Et par le même chemin s’écoulent d’innombrables troupeaux de sonnaillers et de massives mères brebis, de béliers à leur première tonte, d’agneaux, d’oies d’automne, de jeunes bœufs, de juments renâclantes, de veaux étêtés, de moutons angoras et de moutons de parcs, de bouvarts de chez Cuffe et de bêtes impropres à la reproduction, de truies et de cochons bien doublés, et les variétés les plus diversement variées des pourceaux les plus distingués, des génisses du comté d’Angus, des bouvillards au pedigree sans tache avec les jeunes laitières primées du herdbook et les.bœufs : et là se fait entendre un perpétuel piétinement, caquettement, mugissement, beuglement, bêlement, meuglement, grondement, rognonnement, mâchonnement, broutement des moutons et des porcs et des vaches à la démarche pesante venus des pâturages de Lush et de Rush et de Carrickmines et des vallées baignées d’eaux courantes de Thomond, des marécages de l’inaccessible M’Gillicuddy et du seigneurial et insondable Shannon, et des pentes douces du berceau de la race de Kiar, leurs mamelles distendues par la surabondance du lait, et enfin dénient des barriques de beurre et de petit-lait et des tonnelets et des poitrines d’agneaux et des mesures de froment et des œufs oblongs par mille et mille, de toutes grosseurs, d’agate et d’ambre.
Un extrait d’Ulysse de James Joyce
par James Joyce
18 novembre 2011
Et par le même chemin s'écoulent d'innombrables troupeaux...