Dimanche 12 janvier, Jacques Bérès, humanitaire, Yoann Sportouch, urbaniste et Sébastien Thiéry, politologue, se sont réunis autour d’Alexis Lacroix lors d’un séminaire de La Règle du jeu, pour faire entendre leur message : Halte à la «ville hostile» !

La «ville hostile», définie par des infrastructures pensées pour repousser les sans-abris, a été illustrée par le film Le repos du fakir, réalisé par Gilles Pâte et Stéphane Argillet.

«Si l’on se réfère à la trilogie de base « métro, boulot, dodo », le problème concerne ceux qui n’ont pas le boulot ni le dodo. Il ne leur reste que le métro et les bancs dont vous avez pu apprécier le confort et l’hospitalité», ironise amèrement le Dr Jacques Bérès.

Pour ce-dernier, la problématique se cristallise autour du corps au repos dans l’espace public urbain. «On a le droit d’être en mouvement sur la voirie pour aller d’un point à un autre, pour produire ou consommer. Dans les deux cas, vous êtes socialement efficace et acceptable. Ceux qui se permettent d’être au repos dans l’espace public urbain dérangent».

Yoann Sportouch quant à lui, attire l’attention sur le phénomène de résidentialisation des villes, qui laisse davantage de place au privé, et moins à ce qui pourrait se jouer dans le public.

Sébastien Thiéry dénonce le cas parisien où la ville est aménagée de manière à empêcher l’installation des sans-abris : «Sur les berges du canal Saint-Martin, une fois que les tentes [installées par Les Enfants de Don Quichotte] ont été débarrassées, on y a construit de gros plots en béton. Ces plots ont disparu à un moment donné, remplacés par des aménagements paysagers, comme on dit chastement, qui n’étaient autres que des aménagements végétalisés si ardents, si denses, qu’ils avaient finalement la même fonction que les plots».

Alexis Lacroix évoque la possibilité d’une réhabilitation de la flânerie, dans une ville qu’il ne faut que traverser, où il faut aller de plus en plus vite aujourd’hui, au nom d’une «religion de la production».

Le trublion Alexis Lacroix lâche une boutade au risque d’opposer les invités qui, jusque-là, se sont exprimés d’une même voix : «Prends-en de la graine !», lance-t-il à Jacques Bérès à propos du bon élève Yoann Sportouch, «cultivé sur la politique la plus immédiate».