Après une courte visite à Homs ce mardi, place forte de la rébellion syrienne, les observateurs de la Ligue arabe ont jugé « rassurante » la situation de la ville. Conclusion étonnante lorsqu’on sait que l’arrivée de la délégation – dont les missions, censées faire partie d’un plan de sortie de crise, prévoient l’arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l’armée des villes, et la libre circulation des observateurs arabes et de la presse dans le pays –, n’a pas empêché la répression syrienne de continuer : selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les forces de sécurité ont tiré à balles réelles et gaz lacrymogènes sur les 70 000 personnes qui défilaient dans le centre-ville. Bilan : 6 morts.
On sait ce que valent les promesses de Bachar al-Assad… Malgré l’annonce de la libération de 755 détenus impliqués dans les soulèvements populaires, la recherche d’un plan de paix prévue par le protocole signé entre Damas et la Ligue arabe ne semble pas à l’ordre du jour. Human Rights Watch accuse d’ailleurs les autorités syriennes d’avoir transféré de nombreux prisonniers vers des bases militaires, sites auxquels, bien sûr, les observateurs n’ont pas accès. La poursuite de la répression est une bravade de plus faite par le dictateur à la communauté internationale.
Dans ces conditions qu’attendre de la mission de ces observateurs ? Se révèleront-ils vraiment le levier décisif dans le dénouement du conflit ? Ce n’est pas sûr. L’OSDH, Paris et Washington craignent d’ailleurs que les observateurs deviennent de faux témoins. La France, déjà, s’est déclarée insatisfaite des premières conclusions de la délégation : Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, a estimé que « La brièveté de leur séjour n’a pu leur permettre d’apprécier la réalité de la situation prévalant à Homs ». Le choix du chef de la délégation pose également question : le général Moustapha al-Dabi est originaire du Soudan, pays proche de Damas. Son président, Omar el-Béchir, est en outre accusé par la Cour pénale internationale de crime de guerre, crime contre l’humanité et génocide dans la cadre de la guerre du Darfour, à laquelle le général al-Dabi a bien entendu participé.
Cette pagaille générale pourrait cependant servir Bachar al-Assad. Selon un intellectuel syrien proche de l’opposition, le régime a toujours joué la stratégie de la confusion : « Ainsi, il brouille les cartes, de façon à rendre la situation incompréhensible pour qui que ce soit et d’apparaître in fine comme le seul capable de la dominer. »
Les observateurs de la Ligue arabe qui devraient être 150 à terme vont désormais se rendre dans d’autres villes. La population continue, quant à elle, à réclamer une protection internationale.