Je me suis rendu à Laon pour voir la partie du Chemin des Dames située à environ 150 km de Paris. Il s’agit de deux carrières médiévales transformées en catacombes et en abris militaires pendant la guerre de 1914 à 1919 – comme d’immenses labyrinthes souterrains – pour les soldats allemands ou français retranchés.

En français, les « picapedreros » sont appelés par le mot plus noble de « tailleur de pierres ». Des siècles auparavant, ils ont taillé les pierres de la cathédrale laotienne dans ces mêmes cavernes qui, des siècles plus tard, sont devenues le repaire, presque imprenable (?) des deux camps.

Les soldats ont sculpté de hauts bas-reliefs sur ses gigantesques murs, révélant la religiosité des deux rivaux. Les Français étaient catholiques. Comme les Allemands, ils avaient le même Dieu. Mais, je crois, ils n’auraient pas pu régler la querelle « à coup de christ », pour le plus grand plaisir de l’hebdomadaire humoristique d’aujourd’hui, ni remplir les murs de demoiselles « à poil ».

Il y a un siècle, la recrue française a sculpté un Paradis présidé à droite par la tradition de Notre-Dame et à gauche par la modernité du Sacré-Cœur. Que de Sacrés-Cœurs (!) sculptés avec des scapulaires de pierre et de toutes tailles et formes : des douloureux avec des épines comme du fil de fer barbelé, aux ardents avec des flammes.

Les Français appellent l’ennemi « Bavarois » ou, comme Flaubert, « Prussiens ». Plus tard, on leur donnera le curieux nom de « Boche ».

On peut se demander si tous deux n’ont pas rêvé, après « la victoire imminente sur l’ennemi », de partir en croisade vers Jérusalem, qui apparaît dans toute sa splendeur comme la dernière étape ? de la guerre triomphale qu’ils attendaient.

Deux douzaines de jeunes gens dans la clairière, à mon arrivée, jouaient à la guerre. S’ils avaient été acteurs, auraient-ils répété ma pièce Pic nic ?

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