Durer peut-il être un mot d’ordre pour le temps présent ? C’est le défi que Pierre Caye lance à ses lecteurs, en proposant une lecture critique du motif saturé d’idéologie du « développement durable ». Il est plus qu’urgent d’en tirer la pure essence du durer, car à trop vouloir « soutenir » le Sustainable Development, on risque de se soustraire même aux lois de la pesanteur. C’est du moins la conclusion que tout lecteur un tant soit peu attentif de Marx formulera sans même lever la tête.

Pierre Caye n’en est pas à ses débuts. Ce spécialiste de Vitruve et du vitruvianisme à la Renaissance, très reconnu dans le milieu des écoles d’architecture, n’a pas voulu s’en tenir à un humanisme précisément « de façade ». Il a voulu prendre la bête par la toison : mesurer, au sein du flux économique, ce qui en lui présage une destruction totale de l’homme et de la nature. Critique de la raison destructrice, le livre de 2015, était impitoyable contre les thèses paradoxales, mais séduisantes de Joseph Schumpeter : détruisons nos propres produits, c’est le meilleur adjuvant à la création de nouveaux biens et à des développements futurs. En somme le désastre, c’est bon pour Dieu et pour l’Amérique… Pierre Caye ne s’est pas contenté d’ironiser sur ces conclusions monstrueuses, il les a démontées une à une, il a montré qu’on pouvait les rapporter à une métaphysique déterminée : l’enfermement dans l’être, dans la puissance par l’être, dans ce que Nietzsche a su dénoncer d’un seul coup : l’être comme volonté de puissance. Pour défaire la « destruction créatrice », il ne faut pas seulement modifier l’ordre du jour lors des Conseils d’administration des grandes entreprises, il faut trouver une échappatoire à l’être. Et ce fut le moment d’un exposé lumineux sur le néoplatonisme, où l’Un s’arrache à l’Être et se tient… au-delà de l’essence ! Tel fut l’objet d’un second livre publié en 2017, Comme un nouvel Atlas, d’un état meilleur que la puissance, où l’être est soumis à une critique sans faille au nom de l’Un de Proclus et de Jamblique.

 Mais laissons pour l’instant ces débats vertigineux sur la dernière philosophie antique et revenons à notre propos :durer serait le frein salutaire aux finalités fatales de l’Occident devenu monde. Qui veut prêter l’oreille à cet appel ? N’y aurait-il pas comme un gémissement secret dans cette exclamation publique ? Mais Pierre Caye est précisément ce sage qui devant l’impossible commence par instruire le dossier et propose des voies. Cette lenteur dans la résolution fait tout le prix d’un ouvrage qui est tout sauf d’actualité parce qu’il a prise sur l’actualité, ce qui est bien différent.

L’ouvrage propose d’abord une revue des grands projets internationaux. Il faut du courage pour entrer dans ces terres de compromis. Il faut repérer l’histoire des forces en présence, les contraintes du droit international et savoir se détacher du style des manifestes. Mais très vite une notion centrale se dégage : le temps. Les modernes veulent abréger le temps, et c’est par ce refus de concéder le temps au temps que Pierre Caye trouve sa voie d’entrée : il doit y avoir un temps qui échappe à la mobilisation totale des hommes et des choses. On pourra discuter les analyses de Kant, de Hegel, l’usage de Norbert Elias et de Gaston Bachelard qui servent ici à baliser un cheminement qui s’évertue surtout à ne rien partager avec Heidegger. Et Pierre Caye a raison d’échapper au temps des métaphysiciens pour s’attacher au temps des techniques car c’est lui qui permet de retourner la situation : non pas susciter un écart dubitatif entre le temps et la technique, mais proposer, précisément, une technique du temps, celle-là même qu’on a vu à l’œuvre dans le stoïcisme antique comme dans l’architecture classique : aménager, espacer, conduire pour accomplir. Il y a une chance temporelle dans l’œuvre humaine, et c’est elle qui va conduire à la seconde étape du raisonnement.

Car l’œuvre humaine ne se prolonge en œuvre temporelle que par le droit, les institutions, les patrimoines. Certes, on ne va pas contenir ces références dans le seul retour au Droit romain, ou dans l’œuvre bourgeoise de la Troisième république. Mais il devrait être possible, dans le cadre d’une véritable justice « intergénérationnelle » encore à fonder, d’instruire le droit à partir d’une extension du présent vers la transmission, comme si le geste ancestral du patrimoine, à présent dévasté par la circulation de l’argent, venait à se reconstituer sur le temps long de la durée. Mais cette nouvelle patrimonalisation, étrangère aux manipulations des gouvernances enfermées dans l’instant, ne se fondera pas sur des individus, des clans ou des classes, tous ruinés par la logique de la dette, mais sur la consistance à venir des états sociaux. Chez Pierre Caye, la durée socialisée devient le salut de l’instant  consumériste et le dur désir de durer, jadis chanté par Éluard, s’annonce comme la seule forme de travail social qui réconcilie la production et la préservation. 

L’homme n’est donc pas fait pour l’éternité, il ne chute pas dans le temps, il institue la durée. Au temps de l’entropie, il faut donc substituer une endurance qui résiste à la désagrégation des choses. Sur ces fondements, nous assistons à une relecture avertie des fondements du droit de transmettre, qui donne lieu à la réhabilitation de grands juristes oubliés, comme Maurice Hauriou, théoricien des institutions. Tout est bon pour faire front contre la mobilisation totale, même le chant de la terre, à condition de se rappeler que la nouvelle terre n’est pas seulement celle des sillons désormais surchargés de phosphates, mais la terre du temps, la terre de la durée de l’homme vainqueur de son propre acharnement à devenir machine. 

La civilisation à venir sera la civilisation de la maintenance, c’est-à-dire un travail au service de la durée. C’est un des fruits de ce livre extraordinairement inventif que de sortir ce mot associé aux basses œuvres de l’usure et de l’entretien pour en faire son maître-mot. Les petits boulots comme les actions socialisées, sont là pour créer un double de la société mécanique de l’innovation, pour lui réserver un avenir au cœur même de sa propre avidité, pour seconder ses instants saccadés par une durabilité capable de se mesurer à la nouvelle prééminence de l’accident sur la substance. Car la substance à venir est une durée avant d’être une forme, et elle n’a d’autre forme que sa capacité à se projeter dans un avenir non pas d’érosion, mais de perpétuation. La maintenance est la grande néguentropie qui vient et les sociétés de service doubleront bientôt la fuite vers le non-être qui menace une société de production qui a usé tous les prestiges. 

Dans ce nouvel horizon, « la fragilité est non plus un obstacle, mais un fondement ». Elle annonce une éthique de la responsabilité qui devance dans sa radicalité les recommandations anticipatrices d’Hans Jonas. Le fétichisme de la marchandise n’arrive plus à écarter de sa hâte mortifère le soin, le labeur résiste au travail et l’équipe de dépannage s’empare de la machine où s’enraie la plus-value. Le discours sur les fins s’en trouve métamorphosé car les prophètes de la fin du travail réapprennent à travailler, simplement pour entretenir les mille réseaux dont ils ont besoin pour que leur agir communicationnel se débride. Car désormais, ce n’est pas la foi qui sauve, ce sont les œuvres : Pierre Caye ose cette répétition des grands débats du Concile de Trente, et je crois qu’il y prend un malin plaisir.

Un pareil livre arrive en plein confinement et entre, à coup sûr, dans le temps par le mauvais bout. Il mérite pourtant une lecture patiente car sous le vêtement de son style impeccable, il annonce un discours autrement musclé que ceux du catastrophisme ou de l’écologie intégrale. Résistera-t-il précisément au temps, à l’affolement des circonstances, aux politiques extrêmes et au goût de la mort qui est encore ce qui rassemble le mieux les hommes au temps de la guerre universelle ? Il est impossible de lire ce livre sans y sentir une nostalgie de la Res publica romaine et on y sent battre « l’admirable tremblement du temps » que Chateaubriand célébrait dans les dernières œuvres de Nicolas Poussin. Mais on peut aussi bien saisir, derrière ces apparences apaisées, une énergie, un sens de la pointe, une transcendance qui fait de Pierre Caye non pas un Orion aveugle, mais un Hercule vainqueur de Cacus, ce cracheur de feu, fils de Vulcain, qui lui avait volé ses bœufs. Car ce feu nous dévore et l’heure appelle, pour se soutenir, les Hercule, les Atlas, les Pantagruel qui jadis veillaient aux grands équilibres de la terre après le déluge.


« Durer. Éléments pour la transformation du système productif », de Pierre Caye, Les Belles Lettres, 376 p., 23,50 €.

8 Commentaires

  1. Vous auriez raison de vous méfier, car je ne me récuse pas.
    D’abord parce que les battements de coulpe ne me ressemblent pas ; ensuite, afin de donner toute sa place à la recherche d’une vérité que je n’ai toujours pas jetée aux orties.
    Aucune étude de cohorte n’est parvenue à réfuter ce qu’elle ne s’est jamais donnée pour mission d’examiner, à savoir les signes d’innocuité ou d’efficacité de la chloroquine dans le traitement précoce des personnes ayant contracté le SARS-CoV-2.
    Si le druide de Massalia représente une menace globale pour l’humanité, que ceux qui se portent volontaires pour nous protéger des bouffées délirantes qu’il projette sur eux, choisissent des armes dont ils ont la maîtrise et, avant de crier victoire, qu’ils s’assurent bien d’avoir atteint leur cible.

    • Raoult aurait-il tort sur toute la ligne, faire de lui l’ennemi de la science démontrerait une parfaite incompréhension de qu’est la recherche scientifique, et partant de tout ce que la science lui doit… savoir : tout.

  2. L’idée d’un dépistage de masse ne me dérange pas plus que ça, et par ça, j’entends le principe de vaccination obligatoire.
    L’isolement des patients atteints de Covid-19 ne me fait pas redouter une orwellisation de nos sociétés, du moins pas davantage que la perspective d’un Grand Confinement discontinu.
    S’il faut me répéter, l’intérêt singulier que je porte au protocole de l’IHU n’a rien d’inconditionnel.
    S’il s’avère qu’en prêtant l’oreille aux terribles insinuations proférées par Didier Raoult à propos de conflits d’intérêts entre l’industrie pharmaceutique et les prescripteurs des produits qu’elle met sur le marché, j’ai gauchement accrédité la mise en accusation que je peine à formuler, fût-ce pour m’en distancier, d’une mondialisation planifiée par l’Ennemi des Nations dans le seul but d’asservir une population mondiale rendue dépendante d’un vaccin qu’on lui présenterait comme incontournable pour anéantir un virus machiavéliquement mis au point en laboratoire, et ce en échange d’une liberté conditionnelle avant la prochaine conspiration des élites financières contre l’infraprolétariat mondialisé, je crains ne pas pouvoir continuer à tendre cette main secourable à un chercheur dont je hais néanmoins l’idée qu’il se retrouve seul contre ses pairs, moi qui aurais plutôt été du genre à m’interposer entre Uriel da Costa et ceux de mes coreligionnaires qui consentirent à enjamber son corps allongé sur le ventre au moment où ils sortirent d’un temple perclus de douleurs, en phase de reconstruction après un siècle de persécutions où la conversion au catholicisme avait été préconisée par les plus hautes autorités spirituelles soucieuses de préserver la vie aux dépens de la fidélité à une alliance quoi qu’il arrive indestructible, lequel temple ne souffrait pas l’idée que l’on pût évoquer, alors même que nous jouissions enfin, ensemble, d’un court temps de répit, la seule évocation d’une discussion portant sur la remise en cause de l’éternité de l’âme.

  3. Je n’attends pas d’un chef de l’État qu’il se hisse au-dessus de sa condition, en arbitre de sa propre élégance.
    Macron avait en tête de changer le logiciel français.
    Belle idée, à condition qu’au sommet de l’État, on s’en tienne à barrer le passage aux entravateurs de l’Histoire vraie et de son implacable ordonnancement, somptueux et inachevé.
    Peut-on sérieusement s’inquiéter, d’une part, de la haine grandissante des élites et, d’autre part, dénoncer à juste titre la trahison des clercs ?
    Les grands défis réclament de grands releveurs, puisque la science, comme la justice, est accouchée par le contradictoire.
    Si les juges étaient démocrates, ils appliqueraient la loi du plus fort, du plus faible, du plus méchant, du plus mièvre, du plus blanc, du plus noir, du plus bigot, du plus païen, du plus paranoïaque ou du plus cajoleur.
    L’État des droits est celui qui est apte à visionner en vitesse arrière la plus-que-lente chorégraphie d’un nœud gordien civilisationnel exigeant de sa part une radicalité désaveuglante.
    Le syndrome de Népomucène Lemercier travaille les vieux pays des continents séniles, et si le fait qu’un certain Bonaparte l’appelât son ami explique sans doute qu’un écrivain à la postérité minime, que ses contemporains qualifiaient de génie, fût admis à l’Académie française la même année où la candidature de Stendhal fut posée, on ne compte plus les grands personnages médiocres de la haute littérature, Oronte et Diafoirus bénis des petits dieux qui, aujourd’hui, n’ont plus d’yeux pour s’apitoyer sur la constellation d’inatteignables qu’ils avaient conDAMNÉS à vivre parmi eux.
    Oser prétendre qu’ils ne séviraient plus devrait nous alerter sur l’état général de notre citoyenneté des Arts et des Sciences.

  4. Pour le vaccin, pardon. Mais je vais encore attendre une vague de sons de cloches pour mesurer la réaction des navigateurs à vue, en cas d’effondrement du mur intramoléculaire, face aux mutants en provenance de pays anciennement dits sous-développés dont je n’aurai pas la naïveté de croire que le mur en question y sera érigé gratuitement.
    Pour le reste, je pourrais effectivement sauter comme un cabri en criant « Bas les masques ! Bas les masques ! Bas les masques ! » mais j’ai une sainte horreur des coups d’épée dans l’eau. Je me borne donc à mettre en garde nos gardiens de prison contre un dépassement du seuil de tolérance des victimes d’erreur judiciaire qui tournent actuellement comme des T-Rex en cage.
    Pour l’essentiel, le virus de l’humanité aura à cœur que Joe Biden s’assure que les alliés du monde libre, où qu’ils soient, quels qu’ils soient, sont traités en Alliés, à commencer par des Arméniens qui, à l’instar des Israéliens, doivent pouvoir disposer d’une force de dissuasion leur permettant de tenir en respect des exterminateurs qui ne les lâcheront pas, sauf que Kouchner, si je ne m’abuse, n’a pas été nobélisé en raison de sa prise de position favorable au droit d’ingérence dans les zones de conflit où la violation des droits de l’homme est flagrante, fût-elle protégée par le sacrosaint principe de souveraineté des États.

  5. ? % des scientifiques français ont fait le choix de se discréditer en taxant de charlatanisme une sommité de la recherche scientifique.
    Ce faisant, ils prirent en otage tout un peuple auquel, représentation politique comprise, il serait défendu de se déclarer pour l’un, plutôt que l’autre, sans tomber aussitôt sous le coup de la loi pour abus frauduleux de son propre état d’ignorance.
    Devons-nous nous réjouir d’être parmi les premiers bénéficiaires d’un vaccin qui, fût-il efficient, n’en resterait pas moins inutile dès lors qu’il demeurerait inaccessible à plusieurs milliards de globe-trotteurs en puissance et peuplant par là même une planète indéconfinable dont les nations interdépendantes sont imbunkérisables, sauf à déconstruire un modèle de civilisation qui eut le mérite de rendormir la Bête immonde chaque fois qu’elle était traversée par de brusques secousses ?
    Nous revivrons un jour au l’autre, avec ou sans visage.
    Nous réapprendrons à vivre, à refaire tout ce que qui fait (ce) que nous sommes, devrions-nous pour cela pérenniser l’usage du masque et de la distanciation sociale, mais nous nous retrouverons.
    La liberté de circulation de l’air, du sang, ou des personnes, est un droit primordial qui n’est pas loin de se confondre avec le droit de vivre.
    C’est la raison pour laquelle on substitua à la peine capitale, traditionnellement appliquée aux assassins, une lourde peine d’emprisonnement à perpétuité.

  6. Quand la France antijuive dénonçait un complot fomenté, avec le concours de l’ennemi prussien, par un jeune capitaine israélite appelé en tant que stagiaire à l’état-major de l’armée, — l’exil d’Alfred Dreyfus préfigure-t-il la déportation de tous les Juifs de France accusés de conspirer contre la patrie ? — quand, fidèle à elle-même, la France trahissait tous ses idéaux, cette partie désintégrante de la Troisième république prenait indubitablement un virage conspirationniste.
    Quand Lazare, puis Zola, révélèrent les véritables intentions des antidreyfusards contre la République, les Juifs et une idée de la France que nous aurions le plaisir de voir triompher par intermittence, les défenseurs du Juste ne fantasmaient pas, ils ne diffamaient pas, ils ne s’accrochaient pas à l’idée séduisante d’un vaste complot institutionnel là où un banal crime d’intelligence avec l’ennemi aurait été perpétré.
    Cela étant, la mise en évidence du caractère neutre du principe de dénonciation est aussi dangereuse que peut l’être celle de l’innocuité de la rampe de lancement utilisée par un lanceur de fausse alerte, alors même que toute forme de conspirationnisme pourrait s’en prévaloir.
    La science ne se fait pas seul contre tous. Ni vous ni nous n’oserions contester cela.
    Ludwig Boltzmann n’était pas seul contre l’humanité toute entière quand, quelques mois à peine avant que ses théories moquées par bon nombre de ses pairs ne fussent enfin confirmées, il décida de se pendre. Non seulement le père de la physique statistique travaillait en équipe, mais il n’y eut pas un jour où il ne dût se heurter au tombereau rhétorique de ses réfutateurs. Et puis, je crois bien que Démocrite se tenait à ses côtés et, pas très loin d’eux, un pourcentage non négligeable de scientifiques promis à un bel avenir parmi les siècles.
    Nous sommes d’accord. Un neurasthénique n’a pas besoin d’avoir le monde contre lui pour menacer sa propre vie. Et nous nous réjouissons avec vous que l’arrogance déçue des surdiplômés ordinaires ne conduise pas à l’auto-occultation la grande majorité des aberrations de la nature que sont ces points jugés aberrants par tout système prérenaissant, erreurs de l’anature dont les rouages inessentiels sont fort heureusement conscients de la transitionnalité de notre condition.

  7. Le Conseil scientifique a eu sa chance.
    La survenue d’une deuxième vague était-elle évitable ? Il nous dira que non.
    S’il n’avait pas de contradicteurs de poids, nous nous inclinerions, mais quelques voix se sont élevées aux portes de la cellule capitonnée mondiale ; une en particulier, dont les arguments ne sont pas moins articulés que ceux d’un collège d’impuissants assumés.
    Serions-nous disposé à reconnaître la faculté des facultés de médecine à nous protéger de médicastres et d’exorciseurs qui seront toujours prêts à marcher main dans la main pour chasser d’Arezzo les démons antinaturalistes ? Sans problème… aussitôt que les décrocheurs de diplômes (scientifiques) nous démontreraient qu’ils n’ont pas développé un rapport orwellien aux lois (scientifiques) vis-à-vis desquelles ils entretiendraient un respect proportionnel à la crainte du châtiment que leur vaudrait leur transgression.
    Nous avons testé le mépris des tests. Nous avons expérimenté ces laboratoires où l’on vous offre tout le temps de rencontrer le virus entre le jour du dépistage et celui du verdict.
    Nous proposons qu’en cas de troisième vague, la gestion de la crise soit retirée provisoirement au Conseil scientifique et à un consensus qui nous mène droit dans le mur, puis confiée au Pr. Didier Raoult selon qui la production de tests PCR avec résultats quasi-immédiats serait un jeu d’enfant, ce qui explique peut-être qu’elle soit hors de portée pour une communauté qui a parfois tendance à confondre intelligence et rétention d’informations.
    Nous proposons que les malades du Covid soient traités à temps, plutôt qu’après aggravation irréversible de leur état.
    Nous ne demandons pas à l’exécutif d’en prendre la responsabilité ; ses compétences en matière d’épidémiologie l’obligent à s’appuyer sur les sachants, et donc, à rechercher un consensus par delà les controverses inhérentes à l’émergence d’une science exacte, à tout le moins ébranlable.
    Ce consensus a eu sa chance.
    Et nous ne survivrons pas à des confinements à répétition. Notre civilisation ne survivra pas à l’effacement des visages, à la distanciation sociale prolongée, à la séquestration de masse, laquelle n’est tolérable qu’en tant que solution alternative pour neutraliser un à un tous les clusters jusqu’à éradication du SARS-CoV-2, chose impensable avec une espèce mutante qui ne se focalise pas sur le seul Homo sapiens.
    Le confinement ne sera jamais un mode de civilisation pour ce modèle d’humanisation que nous souhaiterions pouvoir continuer à appeler le monde libre.
    Aussi réclamons-nous le droit de nous exprimer par référendum, en qualité de peuple majeur et vacciné, sur une question qui divise les savants, une question portant sur une pandémie qu’aucun candidat à l’élection présidentielle de 2017 n’avait vue venir, une question qui met en balance la vie des Français et la survie de la France en tant que civilisation capable de financer un système de santé égalitaire.
    Les Français ont le droit se savoir si un traitement de la maladie à un stade précoce, pour chaque personne testée positive, aurait des chances de renverser de son trône le tout-puissant Covid XIX.