Quand on a tout épuisé dans les conversations entre amis sur la guerre en Ukraine voulue par la Russie et qui se retourne contre elle, on en vient immanquablement à « la question Poutine », vu comme le seul maître d’un pays plus que jamais sous sa botte.
Qui, s’interroge-t-on sans fin, est vraiment cet autocrate, ce monolithe incontournable, qui menace la paix mondiale ?
Peut-on traiter avec lui, tout criminel de guerre soit-il ?
Est-il sain d’esprit, plus ou moins fou, se demande-t-on sentencieusement ?
N’est-ce pas plutôt un cynique au masque impassible, un joueur d’échecs accompli, dont les actes relèvent toujours de la realpolitik et des rapports de force entre puissances ?
Ce realpoliticien au sang glacé n’est-il pas doublé d’un mégalomane pour qui ses désirs, ses fantasmes de toute-puissance grand’russienne, quels que soient ses revers en Ukraine, auraient force de loi et lui tiendraient lieu d’unique réalité ?
Pis : dans sa tête de revanchard à jamais orphelin de l’URSS, ce grand paranoïaque n’adhère-t-il pas à sa propre propagande ?
Ne s’est-il pas convaincu, à force de l’asséner, que l’Ukraine n’existe pas en dehors de ses liens séculaires avec la Russie et qu’elle est dirigée par une clique de néo-nazis, cheval de Troie d’un Occident acharné à annihiler la Russie, et cette fois pour de bon ?
Ce Satrape new-look est-il prêt, dans son délire, sa folie, son cynisme, sa mégalomanie, peu importe dans quel ordre on classe ces symptômes, à aller jusqu’au bout et à employer l’arme atomique ?
Est-il tout cela ensemble et en même temps ?
Pour tenter d’y répondre, il y a eu Michel Eltchaninoff et son excellent Dans la tête de Vladimir Poutine, en 2015, qui était plutôt une exploration de la bibliothèque poutinienne et de ses auteurs maudits, idéologues eurasiens, émules de Dostoïevski.
Un recensement littéraire que vint enrichir dernièrement Le mage du Kremlin, de Giuliano da Empoli, qui met en scène un conseiller de l’ombre en rupture de ban.
Mais nul ne peut se projeter véritablement dans la tête de Vladimir Poutine, sinon quelque psychiatre entré par effraction au Kremlin, ce qui n’est pas pour demain.
Un canal pourtant existe, presqu’une voie royale : l’étude de la nouvelle langue totalitaire russe, qui, à ma connaissance, n’a guère été menée à propos de la Russie actuelle, comme le fut, après 1945, et de plus belle aujourd’hui, la langue du Troisième Reich ; n’a-t-on pas eu, en juin 2021, la publication en tous points définitive d’Historiciser le mal, une édition critique de Mein Kampf, monument d’érudition et d’élucidation historico-linguistique du brûlot publié en 1923 par un agitateur nommé Hitler ?
Suivit, cet automne, le récit d’Olivier Mannoni, son traducteur, retraçant ses huit années d’immersion cauchemardesque dans la prose assassine du futur maître de l’Allemagne nazie. Huit années d’un aller et retour constant au cœur du maëlstrom, consignées dans un ouvrage, Traduire Hitler, dont il sera ici question.
Cette voie royale de l’analyse linguistique appliquée aux Novlangues totalitaires implique de plonger au cœur des pouvoirs d’État et de leur prose vénéneuse.
Pour la Russie, reste à explorer plus avant cette Lingua Nova Rossia (en abrégé, NLR) qui fait des ravages au pays de Tolstoï et de Sakharov.
Héritière de plein titre de la langue de bois soviétique, la Novlangue russe est pratiquée à tous propos au Kremlin, dans les media.
Pire, elle a été adoptée sans broncher par la majorité de la population russe ; et ce plus que jamais depuis l’invasion de l’Ukraine – pardon, depuis « l’Opération militaire spéciale », pour s’exprimer en bonne LNR.
Depuis Zamiatine dans Nous autres, Arthur Koestler dans Le Zéro et l’infini, le grand Viktor Klemperer dans sa fameuse LTI, Lingua Tertii Imperii, La langue du troisième Reich, depuis le prophétique Georges Orwell dans 1984 et les deux minutes quotidiennes de haine collective imposées par Big Brother à un peuple lobotomisé, depuis Jean-Pierre Faye dans Langages totalitaires, Tzvetan Todorov et quelques autres, depuis que tous ont décrypté les novlangues que fabriquent de toutes pièces les dictatures pour subjuguer les masses et égarer les démocraties, nous savons de quelle grammaire du mensonge, de la peur et de la terreur par les mots, usent les maîtres-manipulateurs des États totalitaires.
Ils règnent autant par la violence de la parole proférée ou écrite, et par la falsification du réel qui en découle, que par la violence politique dans les urnes, les média, les meetings et, pour les opposants, les cachots, les camps et la peur au quotidien dans les rues, à domicile, dans les têtes.
Venons-en à ce modèle de décryptage que furent l’édition critique, par une équipe d’historiens, de Mein Kampf, et le récit de son traducteur Mannoni, qui nous narre ses années passées à restituer pour des lecteurs français les bas-fonds chaotiques de la pensée hitlérienne et ses infamies langagières.
Olivier Mannoni a traduit près de quarante ouvrages de l’allemand, dont certains des chefs nazis, textes les plus problématiques, constituant autant de repoussoirs en soi, et en contradiction permanente avec la déontologie du traducteur attaché au principe de fidélité aux textes-source en même temps qu’à leur transmission claire et distincte à des lecteurs étrangers.
La neutralité la plus grande étant de mise là comme ailleurs, comment rendre ces abîmes d’abjection et de fausseté sans les mettre trop à distance, les lisser, les édulcorer ou encore les surligner ?
Comment rendre au plus près, et sans forcer le trait, la bêtise, le faux, l’ignoble, la haine pour la Culture et la démocratie, la haine envers les Juifs, l’hystérie victimaire, l’appel au meurtre, non moins qu’à l’inverse, la banalité du Mal ?
Mannoni n’aura cessé de se coltiner tout ce sabbat nazi et ses insanités, qui sourdent à chaque page du Journal de Goebbels comme de celui de Rosenberg, l’idéologue ranci du régime nazi, tous deux traduits par ses soins, ainsi qu’il le fit des mièvreries sentimentales de Himmler, le chef de la SS et l’un des plus grands criminels de l’Histoire, dans sa correspondance avec sa femme, tandis que roulaient les trains de la mort et tournaient à plein régime les chambres à gaz. Ou encore en traduisant le glaçant La médecine nazie et ses victimes, d’Ernst Klee.
Traduttore traditore ? Un sommet dans l’exercice paradoxal qu’est l’art de traduire allait se présenter, dont l’histoire édifiante a été contée par l’intéressé lui-même dans son Traduire Hitler : huit ans passés à traduire une première fois, puis à retraduire, le livre-source du nazisme, Mein Kampf, tombé au bout de décennies dans le domaine public.
Ce missile bestial lancé contre les valeurs les plus ancrées de la civilisation occidentale serait encadré par un gigantesque appareil critique d’historiens spécialistes de la période, qui en démonteraient, page après page, tous les ressorts et les faussetés.
Bref, une édition scientifique rigoureuse et sans appel, intitulée donc Historiciser le mal, avec en sous-titre Une édition critique de Mein Kampf.
Mannoni s’attelle deux ans durant à traduire les huit cent pages de ce bréviaire de la haine au vingtième siècle.
Un an passe sans que l’éditeur se manifeste, puis il réapparait, loue hautement la traduction de Mannoni, mais explique sans ambages que ce n’est pas exactement ce que voudrait l’équipe d’historiens qu’il dirige à présent.
Il me faudra, écrit Mannoni dans Traduire Hitler, démonter radicalement tout le travail que j’ai accompli, mais aussi le remonter de telle sorte que le livre soit exactement dans l’état où Hitler l’avait laissé en 1925 : bourbeux, criblé de fautes et de répétitions, souvent illisible, doté d’une syntaxe hasardeuse et truffé de tournures obsessionnelles.
Cela revint à peu près, ajoute Mannoni – qui, beau joueur, accepte néanmoins la gageure – à apporter une épave à un mécanicien en lui demandant de changer le moteur essence pour un diésel, en laissant la carrosserie criblée de bosses et de rayures, les suspensions en vrac, les pneus prêts à éclater et le pot d’échappement raclant le sol : la profanation même de mon métier.
En un mot, il importe, face à une pure obscurité, un non-sens, un galimatias, une invention, une éructation et autres scories définitives, de renoncer, par une fidélité littérale au texte, à la clarté minimale qu’implique toute traduction sauf à se renier elle-même.
Il importe, lui signifie-t-on, de re-hitlériser le texte hitlérien, de laisser en dernière instance à Hitler lui-même la parole, serait-elle délirante et plus absconse encore au lecteur étranger qu’au lecteur allemand. Ne plus traduire, aménager, faire office de passeur. Mais transcrire, dupliquer.
Décidément, les radiations maléfiques de l’histrion qu’était Hitler continuent, presqu’un siècle plus tard, d’effrayer les historiens les plus aguerris, en proie à une sorte d’exorcisme prophylactique : enfermer hermétiquement ce texte dans sa prison de mots criminogènes, telle une boîte de Pandore fermée à double tour. À eux et à eux seuls, historiens, la fonction noble, la fonction critique, la rédemption du Mal.
Relégué dans les profondeurs de la soute à charbon, Mannoni accepte le défi. Il écrit : « Ma traversée du boyau obscur allait durer quatre ans ».
Au-delà de la passe à fleuret moucheté entre historiens et traducteur, qu’en est-il, dans Traduire Hitler et ailleurs, des linéaments de la langue totalitaire en gésine dans Mein Kampf, avant qu’elle ne s’impose après 1933 comme langue du Troisième Reich ?
Cela commence par la négation de la langue comme pont, ouverture, partage du sens, reconnaissance de l’altérité de l’Autre, acceptation de la différence entre sujets. Là, au contraire, la langue est assujettie à une fonction d’exclusion, sur un mode incantatoire : dissolution des concepts, confusionnisme, réflexion circulaire, répétitions obsessionnelles, syllogismes.
Cela continue par l’inversion de la polarité morale des mots : « Impitoyable », « implacable », « fanatique », « cruel » : ces vocables vont magnifier désormais la violence, vanter la destruction d’autrui, ils seront employés comme autant d’armes de peur, opposées au sens négatif prévalant jusque-là.
Troisième violence faite aux mots pour les arraisonner à la mode nazie : oraliser, sonoriser la langue, substituer le discours à l’écrit, pratiquer la harangue, la sommation, en vue de galvaniser les esprits en privé, à la radio, de les hystériser en place publique.
Quatrième principe, mis en relief par Wilhem Reich (in La psychologie de masse du fascisme) et Erich Fromm, de l’École de Francfort, dans ses travaux sur la personnalité autoritaire : l’appel fait à la brute, au pulsionnel, aux instincts mortifères qui sommeillent en chacun. Faire en sorte que le sujet, chauffé à blanc par un discours toujours plus transgressif et des promesses toujours plus millénaristes, s’identifie érotiquement au Chef supposé tout-puissant, lui dépose en mains propres la charge libidinale que génèrent les rancœurs, les haines de classe chez l’homme quelconque, le gueux, le lumpen-prolétariat, face aux élites traditionnelles, aux nantis.
Pour finir, désigner comme dérivatif les étrangers de l’intérieur, les Juifs, source de tous les maux.
Mensonge, calomnie, invective, mise en scène outrancière des discours : détournée de sa fonction civilisationnelle, la langue allemande et ses armées de mots casqués deviendront l’un des instruments de soumission du Troisième Reich, à l’égal de sa machine de guerre. Voilà ce qu’annonçait en grand capharnaüm et au grand jour Mein Kampf.
P.S. : A propos de novlangue et de langage totalitaire, je viens de découvrir, tous deux intimement mêlés, le livre en forme de cocktail molotov jeté à la face des Russes, d’Iegor Gran, Z comme zombie, dont je ne saurais trop recommander la lecture d’urgence pour qui veut comprendre comment, dans sa majorité, un supposé grand peuple comme le peuple russe s’est auto-zombisé, faisant siennes sans broncher les énormités de la propagande officielle sur la guerre en Ukraine. Un peuple, pour Iegor Gran, plus complice que victime. Un peuple belliciste. Méprisant les Ukrainiens, ces ingrats, ces sous-Russes, têtes de pont de l’Occident, convoitant la Russie et ses richesses naturelles. Une population frustrée bavant sur l’Occident décadent, jalousant ses libertés, avide de ses produits. Ces Russes si mal lotis, qui en rajoutent eux-mêmes sur leur sainte servitude, la peaufinent, brandissent leur pauvreté comme une onction messianique. Si fiers d’être russes, alors qu’il n’y a souvent pas de WC à domicile. Si fiers que la Russie puisse balancer des missiles hypersoniques sur l’Amérique. Pas de chiottes, mais des missiles.
Tous ou presque, les Russes, devenus, selon Iegor Gran, des zombies d’eux-mêmes. Affaire à suivre, hélas.
Le mot « nazi », un avatar synonyme d’une surexploitation et déformation médiatique d’Etat, qui desservit à l’époque les intérêts du pouvoir soviétique et aujourd’hui ceux de Poutine.
Un récit qui a nié sous le régime de Staline et successifs la présence historique des Juifs et de la Shoah. Il n’y avait pas de place pour eux dans la culture stalinienne, dans la mémoire du nazisme et de la guerre tels qui furent sublimés et exploités par le communisme.
D’ailleurs le régime soviétique était hostile envers les Juifs, au judaïsme et surtout au sionisme.
Il n’y a jamais eu une réflexion approfondie en Union soviétique sur la Shoah et sur la reconnaissance des victimes juives. En parler aurait signifié dénoncer non seulement le collaborationnisme avec Hitler qui a conduit à la Solution finale, mais affirmer l’existence de l’identité juive dans un pays communiste.
La définition du régime hitlérien dans les mondes occidental est celle d’un système politique totalitaire dont le but principal était l’élimination des Juifs de la surface de la terre et la création d’une domination ethnique de la « race aryenne » sur les peuples et les ethnies considérés comme inférieurs.
Cela fut éclipsé et Vassilij Grossman l’avais bien compris. Une véritable discussion sur le nazisme aurait signifié matérialiser la même conception totalitaire en acte dans le pays.
Parler de la Shoah aurait signifié remettre en cause les goulags, les camps de rééducation, l’utilisation massive et abusive des asiles psychiatriques, les piliers du totalitarisme russe.
Aujourd’hui pour la propagande de Poutine, mais aussi pour la majorité des Russes, le nazisme n’est toujours pas l’idéologie nationale-socialiste et antisémite.
Les nazis sont ceux qui ont attaqué l’Union soviétique et lui ont donné des millions de morts.
Les nazis sont donc les synonymes d’ennemis des Russes, ce qui a permis au régime, depuis Staline jusqu’à Poutine, de passer sous silence la complicité avec Hitler, leur pacte d’agression des pays proches tels que la Pologne, la Finlande, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie.
Hitler et Staline ont affirmé – tout comme Poutine le fait aujourd’hui à propos de l’Ukraine – que la Pologne était une fausse nation, dépourvue d’authenticité historique.
Poutine a soulevé les mêmes arguments hitlériens pour justifier sa guerre de destruction : les Ukrainiens n’ont pas de conscience historique, pas de nationalité propre, pas d’élite.
Comme Hitler, et comme Staline, il essaie d’utiliser la nourriture ukrainienne comme une arme d’extermination en y ajoutant ce que les autres n’ont pas pensé : le froid.
Hannah Arendt l’a observé, le nazisme n’était pas seulement un système qui abolissait la démocratie, mais visait à façonner et à contrôler la vie individuelle des gens en créant un nouveau type d’homme. Pour cette raison, le nazisme était un système totalitaire qui voulait modifier la nature humaine elle-même en créant des zombies d’hommes et de femmes.
C’est ahurissant si on pense à nos jour ce que est devenu la Russie de Poutine : le zombiland fasciste que Hannah Arendt a mis en évidence.
La Russie a envahi l’Ukraine en affirmant qu’elle devait la libérer des nazis qui menaçaient sa sécurité et défendre les russophones du Donbass.
La propagande russe a convaincu le peuple qu’il y a des nazis en Ukraine.
Poutine a ainsi légitimé la guerre contre l’Ukraine aux yeux de son opinion publique comme une opération militaire contre les nouveaux adeptes d’Hitler qui la menacent, reprenant de fait la même conception stalinienne du « nazi ».
Mais derrière le spectre des nazis c’est bien la réalité d’une place Maïdan à Moscou, d’une rébellion populaire exigeant liberté et démocratie, ce qui hante l’autocratie russe.
Le nazi justifie tout.
Mais croire qu’un pays comme l’Ukraine est entre les mains d’un pouvoir nazi, c’est justifier l’impossible.
Le président élu est un juif et Zelenskiy a totalisé plus de 70% des voix avec une confiance de l’ensemble de la communauté juive.
Cela n’a pas empêché Sergueï Lavrov de délégitimer Zelensky et la communauté juive en déclarant que les Juifs eux-mêmes peuvent être des antisémites et que même Hitler avait du sang juif.
Lavrov a repris les mêmes arguments de l’antisémitisme soviétique : non seulement les Juifs sont acceptés à condition qu’ils suivent la politique de Moscou mais, comme à l’époque des campagnes antisionistes, ce qui est leur reproché et pas toléré par le pouvoir c’est leur cosmopolitisme qui remet en question les fondements du nationalisme et souverainisme de la Russie.
La guerre en Ukraine nous permet de comprendre ce concept et qui concerne de près tous les Juifs mais également le danger qui courent tous les autres peuples qui se sont détournés de la domination russe et réappropriés de leur liberté et autodétermination.
Dans ces temps d’aveuglement et de zombification des esprits, à l’occurrence ceux du peuple russe, rendus possibles par leur soumission, tant recherchée que voulue, à un pouvoir autoritaire, des questions nous reviennent parfois avec des réponses totalement inattendues au regarde de l’actualité de guerre de plus en plus atroce pour les Ukrainiens.
Incompréhensible peut-être pas, en particulier si on se refait à Etienne de La Boétie et on essaye des explications à la lumière de son traité.
En fait, une fois retrouvée la liberté après 1989, pour les Russes elle est devenue un vertige insoutenable par la peur des autres et du lendemain et elle s’est vite aliénée du peuple, comme s’il s’agissait d’une récurrence de leur histoire.
L’abandon de la liberté dans les mains de celui qui s’est érigé à sauveur de la Russie et de son âme, a fait la force de la dictature, du pouvoir autarcique.
L’idolâtrie ignore toujours l’insignifiance de qui en est l’objet arrivant même à justifier les mensonges et les perversions de son pouvoir.
Le mythe d’un âge d’or, de retour à toute puissance de l’idole qui l’incarne avec son culte de la mort ont créé le Zombiland fasciste (Z leur SSymbole!) sur lequel prospère l’autocratie de Poutine, tuant au passage des politiciens et des journalistes rivaux et les remplaçant par des oligarques ainsi que par une machine de propagande impitoyable.
« Je ne comprends pas pourquoi les gens en Russie se taisent! » après Bucha et Kramatorsk, la réponse vient de là, de cette soumission volontaire au tyran, à sa propagande invasiva qui manipule et l’information et le mental des gens.
A longueur d’années c’est une Novlangue que Poutine a imposé au peuple russe. Des mots simples à mémoriser et utiliser pour construire autant de formules toutes faites avec lesquelles tout un chacun se transforme en serviteur du tyran et défenseur de la pensée unique dominante contre les critiques du monde entier.
C’est ainsi que les Russes approuvent ouvertement « l’opération militaire spéciale » du Kremlin en Ukraine, choisissant de fermer les yeux sur les exécutions et les viols, le bombardement de villes pacifiques, les destructions impensables, les atrocités et les pertes de centaines de milliers de personnes.
C’est ainsi que :
« Guerre, dites vous ? »
«Tout le monde est contre la guerre ! Ce sont les politiciens, c’est Zelensky… il a distribué des armes, c’est vraiment affreux. Le peuple ukrainien ne le soutient pas. À en juger par ce qu’on voit à la télévision, ils sont extrêmement heureux de l’invasion ».
« Nous ne sommes pas en guerre ! Il y a juste un peu de combat dans le cadre de l’opération spéciale de libération. Si nos troupes n’étaient pas allées là-bas, les leurs seraient venues chez nous ! »
Ou encore à la question de ce qu’ils ressentent :
« Je soutiens pleinement les décisions de notre président ! C’est l’OTAN, l’Occident et les nazis en Ukraine qui nous menacent».
Et les combats contre le civils ?
« Il n’y avait pas d’autre moyen, mais nous ne combattons pas les civils, nous le libérons ».
Mais beaucoup de gens ont aussi un avis plus tranchant et pensent que les ‘khokhols (un terme moqueur pour les Ukrainiens) devaient être punis.
Et pour un discours plus ample, la pensée unique ne fait pas défaut :
« Tout comme ils ont différents États en Amérique, tout le monde devrait être uni ici : l’Ukraine, la République de Tchouvachie, nous devrions tous être ensemble en tant que nations frères, fondamentalement comme l’URSS avec les républiques. Ils ont brisé tout cela, l’ont divisé. Comme une énorme entreprise – vous la divisez en pièces et vous les achetez ensuite à bas prix. »
«l’Ukraine, une nation souveraine? »
« Ce sont Donetsk et Lougansk des nations souveraines. Ils ont déclaré leur indépendance.»
C’est ainsi que les Russes ont repris à leur compte la volonté de Poutine de dénazifier le pays frère, de désigner par nazis les soldats de Kiev, le bataillon Azov, mais aussi la politique et la culture ukrainiennes.
Poutine, ses oligarques et ses généraux reprennent le fascisme et la tyrannie du siècle passé, persévérant dans la même idéologie de ses régimes totalitaires.
Le culte de la violence et de l’irrationalité de ces dictatures est de retour en Russie. Si le fascisme ne fut pas à la seule image d’Hitler et de Mussolini, et aujourd’hui il fait à nouveau surface ici et là, dans toutes les formes qu’il s’exprime, il y en a une et une seule qui le caractérise à jamais :
le triomphe de la volonté sur la raison.
La guerre, qui a voulu et déclenché Poutine, dépasse les confins ukrainiens. Elle est le symbole de l’affrontement ontologique entre deux mondes que tout oppose : celui de la liberté et du droit contre la barbarie, l’inhumanité des lois du plus fort ou de celui qui se croît de l’être.
Que de Poutine soit fasciste il ne fait plus guerre de doute car c’est bien lui et la Russie qui ont voulu la destruction de nations libres et l’anéantissement de populations.
Si la Russie gagne, les fascistes du monde entier en sortiront plus forts, nous dit Timothy Snyder. Et j’ajoute comme je l’avait écrit dans une note précédente c’est tout le modèle libéral et notre démocratie avec qui en prendraient un sérieux coup d’effondrement.
Cette réalité est aujourd’hui sous nos yeux et elle rattrape encore le Zpoutine.
L’influence et les liens du Kremlin avec des réseaux fascistes et antisémites, tel AfD, en Allemagne ont eu un éclat soudain alors que ce dernier projetait de réaliser un coup d’Etat.
Le Bundestag a réussi à temps à démanteler ce réseau extrémiste et leur complot. Si on ne sait pas exactement de son implication directe, une chose est certes, Poutine en devait bien être informé.