Dans le cadre de « Regards sur une collection, Christine Angot invitée au musée Delacroix », Christine Angot invite des artistes, des penseurs et des personnalités politiques à répondre à la question : «Que faisiez-vous à 25 ans ?».
Une nuit de rencontres exceptionnelles présentée par Christine Angot et Léonore Chastagner.
Avec : Philippe Besson, Malek Boutih, Mohammed Bourouissa, Caroline Champetier, Claire Chazal, Gérard Davet, Claire Denis, Alex Descas, Alain Françon, Simon Ghraïchy, Christine Katlama, Yann Moix, Gaëlle Obiégly, Nathalie Saint-Cricq, Bernard Schalscha, Mohamed Sifaoui, Dominique Sopo, André Wilms…
Que faisiez-vous à 25 ans ?
Dans le cadre de la carte blanche à Christine Angot au Musée Delacroix.
Samedi 25 novembre de 18h00 à 23h
Musée Eugène Delacroix
6 Rue de Furstenberg, 75006 Paris
Entrée gratuite
Réservation à l’accueil du musée ou au 01 44 41 86 50
Prochain rendez-vous de la carte blanche de Christine Angot au Musée Delacroix :
Concert de Simon Ghraïchy
Le 16 décembre 2017 à 19h30 dans l’atelier de Delacroix.
Monet n’avait pas tous les ans de quoi s’acheter des couleurs. Les artistes sont des sociopathes. À qui la faute? Je ne vais pas faire dans la nuance. Entre autres déviances assumées, je suis sioniste et demeure un fervent soutien de l’État souverain d’un peuple dont j’éprouve la coresponsabilité de préserver l’existence extraordinairement fragile car d’une solidité extravagante représentant un défi pour les destructeurs compulsifs. Homme d’un autre temps, j’écoute l’Arabe (fier d’être) israélien auquel on tend le micro sans que personne ne juge opportun d’entendre les raisons pour lesquelles il se revendique citoyen du futur État arabe d’Israël, arguant que ses ancêtres — savoir que les ‘Adnan peuplèrent l’ouest de la péninsule arabique et en disputèrent le sud aux Qahtân dont les descendants n’émigreraient en Syrie qu’à l’époque des Omeyyades — résidaient d’après lui en Eretz Israël bien avant que les Kena’anîm n’y eussent été vaincus par l’armée de Iehoshoua’. Je ne crois pas à la coexistence pacifique des narratifs. Quand le mensonge s’écrase contre les faits, son narratif ne mérite pas qu’on le range dans la catégorie des mythes estimables qui entretiennent avec le réel le même respect que Johannes Brahms vouait à son aîné, Joseph Haydn, aux heures où il lui expédiait, quelque part dans l’ailleurs, huit variations impressionnantes par leur impressionnisme latent et un final en forme de passacaille mutante ayant pu prospérer sur l’un des thèmes élégamment inexorables dont le père de la Forme avait le secret, extrait du choral Saint-Antoine de sa Feldpartie en si bémol majeur. L’empire de Babylone procédait selon une méthode que l’extrême droite calque bêtement sur les phénomènes migratoires qui touchent actuellement le continent européen. Le grand remplacement avait pour but de prévenir l’inexorable risque de rébellion des populations indigènes animées par un très fort désir de reconquête dès l’instant qu’elles demeuraient enracinées dans les ossements d’un royaume perdu. Alors… que faisions-nous il y a vingt-cinq siècles? Au vu du caractère irrationnel du Noûs, je crains que notre réponse ne se prolonge au bout du bout de la nuit. Toujours est-il que plusieurs empires polythéistes, puis monothéistes, se sont désormais succédé sur le territoire de feu le royaume de David. Leurs colons de peuplement eurent l’occasion de revoir du pays…
À vingt-cinq ans, je m’étais installé dans le grenier de ma maison fraîchement ravagée par les flammes. Si le sac d’impostures, où avait bien tenté de m’asphyxier le noble et roturier esprit des provinces, m’avait très vite poussé à conquérir ma liberté de devenir ce que j’étais au sein d’une capitale dégagée de ses propres ruines car ouverte au dialogue avec ses homologues, l’appel du clan avait pourtant agi sur moi tel un coup de sang. J’avais passé deux décades et demi à me forger un destin de musicien innervé de lettres, mais la disparition des murs entre lesquels je m’étais mis monde m’avait tout retourné. Je comprenais soudain que la musicalité inhérente à ces mots qui n’avaient jamais eu de cesse que de monter à l’abordage de mon vaisseau époumoné était en train de me haler sur un autre canal dimensionnel, un champ dyslexical de la vitesse dans lequel leur concrétude ne laisserait plus à aucun instrument de musique le moindre espoir de les rattraper.
Mon verbe ne laisse personne le dompter à sa place. Il désobéirait à ses propres lois si le jeu en valait la chandelle. Je connais les fourches caudines par lesquelles doit passer un candidat au Goncourt pour endurer la statuaire qu’il encourt; je ne suis pas le genre à m’allonger face contre terre sous la pression des hommes. J’agis depuis un monde qui ne correspond en rien aux conventions sociales avec lesquelles je corresponds. Aussi je n’accepterai pas une once d’indulgence de votre part, et vous somme, en revanche, de m’accorder votre clémence acidulée si mes droites ont pu, trop souvent, vous paraître un peu gauches. Je ne vous demande que cela. De continuer à continuer de faire, aussi longtemps qu’il le faudra, comme si tout, entre nous, était normal. C’est pour ma part ce que je fais. Essayez ma méthode et jugez par vous-mêmes. Faites comme si les réflexions dont je vous perce étaient le fruit d’une mission que vous-mêmes m’aviez confiée.
Ma confiance est intacte. Je remplis juste ma mission.