En ces heures dramatiques pour mon pays, l’Afghanistan, dont vous êtes depuis quarante ans le défenseur infatigable, je m’adresse à vous avec toute la confiance que nous avons en vous, mon père hier, mes commandants et moi aujourd’hui. Kunduz, Herat, Kandahar sont tombées aux mains criminelles des talibans et Kaboul, la capitale, est sous leur menace directe, avec le départ des Américains et, bientôt, des derniers diplomates étrangers.
Je vous sais plus que jamais à nos côtés et je vous conjure d’intervenir à Paris qui, grâce à vous, honora la mémoire de mon père, au printemps dernier, en lui dédiant un lieu à son nom au bas de l’avenue des Champs-Elysées. Je connais vos idéaux, cher Bernard-Henri Lévy. Je vous ai vu à l’œuvre, à nos côtés, il y a quelques mois encore, lors de votre récent reportage sur l’Afghanistan libre. Et je vous demande d’être, une fois de plus, notre interprète auprès des autorités et de la population française.
Il y a quelques jours, je citais à mes moudjahidines réunis au mausolée d’Ahmed Shah Massoud, dans notre vallée du Panshir, la phrase célèbre du Premier ministre Winston Churchill, quand l’Angleterre, après la chute de la France en juin 1940, resta seule face au nazisme. Vous aviez offert à mon père les Mémoires de guerre du général de Gaulle. La phrase y est inscrite en lettres de feu. Cette phrase terrible, qui a galvanisé le peuple anglais, c’est : « Je n’ai à vous offrir que du sang et des larmes ». Eh bien cette phrase est l’âme de notre résistance. Et je voudrais que vous le disiez, pour nous, au président Macron, à madame Hidalgo, aux Parisiens.
Dites-leur, s’il vous plaît, ce qui arriverait si Kaboul tombait demain : une vengeance terrible, les femmes de nouveau encagées, la servitude partout. Dites-leur, s’il vous plaît, que les talibans ne sont pas le problème du seul peuple afghan : l’Afghanistan, sous leur coupe, serait de nouveau le berceau du terrorisme islamique, les attentats contre vos pays démocratiques s’y fomenteraient comme par le passé. Dites-leur que ma région, le Panshir, restera, quoi qu’il arrive, le dernier bastion de la liberté afghane et dites-leur que notre liberté est, ici, comme en Irak avec vos amis kurdes, le rempart de vos libertés et de votre sécurité dans les belles rues de Paris.
Mais dites-leur, aussi, que le Panshir se prépare, pour la troisième fois en quarante ans, à subir les assauts des talibans et à les repousser – et qu’à la veille de cet assaut la situation est la suivante. Notre moral est intact. Nous savons d’expérience ce qui nous attend. Nous ne manquons ni d’hommes ni de vaillance. Et nous sommes résolus à nous battre jusqu’à notre dernier souffle. Mais nous ne pouvons pas mener ce combat seuls et nous manquons cruellement d’armes, de munitions, de ravitaillement.
Nos deux peuples, français et afghan, ont une longue histoire commune, faite d’idéaux partagés et de combats communs. Vos médecins, vos écrivains, ont laissé, vous l’avez constaté, plus d’une fois, de vos propres yeux, une trace indestructible dans l’esprit des miens. Ne nous abandonnez pas. Dites, je vous prie, au président Macron qui m’a fait l’honneur de me recevoir lors de ma visite à Paris, au mois d’avril dernier, que la France est notre dernier recours, le seul espoir qui nous reste.
Demandez quelque chose à Macron…?????????????? Ben voyons,il ne pense qu’à la Présidentielle 2022 et pourtant il y a urgence…J’écris là mais Kaboul est tombé et il ne reste plus que l’Aéroport jusqu’au 31 Août pour les évacuations…La grande débâcle en effet,cela me fait penser à la seconde guerre mondiale..Bon,il n’y a que ce rapport pour la déb^cle mais par contre pour la vengeance,elle est moderne et l’Afghanistan va repartir à l’âge de pierre avec les Talibans…Ce sont des vampires assoiffés de sang et de vengeances….L’occident comme les les Etats Unis d’Amérique agissent avec lâcheté,ils vont laisser le peuple Afghan sous le joug d’un destin mortifère..Je comprends Massoud et lui apporte mon soutien mais que faire,que dire et comment agir..? Je ne suis pas aux manettes de la France et moins encore du Monde ….Il faut que le Peuple Afghan se réveille et qu’il rejoigne la résistance un peu comme en France dans les années 40..Tous unis et vous serez plus fort contre un mal satanique..Couper la tête du serpent c’est la seule solution…Bon courage Je suis et Nous sommes avec vous.!..
Ce qui est terrible dans les propos que l’on entend, c’est de faire croire que tout se vaut :l’Afghanistan qui connaissait une fragile démocratie (gangrénée par la corruption, soit) et l’Afghanistan sous la coupe des talibans; Mais si tout se vaut, les habitants de Kaboul ne chercheraient pas à fuir par tous les moyens.
Et cette idée que « tout se vaut » et ce qui ressort des propos du président américain (« que nous soyons restés cinq ou dix ans de plus n’aurait rien changé… »).
Erreur tragique de croire que cette tragédie n’est pas notre tragédie.
C’est faire courir un risque inconsidéré aux hommes que de leur octroyer à tous le choix entre ce qui représente un bien pour l’humanité et ce que la plus féroce des bêtes jugerait immonde.
S’il n’était pas irrationnel que l’on craignît une tentative de désaffectation du temple des Lumières par l’indéracinable tribalité d’un clergé indigène qui, de manière mécanique, aurait profité de sa naturalisation pour inscrire dans la Constitution quelque prescription et/ou proscription issue de sa propre législation, la bienveillance de la République à l’égard du contre-humanisme ne profiterait guère plus aux Homo sapiens dignes de ce nom.
Le régime taliban fut l’une des plus affligeantes régressions déshumanistes du XXe siècle. Son rétablissement imminent est une abomination.
Cher Ahmad Massoud, face au bégaiement d’une Histoire qui n’avait pas hésité à vous démembrer d’un père dont l’aura mythique allait dépendre, comme souvent avec les mythes, du caractère tragique de son dernier acte, nul n’est mieux placé que vous pour savoir que, contrairement à ce que vous conseille une OTAN qui, d’entrisme en gangrène, ne sait décidément plus dans quel contexte de refonte civilisationnelle elle a pris forme, on ne recherche pas une solution politique avec le mal, fût-il incarné.
Il vous reste tout de même le choix du prochain vol, non pas pour le Berkshire où vous attendent vos condisciples, mais pour Paris, où vous pourrez rappeler à De Gaulle ce qu’un chef du monde libre est censé faire lorsqu’une large majorité des élites de son pays est encouragée à sauter à pieds joints dans le déshonneur et la guerre de mille ans.
L’Occident a peur de ces ombres hideusement déformantes auxquelles le réduisirent les déclins successifs des empires très chrétiens.
Or, ce n’est effectivement pas avec un Jules Ferry que nous hisserons les derniers barbares hors de leur abyssal complexe d’infériorité.
Ni avec l’autre Jules, celui dont la magnanimité avait convaincu ses assassins qu’il ne se douterait jamais de ce qui l’attendait en avançant vers eux, conscient et fier de sa bonne politique, dans l’enceinte du Sénat.
Non. Comme vous le voyez, il va falloir taper beaucoup plus fort. Dans le genre Théodose II. Convertir de force une triste engeance connue pour organiser des exécutions capitales dans les stades de football. La convertir non à une religion, mais à ce que les penseurs du XVIIIe siècle nous ont légué en matière de garde-fou contre le dogmatisme des petites frappes triomphantes, et donc contre un littéralisme qui rabaisse les plus saintes écritures au niveau du purin cérébral dans lequel s’esbaudit le petit père dépeupleur, sans compter l’intolérance qui fait force de loi, ou encore la religion du crime qui en procède. En deux mots, éclairer ces nouveaux païens que sont les chantres d’un multiculturalisme que l’on a imprudemment laissé s’arc-bouter contre les droits universels.
Monsieur le Président, aidez le peuple afghan! Ce qui se passe est une honte