Cinq mois après avoir lancé une première pétition qui a contribué à alerter le monde sur le cas de Sakineh, le Times de Londres donne un nouvel élan à la mobilisation internationale.
Plus de 80 artistes, intellectuels et politiciens, ont signé aujourd’hui dans le quotidien britannique un appel réclamant la libération de Sakineh Mohammadi Ashtiani, mais aussi celle de son fils Sajjad Ghaderzadeh et de son avocat Javid Houtan Kian.
La lettre, qui est adressée au Guide suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, ainsi qu’au président de la République islamique, Mahmoud Ahmadinejad, annonce :
» Sakineh Mohammadi Ashtiani a assez souffert. Forcé par la pression internationale à suspendre son exécution à la lapidation pour un prétendu adultère, le gouvernement iranien tente maintenant de faire réapparaître l’accusation selon laquelle elle a tué son mari – une charge pour laquelle elle a déjà été jugée ».
« Elle (Sakineh) a déjà passé cinq ans en prison, et a reçu 99 coups de fouet, tandis que l’homme qui a été reconnu coupable du meurtre de son mari, et avec lequel elle a prétendument entretenu une relation, est désormais libre, après avoir obtenu le pardon des enfants de Mme Ashtiani. Nous, les soussignés, appelons le gouvernement iranien à libérer immédiatement de prison Mme Ashtiani, son fils Sajjd Ghaderzadeh et son avocat Javid Houtan Kian ».
Parmi les signataires figurent notamment les acteurs américains Robert Redford et Robert De Niro, le chanteur britannique Sting, la haute représentante de la diplomatie européenne Catherine Ashton, le chef de file du Parti travailliste britannique Ed Miliband, le maire de Paris Bertrand Delanoë, le philosophe français Bernard-Henri Lévy, l’ex-ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, ainsi que le prix Nobel de littérature Wole Soyinka.
Cet appel est publié trois jours après la diffusion par la chaîne iranienne d’État en langue anglaise Press TV d’une quatrième série de « confessions » durant lesquelles Sakineh Mohammadi Ashtiani reconstitue la scène du meurtre de son mari et réaffirme avoir joué un rôle dans l’assassinat de celui-ci. Comble de l’horreur, c’est son fils Sajjad Ghaderzadeh, à l’origine de la vaste campagne de mobilisation internationale et emprisonné depuis le 10 octobre dernier en compagnie de son avocat Javid Houtan Kian, qui y joue le rôle de son père Ebrahim Ghaderzadeh, le mari assassiné il y a cinq ans.
Des photos extraites de cette émission, illustrant les retrouvailles entre Sakineh et son fils Sajjad au domicile familial, avaient été envoyées la veille par Press TV aux agences de presse internationales, suggérant leur libération, ce qui avait induit en erreur le Comité international contre la lapidation, ainsi que bon nombre de médias internationaux, qui avaient affirmé à tort la nouvelle. Dès le lendemain, la chaîne iranienne en profitait pour fustiger la « vaste campagne de propagande des médias occidentaux qui ont annoncé que la meurtrière Sakineh Mohammadi Ashtiani avait été libérée ».
Sakineh Mohammadi Ashtiani est interdite de tout contact avec l’extérieur, y compris avec son avocat et son fils, depuis le 11 août dernier, date à laquelle l’Iranienne s’est livrée à ses premières « confessions télévisées ». Selon son avocat Houtan Kian, celles-ci lui ont été soutirées après deux journées de passage à tabac. Depuis cette date, trois autres séries de confessions, dont celles de son avocat, ont suivi, la dernière ayant donc été diffusée vendredi soir.
Ce nouvel appel est capital pour trois raisons. Tout d’abord, pour la première fois, il cite en plus de Sakineh les noms de Sajjad Ghaderzadeh et de Houtan Kian, le fils et l’avocat de Sakineh, eux aussi emprisonnés depuis plus de deux mois pour la seule et unique raison d’avoir médiatisé la réalité du dossier de Sakineh.
D’autre part, il rétablit une importante vérité, trop souvent occultée par la presse internationale, à savoir que l’Iranienne a déjà été jugée – et innocentée – du meurtre de son mari, alors que l’homme qui a été reconnu coupable et condamné par la Justice iranienne, Issa Tahéri, demeure aujourd’hui libre. Étrangement, celui-ci n’a pas été interviewé par Press TV.
Enfin, en étant également adressé au Guide suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, l’appel cible le véritable chef d’État en Iran, qui a le dernier mot sur tout, y compris les décisions de Justice.
Pour signer l’appel international de la Règle du jeu en faveur de Sakineh, cliquez ici.