Il faut saluer en la situation la célérité avec laquelle deux importantes personnalités du monde politique français ont réagi à l’annonce de la condamnation du cinéaste iranien Jafar Panahi. Six ans d’emprisonnement, vingt ans d’interdiction de filmer, de voyager, de s’exprimer publiquement pour “action contre la sécurité nationale et propagande contre le régime”, il y a là, en effet, de quoi être consterné. C’est en ces termes que le ministre de la Culture s’exprimait hier dans un communiqué. Frédéric Mitterrand “s’insurge contre ce jugement qui confirmerait une fois de plus les atteintes incessantes des autorités iraniennes aux droits et libertés fondamentaux” et “appelle à ce que le grand cinéaste iranien soit définitivement rendu libre et puisse à nouveau réaliser ses films”.
Bertrand Delanoë, maire de Paris, a également exprimé sa consternation, cette condamnation étant selon lui “une offense de plus, et une de trop, à l’égard de Jafar Panahi”. “Cette nouvelle atteinte aux libertés fondamentales d’expression et de création est particulièrement inacceptable”, a-t-il déclaré. Il a en outre appelé à la “libération immédiate de Jafar Panahi, comme à celle des autres cinéastes iraniens emprisonnés.”, et tenu à exprimer sa “solidarité avec tous les Iraniens en lutte pour leur dignité et leur liberté.”
Selon le quotidien gouvernemental Iran, Jafar Panahi a été condamné pour “action contre la sécurité nationale et propagande contre le régime”.
Rappelons par ailleurs que depuis une dizaine de jours, une quarantaine de réalisateurs et documentaristes ont été “convoqués” au ministère des Renseignement pour des interrogatoires de plusieurs heures. Début octobre, c’était l’actrice iranienne Marzieh Vafamehr qui était condamnée à un an de prison et 90 coups de fouet pour avoir joué dans un film évoquant les difficultés endurées par les artistes.
L’inacceptable arbitraire de ce régime doit cesser une fois pour toutes. Il faut que la mobilisation pour Jafar Panahi s’amplifie de toute urgence, de la rue au monde politique en passant par le monde artistique ; que ces pratiques ineptes, indignes de tout gouvernement, quel qu’il soit, s’évanouissent comme un mauvais souvenir.