Procès bâclés, sanctions disproportionnées, pressions psychologiques diverses. Passé le temps de leur procès, le destin des trois jeunes filles composant le groupe Pussy Riot redevient celui, terrible mais banal − terrible car banal ! − des opposants au régime de Vladimir Poutine. Disons-le tout de go, les nouvelles qui nous parviennent au compte-goutte de Russie sont relativement mauvaises. Ce mercredi 16 janvier, la demande d’appel de Maria Alekhina concernant une remise en liberté temporaire a ainsi été rejetée. La mère de cette dernière rapportait la semaine dernière que sa fille emprisonnée faisait l’objet de pressions psychologiques et d’humiliations diverses la conduisant à la dépression nerveuse. Pour Alexis Prokopiev, porte-parole de l’association Russie-Libertés : « La décision de garder Maria Alekhina en prison alors qu’elle a un enfant en bas-âge montre encore une fois toute l’inhumanité de cette justice russe utilisée comme arme politique contre les opposants ».
La vie dans le camp, une « anti-vie » de l’aveu même des prisonnières
De son coté, Nadejda Tolokonnikova, l’autre Pussy Riot emprisonnée, se trouve dans un camp pour filles en Mordovie, le numéro 14, réputé pour ses conditions de vie très difficiles. L’hebdomadaire russe New Times rapporte que l’ « on n’y trouve pas d’eau chaude et que l’on ne peut s’y laver qu’une fois par semaine. » Il ajoute même que « certaines femmes y ouvrent les robinets de chauffage pour avoir de l’eau chaude pendant l’hiver. » Dans une lettre écrite de sa prison et relayée par l’AFP, Nadejda Tolokonnikova parle du gris qui l’entoure et de l’ « anti-vie » qu’elle mène. Son emploi du temps est réglé à la minute. Lever à 5 h 30, trois lavabos et deux toilettes pour 40 prisonnières, lecture imposée et quotidienne du règlement intérieur de la prison, passage conseillé par la salle de prière. Selon la jeune fille, « Le moyen de pression est la libération anticipée ». Pour cela, il faut « coudre douze heures par jour pour 1 000 roubles [25 euros] par mois, ne pas se plaindre, dénoncer et piéger [d’autres détenues], renoncer à ses derniers principes, se taire et endurer, s’habituer », explique encore Nadejda Tolokonnikova.
Seule Pussy Riot en liberté, Ekaterina Samoutsevitch était lundi 14 janvier l’invité d’une conférence sur la liberté artistique aujourd’hui en Russie organisée par l’association Russie-Libertés. Par l’intermédiaire de la visioconférence, elle est revenue sur les conditions du procès intenté aux Pussy Riot et sa vision de la Russie actuelle (son interview est à lire sur le site des Inrockuptibles). Dénonçant fermement l’utilisation à des fins politiques de l’Eglise orthodoxe par Vladimir Poutine, Samoutsevitch est notamment revenue sur les raisons du happening mené en la cathédrale du Christ Saint-Sauveur à Moscou : « Le pouvoir russe s’est emparé de la religion et utilise les symboles et l’ensemble de l’ordre orthodoxe à son profit. Dans le même temps, il mène une politique ultra conservatrice à l’égard des minorités, les femmes et les LGBT en premier lieu. Cette politique rétrograde est encouragée par l’Eglise. C’est pour cela que notre groupe a mené sa dernière action en la cathédrale du Christ Saint-Sauveur à Moscou. » Pour le reste, parfois évasive en raison des pressions qui pourraient être exercées contre elle, Samoutsevitch confiait la quasi-impossibilité de poursuivre son combat de la même façon. « Maintenant et en raison des problèmes, il apparaît très difficile voire impossible de continuer… Reste que notre objectif était à l’origine de créer un phénomène viral. Si quelqu’un veut le répéter, libre à lui… » Et libre à nous, en France et dans le monde entier, de ne pas oublier le sort des artistes russes et des opposants emprisonnés. Free Pussy Riot !
Et je toise quai Velvet l’ombre luisante de Gerald Malanga, et elle danse le fouet à la main, et je comprends, là, que nous ne comprendrons pas les existences gelées de Maria, Nadejda et Ekaterina. Ici, la société a tant muté que l’Église, quand elle souhaiterait qu’on lui jette un regard à défaut d’une entente, serait forcée de recruter une femme relookée en travelo porte-parole de sa croisière au nom de la Sainte Famille. Drella se lime le nez. Lou et John gémellisent leurs divergences élémentaires. Feu et eau. On s’enfourne, puis on se trempe. On ressort incassable et tranchant. Rock ‘n’ roll anime all, pédale hypervirile, déconographe intimidant, hideusement somptueux. La distorsion de la Telecaster égale un déraillement de métro aérien. Tu veux monter dedans, baby? Filons ensemble, tout droit sur l’État KGB, j’te (crois, moi), y’a plus rien à en tirer. Femme du pays de l’Est, je (Ne t’oublie pas). Les tsars sont tombés. Les apparatchiks sont tombés. Les dominos ne sont pas des béryls. Je veux des Clang. Je veux des Stalfk. Je veux te voir djorafler les zironcles. Inspire un grand coup! femme. Inspire-nous un grand coup! Le Far West a besoin de tes vertèbres de baobab têtu. Le Serpent est désormais au fond du piège qu’il a tendu. Attendons, ce n’est plus qu’une question de heurts. Tes sœurs sont deux grands reporters dépêchés à la frontière russo-russe, au cœur d’un écœurement qui a cessé d’être indicible. Quels putain d’cons! les tueurs. Incapables de prévoir ce qu’ils n’ont jamais pu entrevoir. Le criminel prend son pied avec du tragique. Or la tragédie n’a rien de jouissif. Dès lors, ceux qui en jouissent n’ont pu que jouir hors d’elle. Qu’ils me laissent à présent les mettre hors de soi! L’opposition n’existe pas en Russie, comme disait l’hôte. Sans blague… mais alors, c’est comme y’a vingt-cinq ans? Échec des maths. Casse-toi, pauv’ Kasparov! Ziggy enfile sa robe à fleurs. Il me tient en respect, prêt à bondir dans le secret désir que ce soit moi qui fasse le premier bond. Avec le temps, il ressemble de plus en plus à l’actrice de Blow-Up. Une morgue dans la moue, sa tendresse infinie glisse dans les commissures d’une paire de lèvres tordues de dégoût. La Syrie cyrillique débite ses inepties. Le Christ Saint-Sauveur saute dans sa propre flaque et s’aplatit dedans sous un suaire substituable au rideau de scène d’Olivier Debré. Le théÂtre, vous comprenez… La Russie est un camp de travail féminin. La prisonnière n’y reçoit pas un reflet de voir. Elle se voit antivivre dans les crevures de l’antivie. Je lance ici une dépression collective en soutien à Maria Alekhina. Aux larmes, citoyens! Formez vos battes, haillons! Il y a deux manières d’asservir les femmes. Les menacer de mort lapidaire ou les plonger dans une misère les poussant au tapin.