Ce lundi matin, à l’aube, des policiers sont intervenus à Évry pour expulser un campement de Roms de 72 personnes qui vivaient le long des voies du RER D. Les solutions de relogement ? Des hôtels d’urgence. Une opération dans la lignée de celles effectuées par les autorités françaises depuis le début du mois d’août à Vaulx-en-Velin, Villeurbanne, à Hellemmes, et dans bien d’autres villes. Et souvent, il n’y avait pas eu de solutions de relogement. Cette politique sécuritaire contre les Roms est dans la lignée de celle mise en place sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy après son discours nauséabond à Grenoble, le 30 juillet 2010. Suite à cette dérive violente et discriminative à l’égard des Roms, la France avait été condamnée par le Conseil de l’Europe, ce qui n’a malheureusement pas empêché les expulsions indignes de continuer sous Sarkozy comme sous Hollande. Les expulsions, une solution ? Certainement pas.

Politique à court terme

Lors d’un entretien avec le quotidien belge Le Soir, la vice-présidente de la Commission européenne, Viviane Reding, affirmait que « L’éloignement des Roms du territoire n’est […] pas la solution à ce problème : c’est une politique à court terme, sans effets durables. C’est l’intégration économique et sociale qu’il faut privilégier ». Le jour même, mercredi 22 août, lors d’une réunion interministérielle, le gouvernement a fait un pas dans ce sens. Déclarant qu’il allait faciliter l’accès à l’emploi aux Roumains et aux Bulgares, principales nationalités des migrants Roms européens en France. Ces derniers devraient ainsi avoir accès à une plus grande liste de métiers et leurs employeurs ne devraient plus avoir à payer de taxe à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).

Mais l’annonce du gouvernement socialiste est-elle une véritable avancée ? Une demi-mesure plutôt, un pas insuffisant, et donc critiquable. Car pour être embauchés, les Roms devront toujours obtenir un titre de séjour ainsi qu’une autorisation de travail délivrée par la préfecture, une procédure qui peut prendre parfois plus d’un an… De plus, les Roumains et les Bulgares sont toujours considérés par les « mesures transitoires », en vigueur jusqu’à fin 2013, comme des ressortissants non communautaires, alors que leurs pays sont membres de l’Union européenne depuis plus de cinq ans…

Abrogation des restrictions

Ce qui explique la réaction peu enthousiaste des défenseurs de la cause des Roms, et à raison. Dans un communiqué, la CGT affirme qu’« On ne peut pas reprocher à des personnes de vivre dans des bidonvilles s’ils n’ont pas une vraie possibilité de travailler ». Le syndicat demande donc l’abrogation de ces restrictions en matière d’emploi pour « permettre un accès normal au marché du travail » aux Roms. Surtout que la levée de ces « mesures transitoires » est simple à mettre en place : elle dépend d’une décision du gouvernement. Si l’Irlande et l’Italie ont mis fin à ces restrictions absurdes avant la fin 2013, pourquoi pas nous ? Serait-on sous un gouvernement (socialiste qui plus est) moins humaniste que nos amis européens ? Quid de la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » ? Pour une intégration européenne toujours plus forte, pour un respect des citoyens européens et pour l’attachement aux valeurs républicaines, le gouvernement se doit de lever, le plus tôt possible, toutes les obligations imposées aux Roumains et aux Bulgares : le changement, ce doit être maintenant.