Sarajevo – Le directeur de La Règle du jeu, Bernard-Henri Lévy a lancé samedi à Sarajevo, le jour du 100e anniversaire de l’attentat détonateur de la Première guerre mondiale, une pétition appelant à l’adhésion de la Bosnie à l’Union européenne, en affirmant qu’il s’agissait d’une « dette morale » de l’Europe envers ce pays.
 
« Faire revenir la Bosnie à l’intérieur de l’Europe, c’est notre dette morale, à nous Européens anciens », a déclaré l’écrivain, au lendemain de la première représentation à Sarajevo d’une pièce de théâtre qu’il a écrite, « Hôtel Europe », mise en scène par le réalisateur bosnien Dino Mustafic, co-auteur de la pétition.
« Nous avons contracté une dette inexpiable à l’endroit de la Bosnie. Cette Bosnie bombardée, cette Bosnie dévastée, ce Sarajevo qui a perdu 10.000 de ces filles et de ses fils (durant la guerre intercommunautaire de 1992-95, ndlr), avec des armées européennes qui restaient ici l’arme au pied« , a dénoncé M. Lévy.
Cette pétition, dont les initiateurs espèrent faire monter « un élan de solidarité en Europe » et collecter au moins un million de signatures, a été ouverte en ligne (onemillionforbosnia.eu).
Elle demande à l’UE de permettre à la Bosnie d’obtenir au plus vite le statut de candidat à l’adhésion, sans remplir une précondition qui lui a été imposée par Bruxelles.
Il s’agit d’amender sa Constitution, pour supprimer la discrimination politique des Roms et des Juifs, et respecter ainsi un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) remontant à 2009.
Divisée depuis la fin de la guerre en deux entités, l’une serbe et l’autre croato-musulmane, victime de permanentes querelles intercommunautaires, la Bosnie n’a pas pu adopter cette réforme. Ainsi, cette ex-république yougoslave est bloquée depuis plusieurs années dans son rapprochement avec l’UE et s’est retrouvée à la traîne de tous les autres pays des Balkans.
M. Lévy, un des plus fervents défenseurs européens de la cause bosnienne dans les années 1990, a assuré que son initiative était forte du soutien politique de la France et s’est félicité d’une « évolution de la position française » à l’égard de la Bosnie.
Le président français François Hollande « en connaît l’esprit », a-t-il précisé.
La guerre de Bosnie, qui a vu s’affronter les trois principales communautés du pays – musulmane, serbe et croate -, a fait environ 100.000 morts et plus de deux millions de réfugiés et déplacés, soit la moitié de la population du pays à l’époque.