Il y a, dans un monde qui – ouvre les yeux lecteur ! – ne tourne plus très rond, des rendez-vous donnés qui ne se manquent pas. La rentrée littéraire est de ces retrouvailles systématiques, avec ses rituels, qui donnent au monde des lettres son tempo. Tout s’écroule ? Mais les écrivains écrivent, les éditeurs publient, les prix honorent. Et tant mieux ! Un prix littéraire trimballe toujours son cortège de génies des mots et de déçus, splendeurs et misères à la clé. Il désigne un talent autant qu’il illustre la jouissance d’un droit (presque un devoir) : le droit à la légèreté.
Quoi de plus futile qu’un prix littéraire ? Et en même temps, quel bel hommage rendu au travail de l’écrivain ! Là est sa beauté.
Et c’est, depuis 2015, le prix Transfuge, décerné par le magazine éponyme dirigé par Vincent Jaury, qui ouvre la saison. Un vrai bal !
Hier soir, c’est au cœur de la librairie Delamain, face à la Comédie Française, à deux pas du Palais Royal et du ministère de la Culture, que la remise des prix a eu lieu. Les écrivains Yann Moix, Simon Liberati, Nathan Devers, les critiques littéraires Eric Naulleau et Arnaud Viviant, entres autres, étaient au rendez-vous.
Transfuge a ainsi décerné le prix du meilleur roman français à Yann Moix pour Paris (Grasset), qui succède notamment à Olivier Py, Kamel Daoud, Nancy Huston mais aussi Alain Guiraudie.
Le prix du meilleur premier roman est revenu à Clara Benador pour Les petites amoureuses (Gallimard), tandis que le prix du meilleur essai a été obtenu par Jean-Paul Mari, auteur d’Oublier la nuit (Buchet-Chastel). Transfuge a également désigné Le Débutant (Noir sur blanc) de Sergueï Lebedev comme étant le meilleur roman étranger, et En mémoire de la mémoire (Stock) de Maria Stepanova meilleure découverte étrangère.
La ligne culturelle pluridisciplinaire du magazine l’a conduit à décerner également le prix du meilleur livre de cinéma à Luc Chomarat pour L’Invention du cinéma (Marest), le prix du meilleur livre d’art à Elisabeth Quin et François Armanet pour Le détail qui tue (Flammarion), et enfin le prix du meilleur livre de théâtre est revenu, à titre posthume, au grand metteur en scène Patrice Chéreau pour le quatrième volume de son Journal de travail (Actes sud).
Transfuge déclare ainsi la rentrée littéraire ouverte !