Bernard-Henri Lévy est revenu visiter la Croisette vendredi avec « Le Serment de Tobrouk », un film, selon lui, sur une « ingérence réussie » en Libye qui peut constituer une « grille de lecture » pour la situation actuelle de la Syrie.
Après « Bosna » sur la guerre de Bosnie présenté au Festival en 1994, ce documentaire était projeté vendredi soir en séance spéciale mais la conférence de presse avait été organisée quelques heures avant, fait rarissime.
« BHL » était entouré sur l’estrade de plusieurs responsables libyens et de deux anonymes drapés dans le drapeau des révolutionnaires syriens, présentés comme des résistants syriens sortis clandestinement du pays pour venir à Cannes.
La presse n’avait donc pas vu le film a priori et il était de ce fait malaisé de poser la moindre question.
« Ce film, que vous allez voir, raconte l’histoire, unique dans l’histoire contemporaine, d’une ingérence réussie, d’un massacre arrêté par une intervention militaire internationale », a expliqué le philosophe, journaliste et cinéaste, ajoutant que ce documentaire était un « film de cinéma, donc subjectif ».
« Plus précisément, c’est un film, vous allez le voir, qui raconte comment l’idée d’engagement personnel, l’idée de ne pas se contenter de belles paroles et de voeux pieux, c’est une idée qui peut plus que jamais marcher », a-t-il ajouté.
« C’est un film qui raconte comment la communauté internationale, quand elle s’en donne les moyens, politiques, moraux et militaires, peut renverser le cours des choses, arrêter un massacre et sauver une population; c’est un film qui, autrement dit, raconte comment une très vieille idée est encore une idée très jeune et qui est l’idée de fraternité, c’est ça le sujet du film ».
« Attitude exemplaire et rare »
Mais pendant que le documentaire était tourné, « se déroulait une autre tragédie », a poursuivi BHL, faisant référence à la Syrie, se demandant pourquoi l’intervention de la communauté internationale en Libye ne se répétait pas en Syrie.
« Pendant que nous faisions ce film, pendant que nous l’achevions, au moment où nous nous apprêtions à venir vous le présenter ici, nous apparaissaient avec une violence insoutenable, le scandale, l’iniquité et peut-être l’absurdité de ce deux poids et deux mesures: pourquoi ce qui a été possible à Benghazi ne l’est pas à Homs? », a lancé le philosophe, expliquant par là la présence des deux opposants syriens.
Bernard Henri-Lévy n’en a pas moins rendu un vibrant hommage, non seulement aux combattants libyens, mais aussi à la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, au Premier ministre britannique David Cameron et « même si je n’ai pas voté pour lui, (au) président Nicolas Sarkozy qui aura eu, dans ces huit mois de guerre, une attitude exemplaire et rare ».
Il a fait des combattants et résistants syriens, de l’intérieur et de l’extérieur, selon ses propres termes, les « destinataires et les dédicataires » de ce film.
Il a demandé à la presse de « bien vouloir voir ce film avec, si j’ose dire, un regard à double foyer, le regard d’une guerre gagnée et le regard d’une tragédie en cours, le regard d’une victoire, la première du genre, ça ne s’est jamais produit, et le regard d’une effroyable forfaiture ».
Les images du documentaire devraient ainsi, selon ses voeux, servir de « grille de lecture » aux événements de Syrie.
En outre, a souligné BHL, en réponse à une question faisant également référence à son documentaire « Bosna », « nos amis libyens ici présents et ceux qui n’y sont pas (…) vengent nos amis bosniaques humiliés, assassinés, abandonnés ».
Selon lui, Hillary Clinton, David Cameron et Nicolas Sarkozy, lorsqu’il est allé les voir après avoir tourné le Serment, « ont prononcé le même mot, qui était comme un mot de passe secret entre les trois (…) c’était le mot de Bosnie ».
Source : Reuters
C’est toujours ce très très très très vieux Livre du très très très très très très vieux Jonas qui n’en finit pas d’avoir raison de moi. Jonas reçoit une prophétie l’enjoignant d’avertir les habitants de Ninive qu’ils seront anéantis s’ils n’ont pas rompu avant l’ultimatum divin avec leur conduite pécheresse. Le lumineux sait qu’en donnant aux Ninivites une chance d’être sauvés, le cadeau qu’il leur fera en contiendra un pour son propre peuple, un cadeau Bonux empoisonné consistant dans la possibilité pour cette Ninive en vie de faire survivre son inimitié à l’endroit d’Israël. Rien ne me fera jamais soutenir le socialisme nassérien ni les Frères «égyptiens» dont l’Agence Reuters commence déjà d’essayer de me faire fréquenter sur fonction Mute leurs appels au martyre. Mais j’appuie votre guerre, de toutes les forces dont je dispose, je vous appuie, résistants et rebelles au rouleau compresseur des États terroristes. Je vous appuie comme Jonas, vomi par le poisson, m’échouant dans mon échec à ne pas réussir à faire ce qui m’est ordonné de faire après que je me fus convaincu de ma folie à proportion du mal que je risquais d’engendrer en invoquant le sauvetage des injustes à la remorque du salut des justes.
P.-S. : S’il faut s’expliciter sur la référence à Jonas, qu’est-ce qui pourrait valoir un zéro de conduite et une menace de destruction aux ninivites avec un petit «n» extensible? Eh bien, pour commencer, les réactions auxquelles étaient poussées certaines populations qui sautaient en l’air le jour où les tours de New York s’enfonçaient dans le sol, ressentiments face à un Grand Satan identifié comme tel par le socialisme nassérien n’ayant jamais été qu’un national-socialisme (cf. Ali Ben Keshir; cf. Omar Amin), ou les Frères musulmans, lesquels panislamistes ont pour seul objectif de répandre un islamisme radical à travers tous les pays déjà (ou bientôt) islamisés. Le panislamisme est l’autre nom du Jihâd. Mirabeau a écrit Sur Moses Mendelssohn et la Réforme politique des Juifs. La révolution commence et finit par une mutation de l’esprit. Par exemple, un message adressé aux électeurs libyens avec la reconnaissance immédiate et sans condition de l’État d’Israël, mouvement préalable à la rupture fondatrice d’un État de droit libyen avec ce (trop sympathique pour l’être vraiment) caméléon panislamique, lequel déroule sa langue vers chacun des aspirants démocrates devenant tous petits dès lors qu’on les boulote l’un après l’autre.
P.-S. bis : Si vous ne faisiez pas ce que vous faites, je n’interviendrais sans doute pas comme je le fais, ici et ainsi. Je le fais sans risquer d’ébranler une action que sa puissance renforce en lui offrant la possibilité de s’ouvrir aux résonances. Ma réflexion est contrapunctique. Plus baroque et moins classique, elle ne vise pas l’harmonie sinon par l’horizon. C’est la raison pour laquelle je l’ai dit, je le redis, elle n’a pas besoin d’entrer dans la sphère publique pour exister de l’existence qu’elle éprouve à être. Au cas où sa liberté ornementative perturberait l’entendement d’une voix en quête d’écoute, il faut, bien entendu, qu’elle ne quitte pas sa propre sphère.
J’ai un immense respect pour cet homme, ces combats, son courage, et vous encourage à visionner ce film qui pourrait être la pierre angulaire du renouveau de la politique extérieure française. Etre capable, comme BHL, de braver les dangers d’une guerre, au mépris de sa propre sécurité, être capable de faire fi de sa condition de vie, confortable, au risque d’être tué par les missiles de l’immonde Khadafi, bref, être capable de prendre un risque qui aurait pu lui coûter la VIE, c’est une profonde leçon de courage, d’éthique et de vertu. Ce film devrait être projeté dans les collèges et les lycées, car notre jeunesse a besoin d’exemples tel que peut l’être BHL.