Ce siècle avait 20 ans, et déjà Athènes terrassait Sparte… En parodiant Victor Hugo, l’assassinat du général Soleimani – ce Bonaparte iranien – marque la nouvelle année, la nouvelle décennie, et sans doute le siècle qui s’ouvre d’un sceau très inattendu.
A tous égards, l’évènement est contradictoire. D’un côté, même si il ne faut jamais se réjouir de la mort de quelqu’un, on ne regrettera pas longtemps la mémoire d’un homme, pro-consul d’Irak, qui a fomenté depuis vingt ans le terrorisme chiite au Moyen-Orient, et dont le propre bilan est sanguinaire. On peut trouver que les Etats-Unis y ont été acculés, face à la multiplication des attentats en Irak. Enfin, Trump signifie par là – contrairement à ce que sa politique suggérait précisément depuis trois ans – que les Etats-Unis n’ont pas l’intention de quitter la région. Mais, même d’un point de vue américain, cette mort comporte beaucoup de désagréments. D’abord, elle soude derrière le régime, très critiqué jusqu’à la mort de Soleimani, une population qui, il y a quelques mois, défilait dans les rues contre lui. Deuxièmement, on ne voyait pas très bien ce que pouvait faire d’autre Téhéran que de répliquer, en visant, soit Israël, soit le pétrole saoudien, soit, comme ils l’ont fait cette nuit, les bases irakiennes qui abritent des soldats américains. Troisièmement, enfin, l’Iran perd avec Soleimani le seul homme intelligent et un tant soi peu à la hauteur des enjeux, fût-il criminel – le reste du régime iranien étant composé d’ayatollahs corrompus, vermoulus, et tétanisés.
Que s’est-il donc passé ? Etait-ce un tir mal ajusté ? Trump s’est sans doute senti si fort – grâce à son pétrole de schiste, les Etats-Unis sont indépendants énergétiquement, contrairement à 1979 où Téhéran pouvait mettre Washington à genoux – qu’il pouvait se permettre cette quasi déclaration de guerre. Le président américain a peut-être, faute de réussir en Corée du Nord, voulu obtenir un geste d’éclat sur l’autre grand dossier diplomatique où les Etats-Unis ont été humiliés au XXe siècle. La mort de Soleimani est un acte qui contraste parfaitement avec le deal nucléaire d’Obama : la «force», le «courage» de Trump face à la pusillanimité et à la pleutrerie d’Obama – on entend déjà les arguments de campagne. Et puis, d’un coup, Trump a changé la conversation nationale : il y a un mois seulement, Trump était mis en accusation par le Congrès. Aujourd’hui, qui s’en souvient ? Les démocrates, Biden ou Sanders, sont coincés – entre l’appui, embarrassant, à une politique manifestement pyromane, ou le risque de passer pour un lâche et un traître.
C’est en tout cas, le début de quelque chose, qui peut être la guerre. On se souvient de la leçon du Rivage des Syrtes – une guerre suspendue, congelée, en attente, promise depuis si longtemps que devenue insoupçonnable, et soudain mise en branle presque d’elle même, par le jeu des bielles et des mécanismes invisibles de l’histoire. Cela semble parfaitement décrire la relation Téhéran- Washington. Mais, Le Rivage des Syrtes est un roman…
Je n’appuierai de mon soutien aucun candidat à une élection nationale ou supranationale qui ne se serait pas engagé a priori à défendre les droits fondamentaux aux quatre coins du globe.
Maintenant, si l’on me force à choisir entre un Parti républicain, dévoyé par la vague populiste mondiale, se montrant néanmoins capable d’identifier la théocratie fasciste iranienne comme une ennemie irréductible de l’humanité, et un Parti démocrate à la dérive, non moins victime du tsunami précité, affichant un désir effréné de normalisation des relations diplomatiques avec des organisations terroristes de type antisioniste, peu enclin, de surcroît, à réprimander à proportion des bornes qu’il dépasse en termes de bienséance géopolitique, un contributeur islamiste aux opérations de l’OTAN, je sors mon joker.
Pour notre gouverne, le viol du pacte de non-agression américano-russe par un Quatrième Reich dont l’Europe du tchador continue de railler les conspueurs constants, confirme les soupçons ayant pu motiver la position ferme et définitive qu’adopterait l’unique parlementaire dudit deuxième sexe au corps constitué duquel était chevillé le principe du droit universel qui, de mémoire d’Homo Vitruvianus, se fût jamais retrouvée au second tour d’une élection présidentielle française, au sujet de l’offrande, faite à la République islamofasciste aryenne, d’un accès limité à l’uranium à des fins provisoirement civiles.
Et Téhéran retombe dans ses travers.
En échange de la signature d’un accord de Vienne déjà bien mal barré, quoique primordial, ne serait-ce que pour mieux établir la responsabilité comme l’identité des fossoyeurs d’une Pax mundi dont nous sommes aux regrets de vous informer qu’elle recouvrera les aspects d’un hapax, l’exécutif des basses besognes avait déjà consenti à rompre avec son négationnisme d’État par une série de déclarations qui n’avaient fait que l’enfoncer plus radicalement dans la neuvième fosse quand, n’y tenant plus, ses président et chef de la diplomatie établissaient un parallèle entre la Shoah et ladite Solution finale au problème palestinien théorisée et appliquée par l’État youtre (sick).
Aujourd’hui, c’est à l’« aventurisme américain » que Rohani attribue un « crime » qu’on l’avait cru enfin capable de qualifier non vicieusement d’« impardonnable ».
Un crime effroyable, en effet, qui justifie, s’il en était besoin, 1) l’élimination du chef de la force Al-Qods, 2) la décision américaine d’empêcher coûte que coûte l’obtention de la force dissuasive nucléaire par l’État-nettoyeur du Levant.
Aux maux près : Hitler et Gandhi étaient, si je ne m’abuse, de grands consommateurs de thé. Je crois que l’on pourrait, hélas, et sans trop se creuser la zone grise, leur trouver d’autres points communs.
Nous voulons bâtir un village planétaire éclairé ?
Très bien.
Alors, nous allons, en effet, avoir besoin d’éclaircissements.
L’erreur de paradigme que persiste à ne pas désavouer l’administration précédente, fut d’imaginer qu’en cessant de traiter le Miniführer Ali Khamenei et ses pareils avec condescendance, les catalyseurs de l’Acommunauté allaient pouvoir les mettre dans de meilleures dispositions envers la loi ultime d’une civilisation génésique réconciliée avec elle-même ; un modèle du genre, que les consciences robustes de leurs aînés avaient rédigé aux rescapés des crimes de guerre à la lumière d’une contre-ténèbre perçant, tel ce miracle que l’on n’attend plus, au travers des réchappés de tous les crimes contre l’humanité.
Il est impératif que nous trouvions le courage de nommer, quand nous nous adressons à elles, l’éclaboussante réalité d’espèces, dissonantes bien que trébuchantes, rongeant de l’intérieur l’exosquelette de cent-quatre-vingt-dix-sept États qui ne seront jamais unis avant qu’ils ne se soient montrés fiables en ce qui concerne ces principes intransigibles que les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale d’un autre siècle firent ratifier aux représentants du retricotage des Nations, un doigt de sage sur la tempe.
Même si nous aimerions qu’une République capable de projeter d’anéantir les sites culturels de la Perse, autrement dit une partie du patrimoine de l’humanité, aille se coucher, il nous tarde que les démocraties, complaisantes envers l’idéologie fasciste dès l’instant que ses partisans n’arborent pas l’étendard du suprémacisme blanc, ouvrent enfin les yeux.
Et si le sentiment de déclassement ressenti par une large majorité de Français n’était que le reflet du positionnement géopolitique de la France, ne traduisant que l’une des douloureuses conséquences de la déperdition magnétique de son influence ? Et si le déclassement de la France n’avait été qu’une illusion topique diffusée, entre 1989 et 2019, par l’antivirus d’une psyché internationale déjà en phase de restauration depuis l’effondrement du mythe communiste et du fantasme universellement partagé de l’égalité réelle ?