C’est une mauvaise semaine pour l’ancien président du Front national. Déjà en pleine tourmente suite aux révélations de « Panama papers », voilà que Jean-Marie Le Pen a été condamné ce mercredi à trente mille euros d’amende pour avoir de nouveau qualifié, il y a un an, les chambres à gaz de « détail » de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Il a, ce même jour, perdu un procès face à SOS Racisme, et a été condamné à cinq mille euros d’amende pour des propos discriminatoires envers les Roms.
Le tribunal correctionnel de Paris l’a déclaré coupable de contestation de crime contre l’humanité et a rejeté l’immunité parlementaire qu’invoquait le cofondateur du parti d’extrême-droite.
Les juges de la 17e chambre ont également ordonné, à titre de peine complémentaire, la publication d’un communiqué judiciaire dans trois journaux.
Jean-Marie Le Pen a en outre été condamné à verser au total 10.001 euros de dommages et intérêts à trois associations parties civiles.
Le parquet avait requis au moins 30.000 euros d’amende contre Jean-Marie Le Pen, déjà condamné à deux reprises, au civil, par la justice française pour ces propos, tenus pour la première fois en 1987.
Condamnés par sa fille Marine Le Pen, qui lui a succédé à la tête du FN, ces propos, entre autres, avaient entraîné la suspension – ensuite annulée par la justice – de Jean-Marie Le Pen du parti qu’il a longtemps incarné, puis son exclusion.
Le 2 avril 2015, au journaliste Jean-Jacques Bourdin qui lui demandait s’il regrettait d’avoir qualifié les chambres à gaz de « détail », Jean-Marie Le Pen avait répondu: « Pas du tout. Ce que j’ai dit correspondait à ma pensée que les chambres à gaz étaient un détail de l’histoire de la guerre, à moins d’admettre que ce soit la guerre qui soit un détail des chambres à gaz ».
Le journaliste l’avait alors relancé, demandant si « des millions de morts » pouvaient être qualifiés de « point de détail ». « C’est pas un million de morts, c’est les chambres à gaz », « moi je parle de choses précises. Je n’ai pas parlé de nombre de morts. J’ai parlé d’un système. J’ai dit que c’était un détail de l’histoire de la guerre », avait insisté l’ancien leader frontiste.
Condamnations pour des propos discriminatoires à l’égard des Roms
Le même jour, le tribunal correctionnel de Nice a condamné Jean-Marie Le Pen à cinq mille euros d’amende pour « provocation à la haine et à la discrimination ethniques » pour des propos à l’égard des Roms tenus en 2013. Il est également condamné à verser mille euros à chacune des parties civiles représentées par les associations SOS Racisme, Ligue des droits de l’homme et Prales (Pour la défense des droits des Roms).
Le 4 juillet 2013, Le Pen avait déclaré, lors d’un rassemblement à Nice :
« Vous avez quelques soucis, paraît-il, avec quelques centaines de Roms qui ont dans la ville une présence urticante et disons odorante. Ceci n’est que le petit morceau de l’iceberg […] Je vous annonce que dans le courant de l’année 2014, il viendra à Nice 50 000 Roms au moins. Puisqu’à partir du 1er janvier, les 12 millions de Roms qui sont situés en Roumanie, en Bulgarie et en Hongrie auront la possibilité de s’établir dans tous les pays de l’Europe ».
L’ancien président du Front national ainsi que son avocat n’étaient pas présents au tribunal.
Panama Papers
Et Jean-Marie Le Pen n’en a pas finit avec la justice française. Le parquet national financier soupçonne l’ancien président du Front national de s’être servi de son ancien majordome et homme de confiance, Gérald Gérin, ayant droit officiel de la société offshore Balerton Marketing Limited, pour y dissimuler une partie de sa fortune. Créée dans le secret des Caraïbes en 2000, Balerton Marketing Ltd apparaît bel et bien sur les fichiers de la firme panaméenne de domiciliation de sociétés offshore Mossack Fonseca, et les données auxquelles Le Monde a eu accès révèlent ainsi une opacité parfaitement organisée.