Découvrir un artiste appelle une autre oreille et invite à une nouvelle écoute, avec une sensibilité inédite. Arrangeur, compositeur, musicien et producteur, Jérôme Kayser a accompagné de nombreux artistes : il a travaillé aussi bien avec Ralph Thamar, voix de velours des Caraïbes des groupes Malavoi, Kassav’ ou Fal Frett, qu’avec le danseur et percussionniste brésilien Marku Ribas. Aujourd’hui, Jérôme Kayser nous offre son premier album solo, qui réunit douze titres, de « Comme une ronde » aux « Moulins de mon cœur ».
Paru chez BlackSalt Records, The Unfolding Letter est une révélation. Ce disque offre un bel hommage à l’écrivain Derek Walcott. Le titre de l’album est une référence au poème Elegy, issu du recueil White Egrets de Walcott. Ce poème est dédié à Aimé Césaire :
« I sent you, in Martinique, maître,
the unfolding letter of a sail, a letter
beyond the lines of blindingly white breakers,
of lace-laden surplices and congregational shale. »
Dans le dixième morceau du disque qui s’appelle lui aussi « The Unfolding Letter », on entend la voix de Derek Walcott, en écho à la flûte (jouée par Mô Beddiar) et en douce harmonie avec les autres instruments (guitares, basse, piano et percussions, tous interprétés par Jérôme Kayser dans l’enregistrement en studio).
Tel Stéphane Mallarmé, qui ouvre pour la première fois les portes des Folies-Bergère, et observe le spectacle de Loïe Fuller, danseuse qui invente une lente chorégraphie serpentine, nous sommes subjugués devant la création poétique et l’univers musical de Jérôme Kayser. Guitariste sensible et chanteur militant, Kayser déploie un album de toute beauté. A l’écoute de The Unfolding Letter, où se croisent rythmes créoles, jazz antillais, groove brésilien et douceur vocal, l’auditeur est emporté dans une ronde aux diverses influences et aux sonorités chaleureuses et aux accents mélancoliques.
D’une chanson engagée sur la liberté et l’égalité, comme « Aimé c nou », à une balade mélodieuse de bossa nova « Adieu foulard », Jérôme Kayser est un voyageur. Sa musique nomade touche notre cœur et notre âme : « Lueur de ces matins d’été / Sueurs saveurs de peaux mêlées », chante-t-il pour nous dans « Romance des alizées ».
Enfant, Michael Jackson se cachait sous l’escalier de l’Apollo Theater d’Harlem, à New York, épiant, les yeux écarquillés, reconnaissant chaque pas de James Brown, qu’il rêvait d’égaler un jour. A notre tour de nous glisser près de la scène et de tendre l’oreille, pour écouter les créations de Jérôme Kayser, créateur de nouvelles sonorités et artiste musical complet. Devant nos yeux éternels d’enfant, il nous offre un album somptueux, qui a déjà beaucoup voyagé : composé dans différents studios à travers le monde, aussi bien à Montreuil, en Guadeloupe, en Martinique ou à Los Angeles, The Unfolding Letter a été mixé en Israël, au Stutio Abadu, du Kibboutz Megiddo, par l’ingénieur du son aux multiples Grammy Awards Helik Hadar.
Par ses chansons, Jérôme Kayser déploie une envolée rythmique marine. Sa voix et celle de ses invités, qui chantent à ses côtés, décollent du sol et soufflent vers l’océan une énergie en mouvement. Ecoutez-le, sur cet album : il nous propose une traversée musicale, de l’Afrique aux Antilles ou au Brésil. Traversée musicale à la fois intime et flamboyante, tendre et puissante. Tel le faune libre et aérien, sorti d’un bas-relief antique, Jérôme Kayser nous offre l’inattendu du rythme associé à la douce mélancolie de la musique caribéenne.
Artiste en devenir du XXIe siècle, Kayser déploie le langage de la mélopée et de la syncopée, et fait découvrir dans son album un autre mouvement du corps et de la voix, tout en rythmes et en tempi mêlés.
The Unfolding Letter, Jérôme Kayser, BlackSalt Records Label, en vente sur le site de l’artiste : https://www.jkayser-music.com/