Samuel Paty, professeur d’Histoire au collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, est mort hier dans l’exercice de ses fonctions. Je dis dans l’exercice de ses fonctions parce que je sais qu’il y a, dans le métier d’enseigner qui était le sien, quelque chose de l’ordre de la vocation, du sacerdoce. On n’est pas enseignant uniquement dans l’enceinte d’une salle de classe : on est enseignant aussi chez soi, dans la rue, avec sa famille, ses amis, partout, à chaque seconde. C’est une question d’état d’esprit. De mission. De foi ? Je le crois, oui. La foi laïque des hussards noirs de la République, qui habite ceux qui croient en leur métier, au pouvoir émancipateur du savoir. Enseigner c’est marcher avec la jeunesse, vers la lumière éclairante de la connaissance, de la critique, du débat… Et ce matin plus qu’un autre, écœuré par le sang de la veille, c’est lutter contre toute forme d’obscurantisme. Cela étant dit, il est primordial de rendre hommage à « Monsieur Paty » comme, j’en suis certain, l’appelaient ses élèves. Hommage à Samuel, le collègue, l’ami, le parent. Samuel Paty, honneur à vous !

Honneur à vous, et à tous ceux qui ont fait de transmettre la culture leur destinée.

Je veux saluer mes professeurs aimés, partager avec vous quelques souvenirs, dire les hommes et les femmes qu’ils étaient, combien je leur suis reconnaissant, à quel point je leur dois tout. Qu’ils me pardonnent de les citer, mais il faut nommer ces êtres dévoués. Les nommer pour dire merci, pour témoigner, de moi à eux, d’un indéfectible soutien moral. Et j’encourage les membres de cette revue, et partout ailleurs, à partager leurs souvenirs de ceux qui, les mains dans la glaise, ont fait de nous des hommes. 

Merci Muriel, pour ta douceur infinie, la joie qui était la tienne, et ta passion pour les arts qui m’a fait croiser alors que je n’avais pas dix ans, les chemins de Dubuffet, Rembrandt et Picasso. Tu as coloré ma vie à grands coups de gouache. Grâce à toi, je sais lire, écrire, il n’y a pas de plus beau cadeau qu’un humain puisse faire à un autre. 

Merci Marie-Claude, pour le savoir-faire de tes gestes si aidants, tes mots salvateurs. Si je pense à toi les souvenirs qui me reviennent ont la texture d’un pull en Mohair, un parfum de feuilles mortes, de café et d’épluchures de crayons. 

Merci Philippe, le « Maître », qui avait le goût de Prévert, des chansons et des fables. Nous lisions ensemble Vendredi ou la vie sauvage de Michel Tournier, ça ne s’oublie pas. 

Merci Mme San Vicente pour m’avoir ouvert les portes du monde des livres : sans vous je n’aurais pas affronté un grizzly aux côtés de James Oliver Curwood, traversé des miroirs avec Lovecraft, ni chassé les poules sur le dos de Goupil.

Merci M. Mirouze, je cherche encore un professeur aussi drôle que vous. Je n’en ai pas trouvé. Un air latin de Brel me vient tout à coup en tête, écoutez-le… Rosa, rosa, rosam, rosae, rosaerosa, ça non plus, ça ne s’oublie pas. 

Merci Mme. Emboulas, Calamity Jane, je vous aurais suivi n’importe où, à l’aventure, suspendu à l’une de vos broches. Sachez que j’utilise encore l’expression « table chargée, table d’angoisse » !

Merci Mme Simonnet, je ne serais pas devenu ce que je suis sans vous. Dois-je en dire davantage ? Nous savons. 

Merci enfin à Mme Bru, avec qui j’ai vécu des moments de bonheur rares. Pour dire ces moments il suffit d’un nom : Flaubert. Et d’ajouter, car ce n’est pas rien, que j’ai partagé avec vous, le temps d’une semaine, votre passion d’enseigner. Nous étions, tous les deux, face aux élèves… J’en pleurerais de me souvenir…

Ces mercis lancés maintenant, et qui vaudront toujours. 

4 Commentaires

  1. 1. Y a-t-il un lien entre religion/culture musulmanes et ces actes ?
    2. Toutes les cultures, les religions, doivent-elles forcément perdurer ?
    3. Comment convaincre la communauté musulmane d’abandonner sa religion ?
    4. En attendant cet événement improbable, peut-on au moins compter sur les « modérés » de cette communauté (dont on nous dit qu’ils sont majoritaires) pour consacrer leur temps libre à la rencontre de tous les membres de leur communauté, dans chaque rue, immeuble, étage, appartement, pour échanger jusqu’à ce que les Lumières éclairent peut-être, enfin, l’islam et le monde musulman ? Pourrait-on filmer ces rencontres et les passer en boucle sur YouTube ? Pendant les 2 prochaines années, peut-on laisser tomber le prophète, les mosquées, les prières, La Mecque et consacrer chaque minute de loisir à ce nouveau pèlerinage ? L’idéal serait tout de même de prendre conscience que les religions ne servent pas à grand-chose. Et que, parmi celles-ci, Houellebecq a sans doute eu raison de donner la médaille d’or à l’islam.
    Pierre Weinstadt, Paris

  2. J’aurais voulu lire un peu plus sur Samuel Paty et son courage vis-à-vis de la barbarie … Mais merci pour avoir rendu hommage à lui.

    Et merci à M. Macron pour avoir fermé la mosquée responsable pour cette barbarie, selon nos informations ici en Suède.

  3. Netflix

    Octobre 2020. Quelques présidents, lors d’un réunion discrète, réfléchissent à la solution suivante : tout en poursuivant le combat qui dure depuis, disons 20 ans (11 sept. 2001), ne pourrait-on inventer une arme supplémentaire ?

    Laquelle ? Pour le dire vite, les services secrets de quelques démocraties répandent la rumeur qu’un nouveau prophète est arrivé. Cela peut prendre un an, dix ans, 50 ans. Qu’importe, la patience pourrait être payante.

    Saison 1 : trouver ce nouveau prophète. Un gars des banlieues ? Un agent du Mossad qui parle parfaitement l’arabe ?

    2027 : le choix se porte finalement sur A.B. (anonymisé), détaché de la BRI. Parcours exemplaire : Sciences Po, major de promo à l’ENSP. Marié à une ancienne avocate devenue juge aux affaires familiales à Lyon. Pour elle, c’était dur au début de la mission, quand la femme du prophète n’avait pas le droit de conduire.

    Saison 2 : peu à peu, réseaux sociaux oblige et autres gros moyens marketing (déployés par ce qui se fait de mieux au sein de la CIA, du Mossad, etc.), la rumeur se répand : Mahomet a un successeur.

    Son message est le jour de la nuit : la femme est l’avenir de l’homme musulman ; cet homme a le droit de porter une voilette mais ce n’est pas obligatoire ; tout musulman doit au moins une fois dans sa vie effectuer des travaux dans le domaine de la santé ou de l’environnement ; La Mecque devient un café littéraire ; le devoir essentiel de cette communauté de bientôt 2 milliards de personnes est de protéger (1) un peuple (population environ 15 millions) qui a failli disparaître, (2) un État de 20 770 km2 et (3) la communauté chrétienne.

    Bref, le premier prophète s’est égaré en 622. Il a chargé son successeur de présenter des excuses.

    Pourquoi ? C’est comme ça. Ça ne s’explique pas. C’est comme l’amour.

    Saison 4 : la mayo prend : les 2 milliards commencent à se convertir à l’islam version 2.

    Saison 5 : séparation de l’islam et de l’état. La femme d’A.B. conduit une BMW G 310 R avec casque mais sans voile.

    Etc. etc. etc. Je ne vais pas dévoiler toute la série.

    2085 : la page est tournée.

    Comme quand, après deux mille ans de Gauloises bleues, les Français ont cessé de fumer dans les lieux publics.

    Rappelez-vous, plus de clope au café, c’était plus impensable que la chute du mur de Berlin ou la rémission du cancer islamiste.

    Happy End : en juillet 2085, la FNAC a ouvert ses portes à La Mecque, en face de Big Fat Mama.

    Et l’argent, l’énergie, le temps pour des guerres incertaines ont pu enfin s’investir dans des cliniques, des écoles, des salles de concert, des plages sous les pavés.

    Pierre WEINSTADT, Paris

  4. Un nouveau pèlerinage.

    1. Y a-t-il un lien entre religion – culture musulmanes et ces actes ?

    2. Toutes les cultures, les religions, doivent-elles forcément perdurer ?

    3. Comment convaincre la communauté musulmane d’abandonner sa religion ?

    4. En attendant cet événement improbable, peut-on au moins compter sur les « modérés » de cette communauté (dont on nous dit qu’ils sont majoritaires) pour consacrer tout leur temps libre pour aller à la rencontre de tous les membres de leur communauté, dans chaque ville, rue, immeuble, étage, chambre, pour parler, échanger, jusqu’à ce que les Lumières éclairent peut-être, enfin, l’islam et le monde musulman ? Pourrait-on filmer ces rencontres et les transmettre en boucle sur une chaîne de télévision ? Pendant les 2 prochaines années, peut-on laisser tomber le prophète, les mosquées, les prières, La Mecque et consacrer chaque minute de loisir à un nouveau pèlerinage. Un pèlerinage vers Les Lumières.

    Le point 4 reste une piste secondaire. L’idéal serait tout de même de prendre conscience que les religions ne servent pas à grand chose. Et que, parmi celles-ci, Houellebecq a sans doute eu raison de donner la médaille d’or à l’islam.