Après Hiroshima et Nagasaki qui sonnèrent les trois coups des Temps modernes, sommes-nous, simples vivants, menacés par l’arrivée fracassante de l’Intelligence Artificielle, d’une nouvelle Apocalypse en puissance, supplantant sans coup férir la modeste intelligence neuronale dont nous avait doté la Nature, prenant partout et à court terme le pouvoir absolu, et s’inventant, pour finir, une conscience pensante autonome ? Telle est la question que pose un ouvrage aussi riche que désordonné, balançant contradictoirement entre alarmisme, meilleur des mondes et avenir radieux, intitulé La guerre des intelligences, du docteur Laurent Alexandre, d’où j’ai tiré l’essentiel des informations qui suivent mais pas la même conclusion.
Que s’est-il donc passé ce désormais fameux 14 mars 2023, appelé à rester pour le meilleur et pour le pire dans la mémoire de l’humanité, pour qu’un Elon Musc, apprenti-sorcier s’il en est, et d’autres gourous de la « Tech » de la Silicon Valley, s’alarment en masse et prônent eux-mêmes, toutes affaires cessantes, un moratoire sur l’IntelligenceArtificielle, en raison des manipulations vertigineuses qu’elle autoriserait demain, selon eux qui en sont les artificiers « involontaires », dans tous les compartiments des activités humaines ?
Ce jour inaugural vit le lancement mondial de ChatGPT4, la première IA générative grand public. S’ouvraient librement, sur un clic de votre ordinateur, la création d’avatars jusqu’aux plus fous et plus baroques, le transformisme généralisé, les fakes news à la pelle, à la portée de tous. Et impossible de distinguer le vrai du faux, l’original de l’artefact. Faire vaticiner le Christ ou Mahomet dans le désert est désormais un jeu d’enfant, nous dit Laurent Alexandre. Une vidéo de 2012 mettait en scène un Président Obama plus vrai que nature. Aucune police du Net n’existe encore à ce jour, a fortiori il en ira de même pour ChatGTP4. Bonjour les escroqueries en ligne par substitution d’images, de voix grâce à des solutions en kit achetées sur le Dark Web ; bonjour l’invention de sites-fantômes pour l’hameçonnage des données personnelles ; bonjour les campagnes parfaitement cadrées des fermes de trolls faussement amis.
Kesaco l’IA, au juste ? C’est quoi, ce machin chose ? vous demandez-vous avec appréhension. C’est d’abord avoir laissé les GAFA, ces capitalistes cognitifs, recueillir et emmagasiner des millions d’informations que vous générez gratuitement chaque jour sur Internet et les réseaux sociaux, sur tous les sujets, par vos achats, vos messages, vos échanges. C’est ensuite livrer le tout à un ordinateur surpuissant, capable, tel Frontier, de dépasser un milliard de milliards de connections par seconde, qui soumet son incroyable corpus linguistique, les quelques milliards de paramètres et d’unités textuelles collectés, aux algorithmes qui traitent de la recherche ou de la création que vous venez de lancer. ChatGPT4, au départ, est la combinaison de composants algorithmiques simples. En outre, vous pourrez bientôt participer de plain pied au Festin numérique auquel nous sommes tous conviés, augmenter votreintelligence neuronale en la mariant par des implants neuro-cérébraux aux ordinateurs ad hoc, et utiliser des nano-robots inter-cérébraux branchés sur vos propres 80 milliards de neurones. Nous serons tous autant d’aimables cyborgs.
Jusque-là, tout va encore à peu près bien, et tout le monde ou presque, grâce à l’Intelligence Artificielle modérée, est gagnant, en assistance hypervéloce à toutes sortes de tâches matérielles, techniques, sociales, intellectuelles. Sauf, bien sûr, tous ceux, et ils seront nombreux, particulièrement dans les classes moyennes, infortunés naufragés du Numérique, qui vont perdre leur job, désormais assuré par la machine, mille fois plus rapide. Ne vaut-il pas cent fois mieux, en effet, laisser ChatGPT4 réfléchir « bêtement » sur les problèmes, les tâches qu’on lui soumet, lui qui est sans frontières, omniscient, sans émotions ni ego ?
Mais tout cela n’est encore que prémisses. La suite logique ne va pas tarder, et elle est effrayante.
Pour l’heure, ChatGPT4, s’il dépasse largement le cerveau humain en célérité, croisement des datas, ne pense pas, n’a aucun bon sens, aucune conscience de soi ni du monde. Mais à force, ChatGPT4 et ses successeurs vont devenir de plus en plus intelligents. Jusqu’au point, selon les esprits les plus autorisés, dont notre docteur Alexandre, où ils risquent bel et bien de finir par se fabriquer une conscience à eux en bonne et due forme. Et ce jour-là, à en croire les alarmistes, n’est pas pour dans longtemps. Plus rien, alors, ne pourra arrêter l’Intelligence Artificielle, sinon une autre Intelligence Artificielle, de régenter le monde des humains. Nous ne serons plus que des clones électroniques. Le Grand Remplacement, loin d’être ethnique comme le pensent aujourd’hui les salauds et les imbéciles, sera électronique. La prise des cerveaux est pour demain.
D’autant que « nous préférerons un bien-être facile à une liberté difficile » nous représente Alexandre. De même, nous préférerons bientôt que des robots tout-puissants fassent la guerre à notre place plutôt que nous en combattants. L’Europe, sous la coupole irrésistible de l’Intelligence Artificielle à qui nous aurions aliéné notre liberté, deviendrait le Café de Flore du monde.
Que faire face à ce sinistre fatum aux allures de science-fiction ?
C’est là où l’ouvrage, faute que l’on puisse lire l’avenir dans le marc de café électronique, pêche par défaut.
L’horizon à trente ans, voire moins, d’un contrôle du monde par des humanoïdes cybernétiques, laisse notre auteur muet. Face à ce silence, une seule solution, serait-elle temporaire : le moratoire, en effet, chez ses créateurs eux-mêmes sur l’Intelligence Artificielle de quatrième génération, aujourd’hui encore dans les limbes.
Problème : les Chinois ne respecteront pas la pause, et pour ne pas se laisser distancer, la course à l’IntelligenceArtificielle reprendra sur les deux bords du Pacifique. Avec l’Europe pour spectateur.
…vous pourrez bientôt participer de plein pied au Festin numérique…
Et si ChatGPT vous proposait:
…vous pourrez bientôt participer de PLAIN PIED au Festin numérique…
Qu’en penseriez vous ?
Non à la psychose du désastre. Chaque découverte a son potentiel d’utilité et de dangerosité pour l’humanité : un laboratoire de virologie qui traque les virus les plus dangereux et puis laisse la porte ouverte, une centrale qui rejette ses déchets à la mer, une intelligence artificielle qui prend la posture du supercomputer HAL à bord du vaisseau spatial de « 2001, Odyssée dans l’espace », du génial et visionnaire Kubrick, d’il y a seulement 55 ans. Sans vouloir minimiser l’impact potentiellement négatif de la technologie de l’IA, il ne faut pas non plus excéder dans la paranoïa. À ce sujet je rappelle le ridicule suscité par les commentaires de la presse à l’occasion des essais au CERN de Genève pour traquer la « particule de Dieu », le fameux boson de Higgs, en évoquant la création dans le grand collisionneur de minitrous noirs capables d’avaler la terre (sic!). La croissance exponentielle de l’humanité et celle de signe opposé des ressources disponibles pour son existence, confrontée de surcroît à l’entrée dans l’anthropocène, nous font penser au grand déplacement plutôt qu’au grand remplacement. D’où un bienvenu à l’IA. Il faudra par conséquent voir la vie de plus en plus en termes de cyborg couplé à l’intelligence artificielle. D’autre part la cybernétique fait déjà amplement parti de notre vie commune. Au niveau le plus élémentaire qui n’a pas des prothèses dentaires ou ne porte pas des lunettes ? Sans compter des implants divers et variés en remplacement des organes périmés. Alors quel futur plus au moins lointain ? Pouvoir fabriquer les pièces de rechange de ses organes afin de rallonger son espérance de vie pendant le long voyage interstellaire vers un point de l’espace habitable, une réalité qui ne sort plus du cinéma. Et l’Europe en spectateur ? Nous n’avons qu’à faire venir Elon Musk chez nous et son entreprise X.AI Ce serait la meilleure des acquisitions dans le domaine.
Non à la psychose du désastre. Chaque découverte a son potentiel d’utilité et de dangerosité pour l’humanité :
un laboratoire de virologie qui traque les virus les plus dangereux et puis laisse la porte ouverte, une centrale qui rejette ses déchets à la mer, une intelligence artificielle qui prend la posture du supercomputer HAL à bord du vaisseau spatial de « 2001, Odyssée dans l’espace », du génial et visionnaire Kubrick, d’il y a seulement 55 ans.
Sans vouloir minimiser l’impact potentiellement négatif de la technologie de l’IA, il ne faut pas non plus excéder dans la paranoïa. À ce sujet je rappelle le ridicule suscité par les commentaires de la presse à l’occasion des essais au CERN de Genève pour traquer la « particule de Dieu », le fameux boson de Higgs, en évoquant la création dans le grand collisionneur de minitrous noirs capables d’avaler la terre (sic!).
La croissance exponentielle de l’humanité et celle de signe opposé des ressources disponibles pour son existence, confrontée de surcroît à l’entrée dans l’anthropocène, nous font penser au grand déplacement plutôt qu’au grand remplacement.
D’où un bienvenu à l’IA.
Il faudra par conséquent voir la vie de plus en plus en termes de cyborg couplé à l’intelligence artificielle. D’autre part la cybernétique fait déjà amplement parti de notre vie commune. Au niveau le plus élémentaire qui n’a pas des prothèses dentaires ou ne porte pas des lunettes ? Sans compter des implants divers et variés en remplacement des organes périmés.
Alors quel futur plus au moins lointain ?
Pouvoir fabriquer ses pièces de rechanger des organes pour rallonger son espérance de vie pendant le long voyage interstellaire vers un point de l’espace habitable, une réalité qui ne sort plus du cinéma.
Et l’Europe en spectateur ? Nous n’avons qu’à faire venir Elon Musk chez nous et son entreprise X.AI Ce serait la meilleure des acquisitions dans le domaine.