Depuis plusieurs mois, le petit monde de la presse écrite s’agite autour de la version française du célèbre Vanity Fair. Avant sa sortie, le nouveau titre de presse était la cible de toutes les spéculations: beaucoup de moyens, l’ambition de révolutionner la presse française, l’incarnation d’un chic à la française désormais réinterprété. Et qui en couverture, qui ? En dépit des indiscrétions, le secret fut bien gardé… Plusieurs «numéros zéro» se sont ainsi succédés, Paris bruissait de folles rumeurs de transferts de journalistes et l’arrivée de Michel Denisot, à la fois icône des années Canal et allégorie du journalisme distancié, promettait monts et merveille. Et puis Vanity Fair est sorti. Force est de constater que l’emballement médiatique a fonctionné : dès les premiers jours, près de 250 000 curieux se sont rués vers leurs kiosques pour acheter le premier numéro du magazine. Verdict ? C’est assez moyen… S’il reprend à son compte les bonnes recettes US, Vanity Fair a visiblement oublié de les adapter au public français. Les entrées en matières sont parfois brutales, l’enchaînement des articles ne répond à aucune vraie ligne directrice. On passe du coq à l’âne, tout est très chic mais cela manque désespérément d’âme. Au rayon des bonnes nouvelles, il y a tout de même cet article sur Warhol, cette rencontre imaginaire avec Marguerite Duras imaginée par Atiq Rahimi ou bien encore la mise en avant des sœurs Haim. Le constat est clair : c’est souvent par ses plumes distinguées que Vanity Fair apporte ce saut qualitatif digne des plus grandes revues. On en voudrait plus, à l’image de la version US qui n’hésite pas à publier de très longs reportages. Mais on reste sur sa faim. Hasard du calendrier, la revue Feuilleton publie dans sa dernière livrée un superbe reportage consacré à la Légion étrangère signé William Langewiesche… Pour la petite histoire, l’article en question fut publié dans la version US de Vanity Fair mais l’édition française n’a pas cru bon de se l’approprier, dommage !
De la maîtrise mais peu d’audace
Et si finalement le véritable problème de ce premier numéro français de VF était son manque d’audace ? Alors que la France recèle de talents, le magazine nous sert Scarlett Johnston en couverture et pousse le vice jusqu’a lui consacrer un très long article. Problème (de taille) : l’actrice n’a rien à dire… Quelques pages plus loin, tel un 33 tours rayé qui pense toujours avec son logiciel des années 1960, Alain Badiou se lance dans une tirade anti-Hollywood. On découvre alors le pire de la pensée française : aigrie, dépassée, recroquevillée sur elle même. Plutôt que cette caricature, n’aurait-il pas été judicieux d’inclure à la rédaction de jeunes plumes capables de capter l’essence de notre époque ? La réponse est dans la question.
Après lecture du VF en VF, une certitude vient : il ne suffit pas de reproduire, à l’image d’un moine copiste du Moyen-Age, le ton, la maquette et la façon d’investiguer en vogue outre Atlantique pour obtenir, en France, du meilleur et du plus pertinent. Ainsi, en dépit de l’emballement médiatique, Vanity Fair, ce n’est pas (encore) la révolution annoncée. Mais puisque le titre a de l’avenir, des moyens et du talent (le tandem Anne Boulay – Michel Denisot), on espère bien qu’il finira par s’améliorer.
Bien vu dans l’ensemble, mais on ne voit pas en quoi l’arrivée de Denisot laissait augurer « monts et merveilles »… C’est un homme de télévision, un « animateur », vraisemblablement embauché pour la hype à cause de l’image « Canal », mais qui est à peu près incapable d’écrire plus d’un demi feuillet (ou de juger de la qualité de ce qu’on peut lui soumettre).
Hello !
Super ton article.
En effet, ce N° manque d’un « je ne sais quoi ».
Et puis, cette couv’ avec S.J (je n’ai rien contre elle) pour le first VF en VF est navrante.
Je m’attendais à plus d’audace quand même pour ce premier N°, de la part du tandem Anne Boulay/Michel Denisot.
Allez, voyons ce que donne le prochain N° 😉