À Melilla, la sculpture très originale de Mustafa Hamed Moh Arruf est présentée dans sa « Rencontre » entre l’art et la poésie. Cette même sculpture, ainsi que le même désir, est également exposée à l’aéroport de Madrid-Barajas (parc Juan Carlos I).


C’est pourquoi mon inoubliable ami m’a demandé (avant de rejoindre le soleil par la Voie Lactée) d’écrire un sonnet pour célébrer cette rencontre artistique et poétique. Ce sonnet, reproduit en lettres d’or par la mairie de Madrid, se lit aujourd’hui… et pour toujours :

C’est pourquoi ma première enseignante, la sublime « mère » thérésienne Mercedes, m’appelait toujours « petit Africain » depuis mon arrivée à Ciudad Rodrigo ; Jorge Luis Borges lui-même me présentait comme « Africain » à ses connaissances même à Tokyo.
Melilla est toujours parée de ses plus beaux atours (sa rue O’Donnell est ses Champs-Élysées). La ville entière vit dans l’exaltation et la noblesse grâce au génie d’Enrique Nieto y Nieto, le brillant apôtre de Saint Gaudí : la force motrice du modernisme et de l’Art déco, si passionnément suivis par Salvador Dalí, le surréalisme… etc.
C’est pourquoi Mustafa a réalisé pour Melilla les deux sculptures qui nous représentent de la tête aux pieds.
Nieto y Nieto a conçu le magnifique théâtre qui porte désormais mon nom. Il a dessiné le plan d’urbanisme de la ville et, par exemple, la maison de Yamín Benarroch, un édifice néo-mauresque et moderniste, avec la synagogue Or Zaruah.


Dans l’ancien Casino, le 21 mars 2026, une exposition Arrabal, ouvrira ses portes avec la vente aux enchères de quinze exemplaires neufs de chacun de mes trois premiers ouvrages, originaux nos coupés – nos massicotés – (en français, puisque Franco ne les appréciait pas) ; je les lègue et les dédie à Melilla et à son barreau. Afin de se référer à l’art et la poésie rencontrés à Melilla

Et puis… quelle chance inattendue, soudaine, spontanée, fortuite et totalement imprévue dès le départ… de naître en Afrique/à Melilla ! Qu’il en reste une trace, une marque, un signe, comme mes pieds d’enfant enfouis dans le sable de la plage. Je ne voudrais attrister personne : je veux être unique, fort dans ma fragilité, dans ma non-existence.

Quel bonheur d’être entouré d’adultes et d’enfants rayonnants, sans le poids de leurs ombres, comme si leurs âmes se nourrissaient d’un élixir de vie. Libérés, pour des desseins secrets ?

Avec la danseuse Fadela, le vice-président et le président de la ville autonome, Juan José Imbroda, j’ai appris que le prestigieux barreau de Melilla, faisant abstraction de mon examen final, m’avait admis en son sein, avocat !, tout comme, j’avais souhaité, il y a 73 ans, intégrer la faculté de droit de l’université de Madrid, près de chez moi. Oh, les beaux jours, cher Samuel !
« Pseudo-arrabalesques » pour Melilla
« …les yeux des étoiles sentent-ils l’essence de Melilla ? »
« …la nuit masque-t-elle ses délices ? »
« …la confusion et le hasard gouvernent-ils à Teotihuacan ? »
« …arcs-en-ciel ternes et aubes éblouissantes ? »
« …immensément considérables, comme les poètes maudits ? »
« …étang aux nénufars, citernes à nymphéas ? »
« …aveugles à sa gloire lumineuse de poète est-il espionné d’en haut ? »
« …ils hurlent dans les lieux inhabités, quand sonnent les cloches du désert ? »
« …identiques en tout point, et en tout le reste, se ressemblent-ils ? »
« …chaque chose à sa place officielle, comme la baignoire de Marat ? »
« …les chiffres sont-ils des lettres et des lettres… dans le puzzle de l’État ? »
« …croyez-moi, comme je le dis, dans El Faro ou Melilla Hoy ? »


Fernando Arrabal à Melilla, sa ville natale, en Espagne.




