Cette semaine s’est ouvert le procès en destitution de Donald Trump. La procédure est très solennelle : interdiction aux sénateurs, le jury, de prononcer un mot, sous peine de se voir emprisonnés, sergent en armes, et chef de la Cour suprême pour mener les débats. Mais elle est aussi extraordinairement inédite : un procès en impeachment est arrivé seulement deux fois dans l’Histoire américaine.
La première, en 1867, concernait le président Johnson. Johnson, à tous égards, était une erreur de casting : il avait été choisi par Abraham Lincoln comme co-listier pour l’élection de 1864 parce qu’il était gouverneur du Tennessee, un Etat du sud, et pourtant favorable à la Confédération, ce qui formait un contraste formidable avec Lincoln, un Nordiste devenu anti-esclavage. Il était le vice-Président démocrate méridional, en tandem avec un Président septentrional et Républicain. Mais, Lincoln a été assassiné en 1865, après son élection – quasiment cent ans avant l’assassinat de Kennedy… et Johnson est devenu Président, alors que les Républicains, le parti de Lincoln, le détestaient, et le prenaient pour un «red neck» du sud, ce qu’il était sans doute. Johnson s’est ainsi opposé au 14e amendement, celui qui accordait la citoyenneté aux Afro-Américains. Déboussolé, peu préparé pour être Président d’une Union en guerre, Johnson est devenu alcoolique, et s’est mis à faire des discours incohérents, embarrassants et mégalomanes. Chacun fut alors effaré, et la presse appela le Congrès à agir – et beaucoup, pour des raisons plus ou moins nobles, aiguisèrent leurs couteaux. Un Président qui est une honte nationale, «unfit for office»… Toute ressemblance avec des évènements contemporains ne serait pas fortuite ! Mais, l’impeachemnt s’enlisa, et tout le monde préféra attendre l’élection présidentielle suivante, où le général Grant, vainqueur de la guerre, s’imposa.
Le second procès en impeachment a eu lieu en 1998. Contrairement à ce que tout le monde pense souvent, Nixon n’a jamais été démis en 1974 à cause du Watergate. Nixon a remporté l’élection de 1968 puis celle de 1972, et face au scandale du Watergate, c’est la menace qu’il soit poursuivi (à cause d’enregistrements secrets, réalisés dans le Bureau Ovale, dans lesquels Nixon disait des horreurs, et que l’instruction parlementaire sur le Watergate avait découvert presque fortuitement) qui l’a poussé à la démission, puis son vice-Président, devenu Président, l’a gracié pour ces actes aussitôt arrivé à la Maison Blanche. Non, le seul précédent à l’impeachment de Trump, c’est celui qu’a subi Bill Clinton en 1998 dans l’affaire Lewinski. Comment s’est déroulé ce précédent impeachment ? Le parallèle est éclairant.
D’abord : les faits reprochés. Clinton était accusé d’un crime : celui d’avoir menti sous serment, à propos de ses relations sexuelles avec la jeune stagiaire de la Maison Blanche. Et ensuite, d’avoir organisé l’enterrement de l’affaire, par différentes méthodes : mensonges, achats de conscience, falsification, offre d’emplois fédéraux aux témoins gênants… Néanmoins, bien sûr, comme l’a résumé l’un des avocats de Clinton, Bumpers, dans une phrase célèbre : «Les Républicains vous diront que ce n’est pas à propos du sexe. Ce procès est à propos du sexe». Deuxièmement : l’attitude de l’opposition, et en particulier, celle de l’opposition au Sénat (qui vote donc, ou non, la destitution du Président). En 1998, les Républicains au Sénat se sont comportés avec une remarquable civilité. Celui qui deviendra le plus connu des accusateurs de Clinton, Lindsey Graham, aujourd’hui l’un des plus fervents soutiens de Trump après avoir été «l’adjoint» de John McCain, a pris la lumière en 1998. Obscur sénateur de Caroline du sud, à la voix traînante et à l’accent surjoué, il fut féroce, mais dut lui-même reconnaître que «savoir si les crimes de Clinton méritent la destitution, cela est de nature à faire douter un homme raisonnable» – ce qui est très modéré.
Troisièmement, l’attitude du camp du Président. En 1998, Clinton ne terrorisait pas son parti comme Trump le fait aujourd’hui. En 1998, le chef des démocrates a pris beaucoup de temps pour se mettre d’accord sur les règles, et la procédure du procès. Aujourd’hui, Mitch McConnell, le chef des Républicains au Sénat a tout fait pour réduire la durée du procès à trois pauvres jours, et empêche les démocrates de convoquer les témoins qu’ils souhaitent. Ces dernières semaines ont été émaillées d’incidents, les démocrates jugeant le procès entravé, les Républicains extirpant des règles byzantines avec une parfaite mauvaise foi. En 1998, la Maison blanche était furieuse que les démocrates soient si civils avec les Républicains. Clinton a embauché un ancien sénateur de l’Arkansas, Bumpers, madré et ancien camarade des jurés du Sénat, pour embobiner l’audience quand Trump a sélectionné des procureurs de combat, Kenneth Star (ancien accusateur de Clinton) et Alan Dershowitz (l’avocat héros du film Le Procès Van Bulöw de Barbet Schroeder) Aujourd’hui, cette atmosphère bi-partisane, ce sentiment que le Sénat est un lieu à part, en dehors des haines idéologiques, et que par conséquent les sénateurs de tous bords doivent montrer un visage d’union et de concorde pour leur institution, tout cela a disparu. Les sénateurs se voulaient impartiaux, fussent-ils du même bord que Clinton ; aujourd’hui McConnell assume d’être au Sénat pour défendre «son» Président. En 1998, les deux leaders des camps opposés étaient sortis de l’impeachment, comme le rapporte une anecdote fameuse, en s’exclamant «J’espère que cette bonne entente s’arrêtera bientôt !». En 2018, comme le résume un analyste dans le New York Times : «en 1998, avant le procès, le chef du camp présidentiel avait appelé son homologue de l’autre parti. En 2018, il a appelé le Bureau Ovale».
Les deux impeachments, contre Clinton et Trump, vont se terminer de la même façon : les électeurs savent à quoi s’en tenir (oui, Clinton est un obsédé sexuel, et oui, Trump est un peu corrompu) mais cela ne changera pas leur vote, et les deux Présidents vont donc s’en tirer. Et puis, il ne faut pas idéaliser 1998 : la haine contre Clinton et le clivage idéologique étaient surpuissants – Hillary en paya le prix dix-huit ans plus tard. Mais au moins, les institutions fonctionnaient. En 2018, à l’ère du trumpisme, il n’y a même plus la civilité des sénateurs pour donner un visage aimable à une République en plein tourment.
Olmert renvoie dos à dos son successeur au poste de chef de l’exécutif et l’assassin de l’AP.
Les politiques qui excellent dans l’art de marcher sur des œufs n’apporteront rien de bon, en tout cas rien de moins condamné d’avance que ce que nous promet le philosémitisme aux gros sabots de cette caricature de Donald Trump qui sévit à la Maison-Blanche, à un État juif dont le nouveau visage de l’antisémitisme a réussi à se persuader que ce dernier saperait l’avènement inéluctable, puisqu’il survint à sa naissance, d’un Israël démocratique.
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous nous inquiétons tant que la patrie des droits de l’homme se montre si soucieuse de préserver un équilibre entre le jihâd par l’épée prôné par le FataHamas et la politique d’implantation sécuritaire défendue par Shimon le Grand.
Olmert considère que les quartiers arabes de Jérusalem n’ont et n’auront jamais rien à voir ni à faire avec Israël.
Mais en quoi cela pose-t-il problème qu’une minorité musulmane soit incorporée dans la capitale d’un État juif souverain, que nous souhaitons démocratique, et par là même multi-ethnique, multiconfessionnel, pluraliste et laïque ?
Et comment pourrions-nous convaincre les Juifs des territoires palestiniens de changer de souveraineté, dès lors que nous ne concevrions pas que notre histoire plusieurs fois millénaire absorbe sans la désintégrer une dose d’altérité absolument nécessaire, aussi longtemps qu’elle ne la menace pas, à une identité juive trop consciente de ce que représente le risque d’extinction pour le laisser planer une nouvelle fois sur elle ?