Les tensions autour des manœuvres russes concernant l’Ukraine ne faiblissent pas. Pire, elles semblent devenir chaque jour plus brûlantes. Jeudi 3 février, le Département d’État américain faisait part de ses renseignements déclassifiés, selon lesquels des vidéos mettant en scène une attaque ukrainienne factice, prétexte à une invasion russe, pourraient bientôt être publiées en ligne. On assiste à cet échauffement des tensions avec un mélange d’effroi et d’incrédulité. Tout semble étrangement ressortir d’épisodes déjà connus. Une Histoire pas tout à fait la même, ni tout à fait une autre. On sait l’importance, en Histoire, des analogies. Cette façon, pour les acteurs et commentateurs d’un événement, de l’analyser à la lumière, littéralement, de la guerre précédente. Ainsi de ceux de 14, qui croyaient revivre les offensives éclair et chamarrées de 1870 ; les perdants de l’étrange défaite de 1940, qui s’armaient pour une guerre de position, quand quelques lucides avaient eu l’intuition, tel le colonel de Gaulle, qu’il s’agirait d’une attaque où les chars blindés et les forces de projection décideraient de l’issue. Ainsi, les analogies historiques manquent toujours le sens du contemporain, et pourtant elles viennent naturellement à l’esprit. D’une part, car elles constituent le seul prisme immédiat et convaincant pour sectionner, sur le réel, des prises d’intelligibilité ; d’autre part, et c’est spécialement vrai dans cette affaire ukrainienne, les acteurs de ce drame se représentent le monde avec une matrice issue d’un passé douloureux. Question de générations, ou de névroses, mais Poutine aux accents soviétiques ou Johnson et ses envolées martiales semblent déchiffrer l’actualité et les rapports de force contemporains avec des lunettes aux verres patinées par le temps. Avant eux, Gamelin estimait qu’il fallait en 1940 creuser des tranchées et que la Pologne, où, en un raid furtif et massif, Hitler avait brisé les lignes ennemies, n’était pas la France. Même Churchill ajourna face à Roosevelt et Staline au maximum le débarquement en Normandie, toujours traumatisé par le débarquement raté des Dardanelles, dont il avait eu la responsabilité comme Premier Lord de l’Amirauté.
La première analogie est aussi la plus épineuse et la plus spontanée. Le point Godwin constitue le degré zéro de la pensée. Pourtant, pour décrire la façon dont Poutine, prétextant un « espace vital russe », arrache à une Europe faible et des États-Unis repliés sur eux-mêmes, des zones d’influence qu’il avale et annexe sans coup férir, l’évocation de l’Anschluss d’Hitler saute à l’esprit. Poutine n’est pas le Führer ; et l’accabler de cette accusation trop énorme est sans doute (dans son cerveau pervers) un compliment extravagant. En revanche, c’est vrai qu’aucun chef d’État, depuis Yalta, n’avait aussi expressément, ouvertement, et résolument remis en cause les frontières de l’Europe. Les fondements mêmes qu’il invoque, et qui ne tiennent pas compte de la seule légitimité reconnue depuis 1918 aux bouleversements géopolitiques, les droits des peuples à se déterminer eux-mêmes, sont étrangement similaires à celle du pangermanisme. L’Ukraine serait russe, non pas car les Ukrainiens voudraient devenir des Russes, mais en raison, tout à la fois, d’une communauté de langue, d’un impératif ontologique de la Russie, d’un passé réécrit qui la lierait indissolublement à Moscou. Les seules fois où les frontières de l’Europe ont bougé, ce furent à la suite d’autodétermination, ou en tout cas, de la manifestation d’une telle volonté. On pense bien sûr à l’éclatement de l’ex-Yougoslavie. Poutine voudrait annexer l’est de l’Ukraine, transformer ce qui resterait de l’Ukraine en état-croupion, astreindre à une neutralité, en réalité une vassalité, la moitié de l’Europe, comme il a déjà mis la main sur l’Abkhazie et l’Ossétie en 2008. Mais il n’a pas d’autres raisons que la défense, assumée, d’un soi-disant impératif catégorique russe. Poutine invente le droit des peuples à ne pas avoir de voisins — et en cela, le rapprochement est éclairant. C’est ce point — et ce point seulement — qui recèle une parcelle de sens, dans la comparaison, commode et lumineux jusqu’à un certain degré, avec la rhétorique de l’Allemagne d’avant 1939.
La seconde analogie qui vient à l’esprit, c’est celle avec la Première Guerre Mondiale. Pourquoi ? Car dans l’historiographie des origines de cette guerre, plusieurs thèses se sont succédé. Pour simplifier, le traité de Versailles de 1918 avait rendu l’Allemagne « responsable » du conflit ; dans l’entre-deux-guerres, le marxisme voyait dans le déclenchement de la boucherie l’aboutissement des contradictions du capitalisme, ou, dans une version moins sophistiquée et plus complotiste, une intrigue ourdie par les différents complexes militaro-industriels. Après 1945, des historiens allemands, dans un exercice général d’éclaircissement des ténèbres nationales, en sont revenus à la thèse initiale d’un impérialisme allemand. En 2013, à la veille de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, l’historien Christophe Clark avait renouvelé le récit des origines de la Grande Guerre avec un livre devenu best-seller, « Les Somnambules ». Comme des insomniaques inconscients des conséquences de leurs actes, par une mauvaise lecture des intentions adverses, les dirigeants européens auraient tous marché aveuglément vers le précipice comme on se lève de son lit dans un rêve d’automate. L’expression de Somnambules a fait florès — plutôt d’ailleurs dans un sens légèrement décalé, celui d’une inconscience face aux périls du temps. Par exemple, Emmanuel Macron utilisait le terme dans un discours face au Parlement européen en 2018 : « Je ne veux pas appartenir à une génération de somnambules qui aura oublié son propre passé ou qui refusera de voir les tourments de son propre présent ! ». Macron avait raison de rédimer le sens des Somnambules, en le faisant devenir un synonyme du mot « Munichois ». Face à la montée des populismes et aux menaces des nouveaux impérialismes, il ne faudrait pas éprouver le lâche soulagement de Blum, ou s’aveugler sur l’imminence du danger, comme les « cons » fustigés par Daladier après Munich. Toujours est-il que cette lecture proposée par Clark des origines de la Première Guerre Mondiale apparaît, aussi brillante soit-elle, problématique. La France aurait sous-estimé le caractère belliqueux du gouvernement serbe ; l’Allemagne aurait surestimé l’effroi qu’une guerre inspirait à la Russie. En somme, Clark minimise la responsabilité allemande, et dilue la paternité de la guerre dans un ensemble de quiproquos entre gouvernements, la tragique et accidentelle conclusion d’une partition désaccordée entre hommes d’État poursuivant chacun des buts personnels et de politique intérieure. Or, à voir la façon dont la crise ukrainienne est gérée par le monde occidental, là encore, surgit l’image des Somnambules. Poutine estime que Washington, depuis Obama, ne place plus ses intérêts vitaux en Europe, et que, par ailleurs Biden est un Président faible ; Boris Johnson, pour faire oublier ses turpitudes politiciennes, surjoue la détermination britannique, sans laisser une porte ouverte, comme le fait Macron, à la diplomatie ; Scholz, l’Allemand, se perdant dans un attentisme gagé sur le coût exorbitant, militaire et politique, que représenterait une invasion de l’Ukraine pour Poutine. Tous ces insomniaques, les paupières closes, marcheraient, tels de nouveaux somnambules, vers le gouffre noir de la guerre. En réalité, comme la thèse de Clark avec la Première Guerre Mondiale, cette thèse, séduisante, s’avère spécialement généreuse envers l’agresseur, hier l’Allemagne, aujourd’hui la Russie. Si, peut-être, une série d’incompréhensions réciproques aboutit au désastre, il y a un fauteur de trouble, qui a précipité le chaos, et fait se lever la cohorte de somnambules hors de leur lit.
Enfin, la dernière analogie se révèle sans doute la plus pertinente. C’est celle avec la Guerre froide. Elle est vraie subjectivement, parce que vécue comme telle par les acteurs de cette séquence géopolitique. En tout cas, Poutine cherche à faire advenir cette réalité — il voudrait que la Russie, qui n’est plus l’URSS, retrouve le duopole russo-américain sur le monde. Comme l’enfant du film « Sixième Sens », qui voit les personnes mortes dans sa chambre, Poutine vit dans une réalité qui n’existe plus. Il est prisonnier d’une mémoire antiquaire, au sens de Nietzsche, celle qui empêche le contemporain d’advenir. Et donc, il provoque les mêmes crises que celles du temps glorieux où Moscou dictait l’agenda du monde. Plus que de « somnambulisme » il faudrait parler d’hypermnésie comme névrose dévastatrice dans cette comédie diplomatique. La crise ukrainienne serait une reproduction, mettons, de la crise de Berlin de 1958, quand Khrouchtchev énonce son « ultimatum de Berlin », sommant ses partenaires occidentaux de pérenniser l’existence de la RDA, ce qui rapprochera, pendant cinq ans, le monde de la guerre chaude. Il poursuit les mêmes buts que la Russie d’alors : obtenir des engagements pour conforter, et perpétuer, l’emprise de la Russie sur la moitié de l’Europe. Mais c’est vrai aussi objectivement : la crise ukrainienne n’est rien d’autre qu’une partie de poker menteur, un rapport de forces à ciel ouvert, où la Russie tente de pousser son avantage. La différence, c’est que les États-Unis, contrairement à 1958, n’ont pas réalisé, au moins jusqu’au début de la crise, que Poutine jouait ce jeu-là. Si les Américains ont l’impression de vivre une guerre froide, c’est avec la Chine. La Russie, pour eux, n’est qu’un élément perturbateur, dangereux, mais mineur. Poutine réclame leur attention. Comme en amour, l’inverse du sentiment n’est pas la haine, c’est l’indifférence. Poutine voudrait discuter des affaires du monde avec Biden. Il parie sur l’indifférence américaine, dans un contexte d’inquiétude envers la Chine et de repli stratégique, en même temps qu’il veut la briser. Et s’il récupère l’Ukraine, et un peu d’influence dans l’aventure, il aura, de son point de vue, fait coup double. Dans le fond, que Poutine croit jouer à Krouchtchev est presque une bonne nouvelle, puisqu’une guerre froide n’est pas une guerre. Et c’est une bonne nouvelle aussi, puisque ce sera, peut-être, le début de la chute pour Poutine. La Russie corrompue et autocratique de 2020 a moins d’alliés, et encore moins d’admirateurs, que l’URSS des années 1960. Vouloir replonger le monde dans la guerre froide est un mauvais calcul pour Poutine. Il a face à lui, un Président américain, qui, malgré tous ses défauts, appartient précisément à la génération qui a gagné le conflit avec l’URSS. Biden saura (on l’espère) se souvenir de ses années, comme sénateur expert des questions diplomatiques, où Reagan a remporté le bras de fer, en gonflant les muscles américains. Et, si les États-Unis sont (à juste titre) obnubilés par la confrontation avec la Chine, le rapprochement de Poutine avec Pékin pourrait signer sa chute. Vendredi 4 février, Poutine paradait justement en Chine, pour l’ouverture des Jeux olympiques d’Hiver. Or, si les États-Unis éprouvent le sentiment que cette question qui, en effet, ne les intéresse plus guère, celle de la Russie, est une pièce du gigantesque duel géopolitique avec Pékin, alors peut-être, réaliseront-ils l’importance et l’enjeu de la crise ukrainienne. C’est, à l’heure de la publication de ces lignes, ce qui semble être le cas. Au fond, on dit souvent qu’avant l’ère Reagan, l’un des principaux points de bascule de la Guerre froide avait été le rapprochement de Nixon avec Mao en 1971, prenant à revers l’URSS. L’alliance sino-russe de ce début février 2021, cinquante ans après, pourrait figurer un tournant inverse. Dans ce jeu compliqué de mémoires et de représentations, d’analogies et de métamorphoses du passé, ce concours d’hypermnésie, Poutine, heureusement, n’a pas le monopole du souvenir. Biden, qui a vécu originennellement la véritable Guerre Froide, et Macron, qui professait ne rien avoir oublié des tourments de la génération précédente, peuvent le lui disputer.
Poutine sera parvenu à fourrer dans l’esprit des russophones d’Ukraine la désastreuse idée selon laquelle l’aspiration de leurs compatriotes europhiles à rejoindre le monde libre, ses valeurs et ses droits, constituerait une bombe à retardement pour une communauté ethnoculturelle que son ancrage vaseux aurait poussée à développer une forme d’agressivité paranoïaque.
La sécurité des Russes est au centre des préoccupations de l’embryon d’empire boiteux auquel ils se raccrochent ; ce que l’on dit moins, c’est que la volonté de l’ex-URSS à ce que soient assurés ses intérêts vitaux est étroitement liée à celle équivalente de ses voisins occidentaux, qui auraient davantage à craindre son attitude bipolaire à l’égard du droit international qu’elle n’a elle-même à redouter leur tentative de maintenir la paix et la sécurité mondiales par une Entente cordiale universelle ayant vocation à se répercuter sur toutes les nations.
La finlandisation de l’Ukraine est une idée dangereusement courte, ou bien trop vaste en tant que sa logique est inopérante, sauf à s’étendre au reste du globe. Aussi, à moins d’une Révélation finale qui clorait le débat en beauté, une fois repoussée aux frontières de l’Ukraine, la menace occidentale serait demeurée égale, obligeant la Russie à réclamer la neutralisation de la Pologne, de la Slovaquie, de la Hongrie et de la Roumanie qui, une fois pacte-de-varsoviées, rendrait tout aussi irrémissible ce déterrement de hache de guerre par lequel continuerait de se manifester auprès des Russies, une alliance stratégique certes amoindrie, sans pour autant que l’indiscutable et outrageante supériorité qui la caractériserait en fût remise en cause.
Les États de droit unis apportent leur soutien aux infracitoyens du monde dans leur quête illimitée de justice et de liberté. Ils offrent l’asile aux persécutés. Ils n’agissent pas en agresseurs, hormis peut-être dans cette zone grise de la géostratégie où l’attention fluctuante envers le droit des gens oblige ses garants opiniâtres à évaluer le moindre mal avant de trancher dans le lard de l’Histoire.
Les exigences de la Russie sont partiellement justes et partialement extravagantes, les nôtres sont simples : nous souhaitons accorder à la nation ukrainienne le temps de parfaire l’unification de son peuple et de son territoire, en vue de parvenir à la stabilisation de son État et du régime politique pour lequel celle-ci a opté en conscience.
Nous conditionnons la non-intégration provisoire de l’Ukraine dans l’OTAN à la non-violation de son intégrité territoriale. Inversement, l’annexion du Donbass nous contraindrait à acter l’arrimage instantané de l’État ukrainien à l’Union européenne ainsi qu’à l’Alliance atlantique, ce qui lui ferait bénéficier, en cas d’attaque extérieure, d’un devoir de défense collective consubstantiel aux alliances de ce type, en l’espèce un déploiement immédiat des troupes de l’Organisation la plus puissante de la planète.
Gare à vous, Herr Poutine !
Marcher sur le Maïdan, ce serait aider le ver de la démocratie à s’introduire dans ce fruit rouge que vous eûtes le toupet de décréter « dessert national » sous plusieurs chapes de plomb démogéographiques où ce dernier avait causé des crimes de masse par intoxication.
Rappelez-vous l’Ur SS du 3e et ultime président du Conseil d’État de feue la RDA.
De Cronos à Holopherne, de l’ère des titans à celle des tyrans, l’ogre devrait toujours s’y reprendre à deux fois avant de se soulever la mâchoire supérieure et d’engloutir, la tête en l’air, une substance organique indomptable excitant son ego déprimé.
Chaque fois qu’un politique femelle, pilonné par un opposant mâle, se fend, pour mettre fin aux coupures de parole en rafales, d’un « Calmez-vous, ça va bien se passer… », qui sait si cela ne ravive pas « des moments très traumatisants » chez le mâle dominant ?
On a déjà assisté à cette scène. Et pas qu’une fois dans cette configuration relationnelle. Guère à l’envers, jusqu’à tout récemment. Et sans que cela eût jamais déclenché une bonne affaire d’état. Il faut avouer que l’homme, niaisement convaincu par son imaginaire reptilien de la suprématie musculaire et intellective de son sexe et, par suite, de la protubérance de son mental, aurait plutôt tendance à relativiser les menaces provenant d’une Athéna ou celles, plus désarmantes encore, d’une Artémis feignant de le rassurer pour mieux l’amener à se représenter les bleus dont elle le couvrirait, si d’aventure elle se lâchait. Le mâle du millénium ne sera jamais en reste avec une civilisation dont il a vite capté qu’elle se laisserait facilement entraîner aux confins de sa propre perversité, à condition que les modes de régression et d’oppression sous lesquels la bâillonnent les mêmes retourneurs de cerveaux auprès de qui ses propres valeurs ne se sont pas imposées, aient revêtu les traits de l’émancipation. Dernier en date des vices vertueux : le Hijabing Club de France.
« Les hommes naissent libres et égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres », disait le bouffon de la Cinquième République. Si notre seul angle de défense pour obtenir réparation d’auteurs de préjudices métaculturels, consiste à inverser le rapport des forces en absence, nous ne serons parvenus qu’à nous rétablir l’establishment à un niveau d’injustice équivalent.
Et Valls ! bien sûr, le politique le plus droit de la gauche, plus que jamais fascisé par les fascistes, mététisé par les métèques, bouffonisé par les bouffons, l’homme qui, à l’encontre de Z et d’anti-Z, au-delà d’une quichottesque prétention à nommer le réel, plutôt que d’empêcher la défiguration ou reconfiguration d’un entrelacs d’apparences de réalité confinant aux fausses apparitions, préfère prendre sa part dans son extraordinatrice transfiguration libre.
Pécresse ? pas sûr, bien qu’on ne désespère pas qu’elle nous épargne une seconde victoire sans honneur, après qu’elle se sera dégrisée d’une gloire qui, fût-elle faiseuse de reine, appartient désormais à cet âge de la pierre où la gauche de gouvernement était majoritaire, à l’inverse de celle — la victoire parallèle — d’une droite sociale dont le grand perdant du congrès des Républicains nous démontra qu’elle seule aurait une chance de rabattre les perdants de la mondialisation dans l’enclos d’un parti honorable.
la citation d’origine était, à ma connaissance : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Et bien entendu l’Etat français, qui à l’image de Bismarck n’en veut pas aux gens du mal qu’il leur a fait, a trouvé spirituel de l’apposer se déroulant sur plusieurs mètres sur le mur du hall d’entrée du Tribunal judiciaire de Paris.
C’est là, ce qui s’appelle, faire subir aux gens les derniers Outreau…
Bonjour. Les commentateurs, qu’ils soient de type somnambule ou hypermnésique, se placent dans la perspective dans laquelle ceux-qui-nous-gouvernent ne veulent pas la guerre : ce n’est jamais qu’un acte de foi
La crise ukrainienne oblige le président de la République à rester aux commandes jusqu’au terme de son mandat. Elle ne complique en rien la lancinante question de la candidature à sa propre succession. Je dirais même qu’elle la facilite au point de la lui rendre inéluctable. Quand on est chef des armées de la première puissance militaire de l’Union européenne et que l’on doit faire face à un risque de conflit imminent sur ce même continent où l’on a charge d’âmes par centaines de millions, on ne déserte pas.
Le voyage de Macron à Moscou aura eu le mérite d’offrir au maître du Kremlin l’occasion idéale de dévoiler ses véritables intentions au bloc de l’Ouest, au détour d’un bras de fer avec une présidente tournante de l’UE, comembre du Conseil de sécurité de l’ONU et puissance économique incontestable qui, si elle bénéficie du parapluie états-uniens, est restée inférieure à la sienne en termes d’arsenal nucléaire.
Le calme blanc dans le néant duquel la double paire de drapeaux de l’Europe des nations et le quadruple étendard warholien des Russies désailées, gardèrent, l’une vis-à-vis de l’autre, une distance de co-vide, n’était pas sans rappeler aux penseurs performatifs de 1989 que hélas, ô grand hélas, n’est pas prophète qui veut. N’en concluons pas de manière trop hâtive que la guerre froide nous concocte un comeback dans la veine pathétique du purgatoire paranormalisé d’un temps postreligieux inconscient de son propre état ; il eût fallu pour cela qu’elle fît place à un embryon de paix, qu’une mutation, bien plus profonde qu’un simple renversement de régime, déconstruisît l’instable équilibre des forces. Un remodelage de psyché collective pouvant permettre aux purs produits du système soviétique d’appréhender la différence de fond qui distingue un pays pacifique d’un pays pacifiste.
Les organes de l’OTAN étant et politiques et militaires, ils ont vocation à se déployer à travers des infrastructures défensives au carré, en tant que ces dernières ne sont pas offensives à l’égard des nations qui s’abstiennent de bafouer le droit des peuples à présider à leurs propres destinées. L’Ukraine a opté pour un futur différent de celui auquel l’enchaînait le vassal ahuri d’un tsar totalitairement perché au sommet d’un empire démantelé. Les Ukrainiens ont fait un choix en conscience, de manière démocratique. Ce n’est pas le cas des Russes dont le régime non pluraliste est une démocrature.
Que néanmoins, Poutine soit rassuré. L’OTAN n’a pas prévu de bombarder le Kremlin en vue de placer à la tête de la fédération de Russie un partenaire pour la Pax Americana. Nous préférons de loin qu’un Euromaïdan moscovite libère notre topographie commune du kagébisme transcendantal qui en sature les ondes.
« Si jamais l’Ukraine mettait à profit son engagement dans l’OTAN pour récupérer la Crimée, elle entraînerait de facto les membres de cette alliance politico-militaire dans un conflit avec la Russie. La France veut-elle être en guerre avec la Russie ? » lance Vladimirovitch à ces fils de p… de journalistes français qui viennent le provoquer dans son propre palais, avant de reconnaître la puissance nucléaire de son ennemi d’honneur, pour mieux appuyer tel le héros de Schrader tançant son propre miroir, sur un rapport des forces en présence qui lui est notablement favorable.
Feint-il d’ignorer, le bougre, qu’un Allié de premier plan figure non seulement au sein, mais en tête de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord ?
Lorsqu’il éprouve le besoin d’illustrer son propos en nous rappelant qu’en cas de riposte russe, nous Français n’aurions pas même le temps de réagir, pourquoi ne pas poursuivre sa petite leçon d’humilité en évaluant le temps de réaction que les États-Unis d’Amérique, en cas de glissement inopiné sur le bouton nucléaire, laisseraient à feue l’Union des républiques socialistes soviétiques ?