La gestion par le pouvoir exécutif de l’acte 18 des Gilets Jaunes est délétère.

En dépit d’informations préalables, nombreuses et précises, la ville de Paris sur le secteur des Champs Elysées a été laissée à la dévastation et au chaos. Sauf le courage de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, un incendie criminel aurait emporté des habitants dont de jeunes enfants sur l’avenue Franklin Roosevelt.

De tout cela, après donc 17 semaines de précédents erratiques et alors que le Président skiaiten famille, quelles leçons ont été tirées, quelles explications fournies?

Une seule : la décapitation de la Préfecture de Police de Paris par le départ de Michel Delpuech et de ses hommes.

C’était de toutes, la pire des réponses possibles.

D’abord, et alors que la fièvre jaune n’est pas retombée sur notre capitale, cela laisse l’état major policier désorganisé au pire moment. Nul besoin de se faire expert militaire pour savoir qu’on ne remplace le commandement en plein milieu de la bataille.

Ensuite, tout a été construit pour faire comme si seule la chaîne administrative était fautive sans qu’aucune responsabilité politique ne soit même évoquée. Des hommes dont la loyauté et le professionnalisme ne peuvent être questionnés sont écartés sans ménagement pour couvrir la carence politique. L’hypocrisie est à son comble quand le pouvoir politique affirme que les dispositifs mis en place à Paris lui auraient été dissimulés, après qu’il ait passé deux heures et demiedans la salle de commandement de la Préfecture samedi dernier, alors que ce n’est ni sa place ni son rôle !

Dans le moment que nous vivons où la légitimité démocratique de nos institutions est vivement remise en question, où la démocratie représentative est radicalement contestée – tiens donc par les Gilets Jaunes !!! –  le gouvernement se place dans une situation d’immunité de fait ; refusant d’assumer ses choix ou non-choix.

Cela donne au mauvais feuilleton connu sous le titre «d’affaire Benalla», l’air d’une épopée. De quoi est-il question depuis l’origine ? D’un gugus sans droit ni qualité qui s’est trouvé en position d’autorité sur les personnes chargées d’assurer la protection du Chef de l’État. Et quand le scandale de la contre-escarpe a éclaté, que s’est-t-il passé ? Rien ou si peu. La hiérarchie policière légitime a été questionnée, embêtée, empêtrée tandis qu’au plus haut niveau de l’État, on proclamait son mépris le plus absolu devant l’obligation pourtant élémentaire de devoir rendre des comptes : «Qu’ils viennent me chercher?» clama alors Emmanuel Macron devant ses soutiens parlementaires…

L’absence de réponse politique autre que la sanction de la chaîne de commandement policière affaiblit significativement notre capacité de gestion d’un nouvel «acte» des Gilets Jaunes tout en redonnant une légitimité à ceux qui n’ont cessé de pointer un pouvoir déconnecté, méprisant et, au sens premier, irresponsable.

Vaste bilan.

Je voudrais pour conclure poser un peu gravement une question après donc l’affaire Benallaet ce funeste acte 18 : combien de serviteurs de l’État vont encore être sacrifiés, combien de carrières exemplaires vont être brisées ou entravées pour satisfaire une incurie politique en matière de maintien de l’ordre chaque jour plus manifeste ?

 

2 Commentaires

  1. Ce qui retient l’opposition, en République, de mener une action de résistance armée, voire une mission suicidaire contre son propre palais présidentiel, c’est la conscience que s’y trouvent des hommes et des femmes dont la mort que l’on causerait serait qualifiable d’homicide. Si comme le pensent certains leaders d’opinion, le monde est dirigé par des Lézards verts ayant pris l’apparence d’êtres humains pour nous coloniser incognito, alors l’extermination de leur espèce ne nous pose plus du tout le même cas de conscience. Le scénario selon lequel le locataire de l’Élysée se comporterait comme un dictateur sanguinaire mériterait un traitement radical de la Terreur permanente dans laquelle ce dernier aurait plongé son peuple. Au fait, quel invité de Questions politiques nous expliquait, la veille du dernier 18 juin, que « Macron est un extrême-libéral » — en gros un libéral-fasciste ? Il ne nous reste que peu de temps avant que les insurgés de l’acte XIX ne puissent plus être prévenus que le régime qu’ils projettent de renverser est un État de droit et non pas un État de non-droit. Que le système libéral n’est pas un régime politique. Qu’un régime totalitaire est tout à fait capable de se convertir au libéralisme économique, on l’a déjà vu, sans céder un pouce de terrain à la liberté de conscience. Que les libertés économiques seraient en mesure de réduire à néant le fruit de plusieurs décennies de lutte sociale si elles réussissaient un jour à échapper au contrôle des pouvoirs politiques. Mais qu’heureusement, sous un régime tel que celui dont s’est doté la France, l’économie de marché, aussi dure à dompter qu’elle soit, n’est pas une machine folle dont tout pilote serait éjecté au bout de quinze secondes d’acharnement pathétique. La Cinquième n’est donc pas et n’a d’ailleurs jamais été une République fasciste, et ceux qui s’apprêteraient à la prendre d’assaut dans le but délirant de restaurer, en France, l’État de droit qu’un coup d’État sournois aurait odieusement aboli, ne parviendraient, ce faisant, qu’à porter le fer contre une république indivisible, laïque, démocratique et profondément sociale qui, à ce titre, aurait le devoir de préserver ses citoyens contre une insurrection fasciste.

  2. Vaste programme! Mais irréaliste. Un Grenelle est impossible car contrairement à 1968 les caisses sont vides. Il n’y a rien à distribuer. Rétablir l’ordre? Les forces de « l’ordre » sont sur les rotules au point qu’on parle d’engager la troupe. Mon pronostic: c’est une guerre d’usure et elle sera perdue par le gouvernement, car aussi confus que soit le mouvement « jaune » il est inépuisable. C’est un peuple qui se soulève, dans ses profondeurs, et malgré tous les dérapages et toutes les dérives, rien ne pourra en venir à bout. Le pouvoir est aux abois. Ca peut durer des années et à la fin le pouvoir cannera. Alors l’histoire présentera la facture pour trop d’erreurs qui ont été commises. C’est tout.