Bernard-Henri Lévy a largement dominé, hier soir, jeudi 24 mars, le débat organisé par David Pujadas sur France 2, autour de la question du terrorisme et des moyens d’y faire face.
Il a su trouver les mots justes pour défendre Kamel Daoud, cet écrivain algérien de langue française, que les islamistes ont réussi à faire taire mais qu’un carteron d’intellectuels français à failli réduire au silence.
Il a eu également le mérite, lorsqu’il a parlé des “Molenbeek français”, de rappeler la tragédie d’Ilan Halimi, assassiné à petit feu, voici 10 ans, dans l’indifférence des voisins de la chambre de torture où il était séquestré.
Je lui suis également reconnaissante d’avoir tenu la balance égale entre le devoir d’entendre l’angoisse des Français mais le devoir aussi, en même temps, de ne pas tourner le dos pour autant à l’esprit de la République et à ses valeurs, au droit d’asile, par exemple.
Face à lui, Malika Sorel tenait des propos à la limite du populisme le plus douteux. Raphael Liogier a évoqué avec un cynisme déconcertant les parts de marché que se disputeraient, selon lui, les organisations djihadistes.
Quant à NKM, elle était étrangement éteinte. Répétant en boucle sa proposition de perpétuité pour les terroristes. Etait-elle bien sur le plateau de “Des paroles et des actes” ? Ou se croyait-elle déjà dans le débat des primaires de son parti ?
BHL a conclu l’émission en évoquant la Syrie et l’Irak. Il faut décapiter Daech a-t-il dit, là où se trouve sa tête, tout en sachant que cela ne suffira évidemment pas pour éradiquer le nouveau fascisme.
Au Premier secrétaire : Vous ne me verrez jamais taxer Hollande de laxisme. En revanche, il y a toute une gauche que j’accuserais bien volontiers de se conduire en collabo. Lorsque vous m’entendiez hier nommer le Quatrième Reich d’après le modèle qu’il se choisissait encore, à la veille de sa visite d’État, par les propos négationnistes de son Guide suprême, je ne reprochais pas davantage à la France une honteuse complicité avec un tyran dont elle cherche à contenir, dans le champ politique, les velléités impérialistes. Je me limitais à contrebalancer l’image qu’est parvenu à donner de lui-même un régime hautement menaçant. Cela vaut pour ce qui vient…
Bernard-Henri Lévy a dominé le combat Des paroles et des actes en parlant tout seul entre les murs de l’apensée hexagonale. Le risque de guerre civile est patent. La guerre civile est un symptôme de la tyrannie. La tyrannie des encéphalogrammes plats. La tyrannie des pleureuses de Bruxelles. La tyrannie des aboyeuses europhobes. Lévy a désigné l’ennemi dès les premiers bourgeons. Le seul ennemi c’est le tyran. Notre seule arme c’est la révolution démocratique. À ne surtout point confondre avec la révolution verte ou autre marche-pied printanier pour les Frères musulmans. C’est à présent qu’il faut pleurer, Mme Mogherini. Maintenant que le Boucher de Damas remporte sa plus assommante victoire. Non pas au moment-même où le méta-empire vous promettait qu’en échange d’un tribut conséquent, lui seul saurait vous protéger contre la bête sauvage qui gronde à la lisière obscure de la clairière où vous avez choisi de vous installer, vous et votre bergerie. Évidemment qu’il vous protège! Il le fait même d’un simple coup de sifflet quand, en fait de loup, il n’y eut jamais qu’un rottweiler dressé pour 1) vous déchiqueter; 2) rentrer à la niche… À vous de voir.
Je n’accepte pas qu’on me dise que j’ai tort. J’ordonne qu’on me le prouve. Qu’on m’explique, par exemple, comment, quelques heures à peine après que s’était répandue la rumeur d’une ouverture providentielle des ciels saoudiens à Tsahal en direction d’une éventuelle cache d’armes nucléaires iranienne, on pouvait voir les deux adversaires de la guerre sunno-chî’ite proclamer que leur ennemi juré était et resterait la tumeur juive. Qu’on me démontre que Daech ne pouvait pas être chassé de Palmyre avant que sa capacité de dévastation de l’Occident n’eût été démontrée. Qu’on me fasse vite entendre raison! Je vous en prie! Est-ce moi qui perds le nord ou le nord qui me perd?
Les coranisateurs ne parviendront jamais à leurs fins en Europe. Soit les défenseurs des droits de l’homme les arrêteront, soit ce sera l’extrême droite qui le fera à sa sauce. La mécanique est infaillible. À chaque nouveau crime contre l’humanité perpétré par le djihadisme, une bande de fachos transforme en quelques jours les musulmans en victimes de l’Europe. Or non, ce n’est pas l’islam qui est visé. Ce ne sont pas les musulmans qui sont assassinés, quand même il y en aurait dont les sangs innocents se mêleraient aux sangs des mécréants. Il n’y a pas de Jihâd, en France, en Belgique ou en Allemagne, lancé contre un prétendu islam réformiste. Si ça voulait se faire sentir, croyez bien que ça irait se faire voir, et pas ailleurs! L’islam traditionaliste n’est pas l’islam radical, mais il est loin d’être suffisamment antinomique avec l’idéologie islamiste pour faire l’objet d’une guerre totale de sa part. L’extrême droite tombe toujours à côté, ne lui emboîtons pas le pas.
Les Européens de confession musulmane ne sont pas les victimes de l’Europe, ils jouissent de son droit. Ils sont les cibles du fascisme européen, ils ne sont pas les seuls. Luttons ensemble contre le fascisme, que ce dernier soit islamique ou non.
À ceux que je surprends en train de me confondre, si la justice n’est pas la vengeance, elle n’est pas non plus l’absence de justice.
Les ultrasécuritaires nous tendent un piège. Il y a sans doute un autre moyen d’écourter l’angoisse qu’il fait naître en nous que celui de sauter dedans à pieds joints. La question sécuritaire est une question de première importance. La traiter, aussi, sous l’angle des flux migratoires ne pénalisera pas les migrants. La détection de l’ivraie les libérera au contraire des soupçons qui les plombent.
La gauche l’emportera à condition qu’elle se dépêtre. Il faut, pour commencer, qu’elle cesse de crier au loup chaque fois qu’elle se menace elle-même d’atteindre au but qu’elle s’est fixé. La vérité n’est pas le détonateur d’une ceinture d’explosifs. Lui conférer pareille nature la dénature, déclenche bêtement son explosion. Car, voyez-vous, la sensation qu’elle procure est tenace. Chercher à étouffer cela est chose vaine qui offre toute latitude aux manipulateurs pour débrancher les faits et les greffer aux causes qui les arrangent. Ces bonimenteurs, qui ne disent qu’une partie de la vérité, profitent du fait que vous les accusiez de proférer une contre-vérité. Il ne faut pas enterrer le fouisseur malhonnête, mais s’engouffrer dans les failles de son argumentaire, et creuser plus avant.
Quand vous vous sédentarisez depuis plusieurs semaines dans un camp de réfugiés, cela prouve que vous fuyez pour de vrai, que vous n’avez pas d’autre endroit où aller. Un djihadiste n’est pas perdu au milieu de toute part. Il sait parfaitement où il va. Il va au Bataclan. Il va à Zaventem.
Le 2 avril 1998, Maurice Papon était condamné à une peine de dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crime contre l’humanité. Cessons de nous déchirer sur des questions de second ordre tournant autour de la durée de la peine de prison appropriée à tel ou tel acteur d’un crime de guerre (de religion) avoisinant le génocide, et faisons en sorte que, dans 22 ou 30 ans, lorsqu’Abdeslam sera revenu de la mort à la vie, le monde que nous aurons fabriqué ne lui laisse pas d’autre choix que celui de s’incliner devant le trône du Juste triomphant.