Ce fut un grand jour de revanche pour le parti du déshonneur et ses millions de votants mortifères qui, s’en avisant ou pas, cultes et ignorants mêlés, ont craché, en pensée ou par défaut, ce dimanche, malgré la victoire de Macron, sur l’histoire de la France, sali ses grandes heures, piétiné ses héros, outragé dans les urnes ses martyrs.

Hier, sans même que leurs noms aient été prononcés, le grand voile de la revanche jetait sur eux, en silence ou dans l’ombre et le ressentiment, ses opprobres passées, grosses désormais de toutes celles à venir. Ces millions de voix qui se sont portées hier sur la blonde Walkyrie valsant jadis au bal des nazis viennois resteront comme autant d’insultes in absentia faites aux grands noms qui ont fait de la France le pays des Lumières, ces amis du genre humain et de la concorde qui firent face, tout au long des temps, à l’obscurantisme, aux tenants de la force et de la race, à la servitude des hommes.

Insulte hier faite à la République multi-centenaire des Lettres, des Arts et des Lois. Insultes faites hier à Montaigne, à Voltaire, à Diderot et Rousseau, à Mirabeau, à Condorcet, à Madame Roland, à Madame de Staël, à Béranger, à Charles Fourier, à Stendhal et Lamartine, à Michelet, à Victor Hugo, à Courbet, à Zola, à Louise Michel, à Dreyfus, à Lucien Herr, à Jean Jaurès, à Romain Rolland, à Léon Blum, à Benda, à Gide, à Mauriac et Malraux, à André Breton, à Picasso, à Vercors, à Camus, à Sartre, à Claude Lefort, à Simone de Beauvoir, à Henri Alleg, à Germaine Tillon, à Simone Veil, insulte à ces milliers d’anonymes, militants, résistants, simples gens, qui dédièrent leur vie à la cause de la liberté et au progrès des esprits.

Qu’ils se le soient formulé en eux-mêmes ou n’en aient rien su de plus, ces mêmes insulteurs ont rendu les honneurs aux tenants de cette autre France de la terre des morts et des hiérarchies de toujours, aux sempiternels ennemis de la République des Droits de l’Homme et du citoyen.

Émigrés de Coblenz, ultras de la Restauration, Versaillais assassins de la Commune, Ligue des Patriotes anti-dreyfusards, Action française, fascistes du PPF, Vichyssois et collabos au service des nazis, vous voici proposée demain une nouvelle postérité, une nouvelle jeunesse. A nous Rivarol, Joseph de Maistre, de Bonald, Adolphe Thiers, Touvenel et Drumont, à nous Maurice Barrès, Maurras, Céline, Drieu la Rochelle, Brasillach, Jouhandeau, Bastien-Thierry et tant d’autres. Bientôt, et non plus sous le manteau, vous allez redevenir fréquentables, audibles, prophétiques. La grande réconciliation est pour demain.

Qu’on ne s’y trompe pas. C’est aussi cela, ce retour en gésine des mauvais fantômes du passé, ce remugle du pire, que charriaient innocemment, souvent inconscientes d’elles-mêmes, les 40 et quelques pour cent de voix qui se sont portées, hier, sur Marine le Pen.

Nous n’en avons pas fini, non, avec la Bête immonde.

3 Commentaires

  1. Moi je comprend les millions qui protestent contre l’insécurité dans leur banlieues, dans leurs transports publiques, dans les écoles, dans la nuit … les millions qui ont protesté contre tout ce qui a changé la France de ces personnes historiques et littéraires que vous avez énumerés. Moi je suis très privilegiée et donc pas affectée personnellement par ces changements inquiétants de nos sociétés, mais je comprend les gens qui le sont. Et savez-vous qui est la majorité des électeurs de l’extrème droite ici en Suède où j’habite? C,a va vous surprendre: Ce sont justement nos immigrés musulmans qui veulent changer notre système juridique pour déporter tous ceux qui ne se veulent pas intégrer et, donc, noircissent tous les musulmans chez nous … Bien sûr, comme membre de notre parti de la droite modérée (« Moderaterna »), je suis cent pourcent pour Macron, mais je vois dans notre tendance vers la droite un signe assez naturel et compréhensible de notre époque …
    Amicalement,
    Maja

  2. Sauf à se faire le marchepied des piétineurs de l’Irrépublique, le triomphal sublimateur de nos clivages revigorés veillera à ne pas priver d’air les mêmes courants républicains dont il se veut le rassembleur plus ou moins transitoire, et donc potentiellement durable.
    Ce qui jeta le discrédit sur la gauche et la droite, ce fut leur peur concomitante de tirer contre son camp, poussant l’opposition, comme la majorité, à tenir des positions caricaturales pouvant aller jusqu’à la manipulation de son propre ADN historique. La gauche de gouvernement est par définition une gauche républicaine. Le dernier président de la République que le PS eût porté au pouvoir n’en fut donc pas le saboteur.
    Tous ceux qui, aujourd’hui, songent à rallier la gauche antirépublicaine, sont les seuls et uniques instigateurs de l’empêchement dont Hollande fit l’objet. Qui plus est, leur stratégie s’est avérée être à l’initiative dans la catastrophe démocratique en cours. C’est donc à François Hollande de reprendre la barre et refixer un cap clair car honnête, intelligent car intelligible à ce qu’il reste de navigable au gré du transcourant. Ses contempteurs peuvent, quant à eux, quitter le navire et laisser émerger à la conscience collective ce qui est déjà une réalité depuis plus d’un quinquennat.
    S’il est vrai qu’un chef est fait pour cheffer, il est peu probable que la mutinerie soit l’objectif prioritaire d’un parti de gouvernement. Or gouverner, cela ne se fait pas sans une certaine cohérence idéologique. La logique voudrait que le Parti socialiste soit toujours prêt à endosser les responsabilités suprêmes. Et qu’il assume, en vue de cela, des divergences absolues avec les antiréformistes et relatives avec la droite républicaine.
    Concernant ceux qui, en cas de défaite, opteraient pour un ralliement à la majorité centriste plutôt que d’attendre une autre demi-décade avant de retrouver la possibilité éventuelle de présider aux destinées de la nation, il n’y a aucune raison objective de ne pas admettre que l’inéluctable procédure de divorce que leur choix entraînerait avec le parti dont ils sont issus, puisse se dérouler à l’amiable.
    Il est essentiel que la flexibilité politique prenne corps dans le corpus idéologique des partis de gouvernement. Il ne serait pas sain que le parcours de leurs membres s’embourbe dans un principe de prédestination dont le concept galvaudé ferait, d’une simple vaguelette, chavirer la planche de salut. La fabrication d’un personnel politique républicain ouvert au dépassement est non seulement valable, mais nécessaire à la viabilité de la République et, par voie de conséquence, à la survie de sa propre famille.

    • Hollande, ce has been. Vous ne croyez pas si bien dire, camarade Melonchon. Nous entrons dans l’aire de Poutine. Ah, celui-là, il ne manque pas d’ère ! Ère révolue ? Exact, et révolutionnaire.