Après le McMashallah (« Macbravo », version iranienne du Mcdonald’s) et le SFC (KFC), l’Iran va bientôt voir débarquer une nouvelle version islamisée de l’un des produits occidentaux phares.
Mais que les plus gourmands d’entre nous ravalent leur salive, ce n’est pas de nourriture dont il s’agit…
Non contents d’avoir bloqué l’accès à la grande majorité des sites d’info et réseaux sociaux occidentaux dans le pays (même s’ils sont allégrement consultés grâce à la malice de la jeunesse qui use de serveurs proxy basés à l’étranger), les autorités iraniennes ont donc décidé de s’attaquer à la racine du problème…
Ali Aghamohammadi, adjoint aux affaires économiques du premier conseiller du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, a donc annoncé ce mois-ci son intention de lancer un « Internet halal dépourvu de « tout site obscène » pour contrer l’influence de la toile, jugée trop occidentale. Par « site obscène », l’adjoint n’a pas précisé s’il s’agissait uniquement de sites coquins ou bien de toute la famille des réseaux sociaux et des sites d’infos.
« Cet Internet halal peut être développé et connecté aux autres pays islamiques et voisins », a affirmé Ali Aghamohammadi le 15 avril dernier dans une interview à l’agence de presse officielle IRNA, avant d’avertir :
« Avec le lancement de cet Internet halal, nous allons être témoins de grands changements dans les domaines de l’administration, du commerce et des banques électroniques, et tous les services électroniques proposés aux internautes à l’intérieur du pays le seront par l’intermédiaire de ce réseau. »
Cet Internet Halal, baptisé Iraniannet, bénéficiera de conseils étrangers et sera pleinement opérationnel dans 18 mois pour connecter 10 millions d’utilisateurs dans le pays, a assuré Ali Aghamohammadi. On se souvient notamment du rôle joué par le consortium finno-allemand Nokia-Siemens dans la répression des cyberdissidents en juin 2009, en fournissant à la République islamique les moyens de bloquer l’accès à divers sites internet, mais également d’accéder à des informations sur les internautes réfractaires, grâce à l’espionnage de leurs communications online sur les réseaux sociaux.
Mais que les Iraniens, surtout les jeunes, se rassurent. Tout d’abord parce que l’accès à l’Internet « traditionnel » sera toujours possible (enfin sans Youtube, Facebook et CNN). Et surtout parce que l’ « Internet Halal » va entraîner une avancée inespérée : lavé de tout site obscène, le nouvelle toile iranienne va enfin permettre aux internautes de bénéficier des bienfaits de la fibre optique. Un régal, quand on sait que l’Internet actuel est dramatiquement limité en Iran à 128 kbs (200 fois moins qu’en France) depuis l’arrivée d’un certain Mahmoud Ahmadinejad à la présidence en 2005…