Mon cher Volodymyr,

Alors comme ça, petit con, tu aimes jouer à la bataille navale avec moi ?

Tu t’es vanté d’avoir envoyé par le fond mon beau navire amiral. Tu vas le regretter costaud. Dans ma Mer Noire à moi, toute à moi, à moi seul ! C’est toi bientôt qui vas y faire trempette. Avec un lest aux pieds.

D’abord, est-ce je me suis vanté, moi, d’avoir bombardé Tchernobyl juste un peu ? Espèce de fake news, tu sais-bien qu’il a explosé, mon bateau, parce qu’un mataf de mes deux était allé fumer une cigarette dans la soute à munitions. Le feu de tes Neptunes, de tes Harpons ! Depuis quand t’as des Harpons, toi ? Ou alors, ce sont les Américains qui ont appuyé sur le bouton. Oui, c’est bien ça, c’est un missile de croisière américain qui a fait le coup. Tiens, je n’y avais pas pensé avant. Je vais pouvoir servir ça au bon peuple ce soir tout chaud à la Télé. (Tu vois, minus, tu as fini par servir à quelque chose). Ils ont bien des bases en Turquie, les Yankees, non, d’où tirer leur Harpons ? Bon, laissons tomber, je réglerai mes comptes avec Joe le Harpons quand j’en aurai fini avec toi, blanc-bec, puppet de Washington. Perd rien pour attendre, le Joe. OTAN en emportera le vent, Ah ! Ah ! Ah ! Les Pays Baltes sont pas faits pour les chiens. A qui le tour, Messieurs Dames ?

Revenons à toi, chien toi-même. Tu me parles de crimes de guerre commis par mes Braves que tu fais tant souffrir pour rien, espèce de tueur toi-même. Tu m’opposes mes gentils Bouriates qui seraient soi-disant autant de sanguinaires avinés. On a vu ta petite mise en scène, les corps sur la route à Bouchat. Ils bougeaient, tes figurants ! Et puis, tes crimes à toi, hein ? Contre mes tanks libérateurs que tu as lâchement flingués par centaines, alors qu’ils faisaient tranquillement la queue sur l’autoroute de Kiev pour ne pas abîmer les champs, les campagnes, compromettre les semailles de printemps et qu’ils manquaient, les pauvres, d’essence, de ravitaillement. Sans cœur, va ! Contre mes bombardiers qui font consciencieusement leur job de libérer par les airs notre sœur ukrainienne de tes fascistes zélinskiens, avions que tu abats chaque jour fascistement, fumier que tu es. Ce ne sont pas des crimes, ça ?

No Fly Zone, pleurniches-tu à ton Boris, ton Emmanuel du matin au soir. Je vais t’en coller, moi, une No Live Zone, à Karkiv, à Lviv, partout. Et les sanctions qui nous étranglent, tu y as pensé aux sanctions, tu te mets une seconde à nos places, tu souffres ce que nous souffrons ? Les chaînes de supermarchés français qui ferment, tu t’en fous bien. Nos couches-culottes, nos yaourts, nos camemberts, hein, salaud ? Et mes missiles que tu brouilles, si si tu les brouilles !, et qui, du coup, frappent à l’aveugle les gares, les écoles, les hôpitaux : c’est toi, c’est ta faute, et tu me mets ça sur le dos, assassin de ton propre peuple, ton soi-disant peuple ukrainien. Et ces colonnes de pauvres réfugiés que tu empêches de venir se réfugier en Russie, chez leurs frères de sang, et que je suis bien obligé de dissuader, ces traîtres à la mère patrie, d’aller chez toi, grâce à quelques malheureux tirs, pas de quoi, d’ailleurs, en faire un plat, ça s’appelle des dégâts collatéraux, du grand classique, rien de neuf sous le soleil. Tu crois que je vais t’en faire cadeau, des civils ? Les conventions de Genève sur les lois de guerre ? Tu plaisantes ou quoi ? Et puis les routes défoncées par mes chars : trop dangereuses ; des accidents graves seraient à craindre. Les ravitailler en vivres de première nécessité, ces villes rebelles qui me sont tombées sous la main ?  Et puis quoi encore ? Pour qu’ils ravitaillent à leur tour les terroristes ukrainiens restés planqués sur mes arrières ? Pas de ça, Coco. Je ne suis pas la Croix rouge, moi.

Bon, les viols. Là, je suis un peu embêté, j’avoue. C’est pas bien, les viols, je te l’accorde. Un ou deux peut-être, mais tout de même des centaines, certes dans le feu de l’action, ça fait tout de même beaucoup. Jusqu’aux vieilles de soixante-quinze ans, et même une morte. Pouah ! J’ai peut-être la solution. Ce bon vieux BMC, tu sais, le bordel militaire de campagne. Je vais remettre ça en route, pour la poursuite de la guerre, pardon, de notre Opération militaire spéciale. Ce sera plus un problème, les viols. Au chômage, tes blondasses ukrainiennes.

Causons un peu militaire maintenant. Tu as vu Marioupol. Ils vont résister longtemps, tes Nazis ? Et tu les encourages, pauvre fou. Je t’avertis : je vais les bouffer tout crus, tes Despérados. Feraient mieux de se rendre tout de suite, franchement, et de sortir de leur aciérie trou à rats avec un drapeau blanc. Non, on ne les butera pas dans les chiottes. Je donnerai des ordres très stricts à mes hommes en ce sens. Pas les chiottes. Mais tu sais ce que sont les soldats, surtout les Russes. Trop sentimentaux les Russes, ça n’obéit pas toujours, une fois le doigt sur la gâchette. Face à des vaincus désarmés, c’est trop tentant. Faut les comprendre, ça fait un mois que ça traîne, j’en ai vraiment assez, crois-moi, eux aussi. Ca ne peut plus durer, la comédie de la résistance. Tu te crois à Stalingrad, peut-être ? Non, c’est pas Stalingrad, c’est Berlin, mon pote. En avril 45. Tes hitlériens de Marioupol, c’est comme Hitler dans son bunker. Le suicide pour tes gars, je ne vois que ça, ou la reddition. Tu choisis.

Et puis tu m’énerves tout particulièrement sur un truc de ta Propaganda de merde. Je me serais retiré de Kiev, faute de pouvoir la prendre, trop de résistance, peur du combat de rues. Alors là, je me marre. T’as pas vu Grozny, banane ? Rasée à l’artillerie lourde, la bourgade tchétchène. Pas une pierre restée debout. J’aurais pu faire la même chose sans problème sur ta putain de ville. Pourquoi je l’ai pas fait, te demandes-tu ? D’abord, je peux toujours le faire, j’y réfléchis de temps à autre, figures-toi, bandit. A propos, t’as toujours tes sirènes d’alerte en état de marche à Kiev et ailleurs ? Bon. Ne lâche surtout pas l’affaire parce que ça pourrait bien être de nouveau ta fête vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sous le beau chant des sirènes. Ne te crois pas à l’abri, bien au chaud dans ton bunker, avec tes stingers américains à la noix et tes Javelins britanniques, ou le contraire. Non, je t’ai laissé un délai. Bon prince, le Vladimir. T’en as pas profité pour faire la Paix à la russe (« Tout ce qui est à moi est à moi, tout ce qui est à toi… » tu connais la chanson), sauf pour te réarmer et te balader pour me narguer avec ton Boris main dans la main dans les rues de Kiev, bande de dégénérés à l’occidentale. Dommage.

Parce que si tu continues à me bousiller ici ou là mon armée de libération antifasciste, je vais vraiment m’énerver pour de bon.

Tu as entendu parler de la bombe à neutron, des fois, Monsieur le clown qui se prend pour Churchill, laissez-moi rire ? C’est de l’atomique, mais propre. Très propre, le neutron. Je t’explique. Ca tue les habitants sans détruire le bâti. Alors tes villes résistantes, hein, elles ne vont pas faire un pli. Tu piges ?

Réfléchis bien. A bon entendeur, salut. Ma porte t’est ouverte. Tu te passes la corde au cou, et tu viens gentiment me voir à genoux au Kremlin. Je te laisserai la vie sauve. Aie confiance, aie confiance en Vladimir.

Signé Vladimir le Miséricordieux