Ce n’est pas parce que l’attention du monde entier est braqué sur la Libye, que les pays du Golfe dénoncent l’ingérence iranienne au Bahreïn, que l’Iran accuse de son côté les États-Unis et leurs alliés de fomenter des troubles en Syrie, que la répression a cessé au pays des mollahs. Bien au contraire…
Nazanin Khosravani, jeune, belle et brillante journaliste iranienne vient d’être condamnée à six ans de prison, a-t-on appris hier de son avocate.
« La sentence contre ma cliente a été prononcée par la branche 26 du tribunal révolutionnaire pour assemblée et collusion contre la sécurité nationale et propagande contre le Régime, charges pour lesquelles Mlle Khosravani a été condamnée à six ans de prison », a affirmé hier Maître Farideh Gheyrat au site d’opposition Kaleme.
Action contre la sécurité de l’État, propagande contre le Régime islamique, ce sont, au mot près, les mêmes accusations portées, en décembre dernier, contre le cinéaste iranien Jafar Panahi, et qui lui valent aujourd’hui une condamnation à six ans de prison et vingt ans d’interdiction de réaliser tout film. Et pour cause, c’est le même magistrat, le juge Pir-Abassi, celui qui a prononcé d’innombrables peines de prison et de mort contre les manifestants post-électoraux, qui en est l’auteur.
Celui-ci fait d’ailleurs partie des 32 responsables iraniens sanctionnés par l’Union européenne pour leur rôle dans les violations des droits de l’homme en Iran, et dont les avoirs à l’étranger ont été gelés et les visas interdits.
Or cette sanction ne l’a pas empêché de condamner lourdement une femme, qui n’a pour seul tort que d’être une journaliste réformatrice (dont pro-réformes et surtout pas anti-régime) ayant collaboré avec les journaux Norouz, Bahar, Kargozaran, Doraneh Emrooz, Sarmayeh ou encore l’agence de presse Aftab. Des titres qui ont aujourd’hui tous disparus des kiosques du pays. C’est d’ailleurs la raison qui explique pourquoi Nazanin Khosrovani était, selon ses parents, au chômage depuis un an au moment de son arrestation, une information qui réduit à néant les accusations gouvernementales.
C’était le 2 novembre dernier. L’Iranienne était arrêtée après un raid mené à son domicile. 132 jours plus tard, et après la tenue de son procès le 8 février dernier, elle a été relâchée de la branche de sécurité 209 de la funeste prison d’Evin après le versement d’une caution de 600 000 dollars. Mais cette « libération » n’aura été qu’un court répit. La journaliste a 20 jours pour faire appel de cette décision. Puis attendre, comme Jafar Panahi, dans l’angoisse et l’incertitude, avant de passer les six prochaines années de sa vie en prison.
Comment faire pour l’aider?