Les résultats préliminaires de l’élection présidentielle en Ukraine donnent le pro-européen Petro Porochenko vainqueur dès le premier tour, totalisant près de 56% des voix. L’ancien champion de boxe Vitali Klitschko a, quant à lui, été élu maire de Kiev avec près de 57% des voix.
Ce dimanche, un grand peuple, le peuple français, en plaçant un parti immonde en tête du scrutin aux élections européennes, s’est déshonoré. Ce même jour, à l’est de la même Europe, un peuple tout aussi grand, le peuple ukrainien, en frappant à sa porte par des élections contre le chaos et la barbarie, pour la démocratie, a sauvé l’honneur de l’Europe.
En élisant Pedro Porochenko premier Président d’une Ukraine debout, le peuple ukrainien a infligé sa première vraie défaite à la Russie de Vladimir Poutine et ses gangs du Donbass et du Donetsk, arrêtant enfin la marche en avant de l’empire grand russe, avec sa mainmise hier sur la Tchétchénie martyre, puis l’Ossétie du Sud, et, il y a deux mois, la Crimée, qui entendait maintenant dépecer l’Ukraine comme une proie. Le Maïdan, où flottaient ensemble le drapeau ukrainien et la bannière étoilée de l’Europe, une seconde fois, a gagné, quand l’Europe de Schuman, de Monnet et de tant d’autres, se reniait dans les urnes.
Quelle leçon ! Quelle camouflet à Vladimir Poutine, qui visait à empêcher l’élection, à défaut la décrébiliser, avec ses sbires cagoulés, terrorisant les populations de l’est ukrainien, brûlant les urnes, montant des référendums bidon. Quelle leçon, tout autant, pour l’Europe en proie aux démons du passé ! Admiratrice éperdue du maître du Kremlin, Madame le Pen a gagné sur les terres de Blum et de de Gaulle. Elle a perdu sur les rives du Dniepr.
Nous étions quelques Européens à avoir, sur place, depuis janvier, soutenu la révolution démocratique et européenne de l’Ukraine. Nous avons rencontré ses leaders anonymes, sur les barricades du Maïdan. Sur la tribune du Maïdan, Bernard-Henri Lévy a salué les révolutionnaires de Kiev aux côtés de Klitschko et de Porochenko. Tous deux sont venus à Paris à son initiative, rencontrer François Hollande et s’adresser aux Parisiens. Le même BHL a émis le vœu que, le 6 juin prochain, l’Ukraine, dont un bataillon délivra jadis Auschwitz, soit présente sur les plages de Normandie, pour le soixante-dixième anniversaire du débarquement et de la délivrance de cette Europe que le Front national et ses homologues partout ailleurs renient. Puisse-t-il être entendu.
Bienvenue à l’Ukraine en Europe. Cette nouvelle Ukraine européenne rejoindra un jour l’Europe. Nous l’attendons. Bienvenue à nos frères européens du Maïdan.
Et une victoire pour la boucherie.
Vous qui m’entendez, — mes origines me confisquent le «nous» à propos de ce que j’ai à vous dire, — si notre Europe, il y a soixante-dix ans, n’avait su rayer de sa propre carte la Société de Thulé, vous seriez aujourd’hui de bons petits sujets du Troisième Reich. Les nations européennes ont triomphé de l’Europe des nations. Leur nationalisme les avait condamnées à se résorber au sein d’un organe ogresque ne faisant pas de quartier pour les demi-portions. Certains en jouirent plus que de raison, d’autant que leur nouveau maître leur promettait de recréer le monde tel un démiurge capable de multiplier les automobiles et d’en offrir une à chaque ouvrier. À la place, il réduisit en esclavage les nations métèques, réquisitionna leurs ressources au service de l’Allemagne, les affama, les enrôla dans une guerre millénariste du IIIe type, eugéniste et mutante, qui eût pour effet de faire dégénérer, en quelques générations, l’humanité dans son essence profonde, jusqu’à l’extinction. Dimanche dernier, les héritiers des fascistes de l’OAS ont fait d’un bon paquet de Français les Pieds-Noirs de l’Europe. Ils les ont trompés sur leur identité véritable. Ils ont fait passer leur sauveur pour un traître. Ce sauveur c’est l’Europe et ses alliés. L’Ukraine de Porochenko en est l’incarnation la plus bouleversante, elle qui s’extrait à travers lui des barbaries du néostalinisme et du néonazisme dont quelques mânes revêches s’acharnent à gêner son Europe aux entournures. Je souscris à la demande du philosophe antitotalitaire de laisser Petro Porochenko franchir notre frontière. Les Européens cauchemardent sur leur avenir. Ils ont besoin de se regarder en face dans les yeux de celui qui rêve encore de leur passé.