Etrangement paré pour le bal de là-haut
Tu désires voler sur les rochers du sort
Alors que les critiques sont devenus furies
Face aux nouveaux modernes, ces bergers de Platon

Je te salue, Baudelaire !
Au centre de l’horreur tu t’invites au voyage
Laissant aux gourous la morale de joujou
Tu deviens le saint de ton cœur mis à nu
Que parfume des fusées lancées par l’innocence.

Je te salue, Baudelaire !
Tout damassé de portes sans issues ni secours
Tu nous tiens par la fête et surtout par l’étrange.
De ta chevelure, de salons et vérités
Ta cervelle te regarde et ne te connaît plus.

Je te salue, Baudelaire !
Muré dans le cachot de ta vraie sainteté  
Tu distilles la poésie, goutte à goutte, de ton temps
Sans craindre de naufrager sur ton sommet flottant
Tu vogues en sonnets fatalement exacts

Je te salue, Baudelaire !
Planant sur un déluge à peine universel,
Au cœur de ton bonheur tu triomphes, ignorant
Le déploiement d’étoiles dans ton sillage noir :
Le-vierge-le-vivace-et-le-bel-aujourd’hui.

Je te salue, Baudelaire !
Tout poète est un saint, le saint n’est qu’un poète
Quand sa tête repose sur les fleurs du mal
Les philistins entre eux, très fiers, se congratulent
Bercés par le roulis des certitudes molles.
Je te salue, Baudelaire !

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18 clinamen de l’an 148 de l’E. ‘P.
[9-IV-XXI apparent]