Remarquant à quel point les journalistes qui interrogent Marine le Pen, durant cette campagne présidentielle, me semblent maladroits, voire conciliants avec elle, j’en viens à me demander pourquoi personne, jusqu’à ce jour, ne lui a jamais posé la seule vraie question qui, à mon avis, la mettrait en difficulté : quid, dans son programme, de la démocratie ?

Dans un débat récent, sur France 3, on demandait aux participants s’il n’y avait pas un danger pour la démocratie en France dans le fait que Marine le Pen n’obtienne pas ses 500 signatures. Elle-même ne manque pas une occasion de le rappeler. Mais nul n’a pensé à préciser que cette candidate est, précisément, en lutte contre la démocratie.  Elle fustige constamment non pas les idées des autres partis politiques, mais leur existence même ; ces partis appartiennent au « système » , comme le disait déjà son père, c’est-à-dire au système démocratique.

La vraie question à poser à Marine le Pen, est : comment envisagez-vous la vie politique, après votre élection éventuelle ?

Ce que personne ne dit, c’est que son « système » à elle, c’est la dictature ; aucun respect pour la pluralité des partis, une presse muselée et une police « musclée ».
Voilà la raison pour laquelle le Front National est un parti infréquentable.

Pourquoi ne lui fait-on pas remarquer qu’elle profite de ce système démocratique pour se faire entendre, alors que son programme constitue en lui-même une négation de cette liberté de parole ?

Pourquoi ne lui rappelle-t-on pas, que le populisme et la démagogie dont elle fait preuve à l’égard de ses sympathisants sont les mêmes que ceux dont ont fait preuve les plus funestes dictateurs ?

La démocratie a peut-être des imperfections, le système représentatif pèche sans doute par une trop grande absence de participation citoyenne ; mais, au regard de l’histoire, on peut s’accorder à dire que ce système est malgré tout, « le moins pire ».

Cependant, la naïveté et l’ignorance de nos concitoyens vont-elles nous amener à douter du bien fondé du suffrage universel ? Comment ne pas sentir le danger que fait peser le discours du Front National sur nos libertés ?

Françoise Cuynet, enseignante à Besançon

Campagne : Chaque jour une idée pour faire baisser le Front National

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