L’ «Empire» du titre, c’est l’Occident : la vieille Europe et l’Amérique. «L’empire du Rien, précise l’auteur, qui ne sait plus ni qui il est ni ce qu’il veut»et qui, à force d’inertie, «a fini par démoraliser ceux qui, en son sein, croyaient encore».
Face à cette «statue aux bras coupés et à la langue bâillonnée, qui semble inexorablement vouloir tomber», les rois de Perse, de Turquie, de Chine, de Russie et d’Arabie, qui se posent moins de questions et ne s’embarrassent point de scrupules vis-à-vis de leurs contradicteurs.
Que faire face à ces «royaumes du néant», à ces cinq Rois qui bombent le torse ? Comment, et au nom de quoi, continuer à porter dans le monde une parole et des valeurs ? La partie n’est-elle pas tout simplement jouée pour l’Occident, vieillard au passé trouble, rongé par le remords, dont un Oswald Spengler diagnostiquait l’inexorable déclin il y a un siècle déjà ?

BHL ne croit pas aux prophéties qui soutiennent que l’Histoire à un sens – qu’elles prennent les atours séduisants du «déclinisme» méthodique de Spengler, du «progressisme» savant d’Hegel ou «spiralisme» de Vico. Il croit en revanche, dur comme fer, aux vertus du grain de sable, de la parole ou du geste irrégulier qui peuvent tout renverser, en interne. À l’interventionnisme, aussi, de l’extérieur, en dernier recours.
S’il se refuse à transformer l’affrontement entre l’Empire et les cinq Rois en guerre de civilisations, Bernard-Henri Lévy dénonce aussi nettement le relativisme ambiant. Entre démocratie et despotisme, il a, pour sa part, fait son choix. Et d’exhorter l’Europe à se réveiller et l’Amérique à reprendre toute sa place dans le concert des grandes nations, afin qu’advienne «une Internationale du droit et du juste»