La victoire de François Hollande, dimanche soir, à la présidence de la République a provoqué de vives réactions d’un côté comme de l’autre de l’échiquier politique français. Pourtant, à en croire le tweet de Bernard Pivot, une autre fracture était au rendez-vous : « Hier, la France était divisée en deux. La gauche et la droite ? La France qui tweete et la France qui ne tweete pas ». Sans nul doute, Bernard Pivot fait ici référence aux estimations du scrutin publiées bien avant l’heure officielle sur Twitter. La fracture qu’il annonce demande cependant à être nuancée, car il est fort à parier que les citoyens n’ont pas attendu d’être de vrais « twittos » pour se renseigner sur la Toile. Néanmoins, cette « France qui tweete » est révélatrice de tendances, tant dans la manière de faire la politique que de la concevoir.

Il y a tout d’abord cette façon de jouer avec la politique et l’immense succès du hashtag RadioLondres. Ce mot-clef, utilisé sur Twitter pour contourner l’interdiction de publier toute estimation avant 20 heures, a fait le buzz toute la journée de dimanche. Comme en témoigne le fil #RadioLondres, l’essentiel n’était pas tant de divulguer des informations sérieuses de manière codée, que de s’amuser ensemble avec et de la politique. Les twittos ont redoublé de créativité et ont posté, à coups de métaphores et de détournements, de nombreux tweets humoristiques tout au long de ce 6 mai. En voici un petit palmarès :
RadioLondres2
RadioLondres3
radiolondres4
Twitter n’a pas été uniquement l’apanage des internautes pendant cette soirée électorale. La forte mobilisation des politiques et des personnalités dans la Twittosphère a confirmé l’importance du réseau social dans le monde médiatique français. Après l’annonce des résultats, chacun y est allé de son petit mot pour tantôt soutenir le président sortant, tantôt supporter le nouvel arrivant.

A gauche, si l’on excepte le message très personnel de Valérie Trierweiler à François Hollande, les politiques sont restés assez sobres dans l’ensemble, soulignant la composante historique de l’événement : « Comme des millions de Français, cela faisait tellement longtemps que l’on attendait cette victoire ! » s’exclamait Martine Aubry, tandis qu’Arnaud Montebourg écrivait : « Une bifurcation de l’histoire. Un coup de tonnerre en Europe. Une alternative plus encore qu’une alternance. La République est de retour ». Jean-Luc Mélenchon complimentait quant à lui le candidat socialiste : « Je félicite François Hollande pour son élection. Je souhaite de tout cœur le meilleur au président à notre patrie ».

Sur d’autres registres, les personnalités ont usé de la Twittosphère pour réagir à la victoire de François Hollande. Nicolas Bedos était de toute évidence en extase – « J’ai beau me rouler nu dans la neige, la fièvre ne baisse pas. C’est bon » – Mathieu Kassovitz plein d’espérance – « Blague à part. Je souhaite le meilleur à #FH pour les 5 années qui viennent. En espérant qu’il n’y ait pas une autre crise financière mondiale » –, et Gad Elmaleh un peu cynique sur les bords – « Jet privé, Concert en plein air, nouvelle meuf. Bienvenue dans le show business. Le changement c’est ce soir ».

La droite, comme on pouvait s’y attendre, s’est faite plutôt discrète sur la Twittosphère. Rien à signaler du côté des comptes Twitter de Nadine Morano, de Jean-François Copé et de Rachida Dati. Nathalie Koscuisco-Morizet a tout de même rendu hommage à Nicolas Sarkozy : « La France a fait son choix. Je veux rendre hommage à @NicolasSarkozy et à tous ceux qui ont mené courageusement cette campagne à ses côtés ». D’autres stars sont intervenues pour soutenir le président sortant, à l’image de Véronique Genest, un peu amère : « NS vraiment la grande classe son discours … Un grand président. Vous le comprendrez dans peu de temps… Dommage ».

Enfin, les derniers tweets en date de Nicolas Sarkozy et de François Hollande – s’ils disent en creux la déception de l’un et la victoire de l’autre – sont révélateurs de deux manières différentes de faire la politique. Ce dernier paramètre n’a certes pas grand chose à voir avec le réseau social, mais l’on doit bien reconnaître que ces deux tweets le mettent en valeur : le – trop – passionné « Soyons dignes, soyons patriotes, soyons français ! Je vous aime ! » de Nicolas Sarkozy contraste avec « Ma mission, mon devoir, est de servir la République, de servir la France » de François Hollande. Et il n’y a pas besoin d’en dire beaucoup plus.