour ?…
Grièvement blessé au cours d’un attentat visant son palais à Sanaa le 3 juin dernier, l’état de santé du président Saleh nécessite des soins – pour ce faire, il vient d’obtenir un visa pour les Etats-Unis, « le temps de son traitement ». «Je ne pense pas qu’il cherche l’asile politique » » estimait l’ambassadeur américain au Yémen Gerald Feirestein. En effet, loin de vouloir se la couler douce aux Etats-Unis, le futur-ex président parlait déjà de son retour au pouvoir, dans son discours d’adieux au peuple yéménite dimanche : « Je retournerai à Sanaa en tant que président du Congrès populaire général (CPG) », son parti politique. Il profitait également de l’occasion pour présenter des excuses à son peuple : « Je demande pardon à mes compatriotes, hommes et femmes, pour tout manquement pendant mes 33 ans de pouvoir ». Une formalité qui témoigne, en effet, d’un état de santé alarmant.