Vladimir Poutine ne s’avoue jamais perdant.
Après la Tchétchénie, après l’Abkhazie et l’Ossétie géorgiennes, c’est au tour de la Crimée de se voir rattachée par la force des baïonnettes à l’empire russe.
On peut, sans beaucoup de risque, prédire qu’un référendum aux ordres va dans les prochaines semaines venir avaliser ce rapt d’une partie de l’Ukraine et le viol de la souveraineté d’une nation européenne, comme aux pires temps de l’impérialisme soviétique en Europe de l’Est.
La Russie redevient cet empire du Mal, que l’on croyait assagi, relégué aux oubliettes de l’Histoire. Les vieux démons sont de retour. Il faut en prendre toute la mesure.
Bien sûr, nous allons dès demain entendre les éternels Norpois nous représenter que la Crimée est russe, historiquement, que sa population est majoritairement russe, qu’elle n’est ukrainienne qu’à la suite d’un geste régalien de feu Nikita Kroutchev, et que la Russie, en bonne justice, récupère une part d’elle-même. Qu’il n’y a donc pas lieu de s’offusquer, encore moins de sanctionner le coupable, de geler nos relations avec la Russie et la mettre au ban de la communauté internationale. Ne tenait-on pas le même raisonnement quand Hitler fit main basse sur les Sudètes peuplés d’Allemands, avant de dépecer la Tchécoslovaquie ? la chose fut actée à Munich. On connaît la suite.
Que va faire la communauté internationale devant ce coup de force inouï ? Que va faire l’Europe ? Qu’allons-nous faire ? Protester, à coup sûr. Mais encore ?
Il faut répondre à ce défi inacceptable en accordant sans délai à l’Ukraine, en passe d’être amputée d’une part d’elle-même, exposée aux pires chantages de son grand voisin, le statut de membre à part entière de l’Union européenne. C’est la protection minimale, accordée hier aux pays baltes, que nous devons, dans l’urgence, à un pays sans défense face à l’aventurisme sans frontière des nouveaux Tsars moscovites. A défaut de ce rempart, l’Ukraine, immanquablement, retombera toute entière sous la coupe d’un Grand Frère que son rêve revanchard a rendu fou.
Plus que jamais, nous sommes comptables, nous Européens, de la liberté et de l’indépendance ukrainiennes.