Lettre ouverte à Karl-Theodor zu Guttenberg sur la question libyenne
Monsieur le Ministre*,
Permettez-moi de m’adresser à vous en cette circonstance dramatique pour les relations franco-allemandes : elles subissent une déchirure et courent pour leur avenir un danger d’une acuité exceptionnelle, suite à la distorsion entre les deux gouvernements quant à la question libyenne. Vous êtes de ceux qui permettent de ne pas s’attarder aux doutes, encore moins à la désespérance, et de passer directement aux arguments.
Né Alsacien-Lorrain, je redoute les retours de bâton ou de refoulé de certaines tensions dépassées et autres pénibles confrontations du passé entre Français et Allemands ; je balaie ces régressions et retours en arrière pour éviter la réouverture douloureuse d’une vieille blessure, toujours prompte à saigner. Je ne me sens pas que Français ; je ne suis pas non plus un Allemand caché ; je prends les deux. Pour les inter-frontières comme moi, l’Europe est intervenue comme une synthèse thérapeutique, un dépassement qui ne cesse pas de nous libérer des antithèses nationales et nationalistes. Jusqu’à recueillir ensemble deux héritages, deux Histoires, deux patries même — à égalité dans leurs souffrances et leurs grandeurs, leurs fautes, leurs réussites. En refusant de choisir, résolument.
Ce n’est donc pas un Français qui parlerait ici “contre” l’Allemagne : mais une autre sorte d’Allemand, choqué par la catastrophe de honte tombée sur un pays et des concitoyens européens qu’il affectionne. Voilà pourquoi c’est sans préjugé ni joie mauvaise, encore moins par désir de vengeance, mais au contraire avec un sentiment personnel de honte, que j’ai constaté l’opiniâtreté perfide du ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, dans son entreprise de faire traîner en longueur et de retarder plusieurs jours la décision de l’ONU sur l’interdiction de survol de la Libye par les avions de Kadhafi. J’ai aussitôt perçu les répercussions de ce fait pénible sur le renom de l’Allemagne, sur la réputation de ses citoyens tenus pour des lâches et des lâcheurs dans la solidarité européenne et mondiale au service des droits de l’homme. L’« Europe Une » (Nietzsche) qui est le but de l’Union européenne, réclame de tous les Européens qu’ils ressentent comme une perte collective cette espèce d’attentat perpétré contre l’honneur de l’Allemagne par son propre ministre. C’est tous ensemble que nous portons le deuil de “l’honneur perdu” (Heinrich Böll) de la République fédérale.
Le grand quotidien de Centre gauche de Munich, la Süddeutsche Zeitung, a qualifié sans ambages et avec justesse la posture de Westerwelle à la fois de « naïveté effarante » et de « malhonnêteté ». C’est en effet la “combinaison” de cet exécrable joueur contre son propre camp. J’ajoute qu’il faut quand même être tout à fait dérangé ou dérailler à fond la caisse, dans l’Europe de 2011, pour se donner en spectacle comme allié objectif de la bande à Kadhafi face aux alliés naturels et construits que l’on a en Europe et dans le monde. J’en ai honte, et je ne suis certainement pas le seul.
L’ultime morsure de mort de Kadhafi contre le peuple libyen en 2011 apparaît aux Européens, et surtout aux Allemands, comme un retour de l’ultime morsure de mort de Hitler en 1945 contre le peuple allemand. Lorsqu’il lançait jusque dans ses dernière heures des ordres d’exécuter par pendaison et de fusiller des Allemands, des Allemandes. De réduire à néant des villes allemandes. Aujourd’hui Kadhafi est avant tout l’ennemi du peuple de Libye comme les nazis se sont avérés avant tout les ennemis… de l’Allemagne. Je ne change rien à l’exceptionnalité de la Shoah, j’y ajoute, lorsque je dis que la haine initiale de Hitler contre les Juifs d’Autriche et d’Allemagne consistait d’abord en ce fait historique prestigieux qu’ils étaient souvent les meilleurs patriotes allemands et les créateurs allemands les plus productifs dans tant de domaines, qu’ils parlaient et écrivaient l’allemand tellement mieux que lui (2011 est l’année-anniversaire de l’immense Gustav Mahler dont le nom vaut aussi pour Freud, Einstein, Buber, les Mendelssohn, etc).
De même l’impossibilité de faire son deuil du génocide des Juifs d’Europe, de le passer par profits et pertes comme d’autres événements ou détails de l’Histoire universelle, s’augmente encore d’une sorte de souffrance “géopolitique” à l’idée de la fantastique extension de la langue allemande qui fut portée pendant tant de siècles de façon si féconde par un de ses rameaux les plus anciens et les plus actifs, le jiddisch (en anglais yiddish). Par le “Jiddischland” inter-frontières, une sorte de pré-Union européenne. Cette puissance de vitalité européenne du jiddisch a été tuée par des nihilistes s’activant contre l’Allemagne, contre les Allemands, contre l’intérêt de la langue allemande : Hitler et les nazis. On passa de neuf millions à trois millions de locuteurs : cette différence est la réponse aux négationnistes ; elle est une perte irréparable aussi pour ce groupe des langues germaniques qui reste majoritaire en Europe, mais se trouve ainsi mutilé de façon irrémédiable.
Dans ce lien gisait la raison du cri de Mai 1968 « Nous sommes tous des Juifs-Allemands » (pour moi deux majuscules et un trait d’union) : à la fois contre Maurras qui aurait eu cent ans cette année-là —à la fois donc pour le souvenir de Dreyfus —, et contre l’antisémitisme stalinien de Marchais, ce crétin dans lequel les communistes français se reconnaissaient comme le leader qu’ils méritaient. Ce n’est pas un Allemand de droite, c’est ce communiste bien français, entre Ducon-la-joie et Aragon jouant au singe de Déroulède, qui était allé repêcher l’étiquette-repoussoir de “Juif-Allemand” dans le tout-à-l’égout merdeux du pétainisme, du maurrassisme, de l’antisémitisme et du fascisme à la française. En prétendant que cela insultait Cohn-Bendit… « Au contraire ! », lui fut-il répondu.
Voilà pour le paysage mental, l’état des lieux. Il nous permet une logique claire :
1) Il existe depuis 1945 pour les Allemands un devoir incontournable qu’ils se sont imposés comme un honneur : celui de se porter toujours au premier rang aux yeux du monde, et avec les premiers, sur le front de l’anti-nazisme.
2) Être anti-nazi aujourd’hui, en 2011, signifie de façon incontournable détruire les missiles et les radars de la clique de Kadhafi.
3) Le ministre allemand des Affaires étrangères, hélas encore en place, aura tout mis en œuvre pour un contournement de cet incontournable.
4) Donc il a travaillé contre le devoir des Allemands et contre l’honneur de l’Allemagne. Conclusion : qu’ils le foutent dehors. Mais sur qui compter ?
“Qu’ils le foutent dehors” : parce que sa faute est sans appel. Il est un obstacle sur le chemin européen des anti-nazis, des démocrates, des libéraux réellement libres, des combattants pour le seul réalisme durable, celui des libertés, des militants pour ce que la Charte de l’ONU définit comme l’égalité entre les peuples, les nations et les religions dans la fraternité. Qu’il aille son chemin à lui : celui du déshonneur et de la lâcheté, de la honte et du mépris, du compromis avec le pire, de la trahison des valeurs de l’Europe et de l’humanité.
“Sur qui compter ?” : cela implique de faire usage de la faculté de juger, au plus précis, avec sang-froid, sans complexes partisans — pour décider qui suivre et qui rejeter. L’avenir retiendra de cet épisode deux noms, ils apparaîtront dans les livres d’Histoire pour résumer les deux polarités adverses : Bernard-Henri Lévy et Guido Westerwelle. Le premier sera synonyme d’efficacité pour l’honneur et la morale ; il est inscrit une fois pour toutes, quoi que l’on dise et fasse, que de tout l’engagement mondial pour la Libye, BHL a été et restera le “premier moteur” au sens de la Physique d’Aristote. Et sa volonté le point d’appui pour le fameux levier d’Archimède capable de soulever le monde. On ne peut que s’étonner, voire s’ébahir, en considérant la disproportion entre la grandeur des résultats obtenus en termes de mobilisation de tant de forces militaires, politiques, diplomatiques, qui furent d’abord médiatiques, et le point d’appui moteur au départ de ce vecteur inouï de puissance : un seul individu.
Au contraire le deuxième nom sera retenu pour évoquer la répulsion et le dégoût, fusionnant toute une carrière de carriériste en une seule horreur : un abysse de trahison de l’Europe en tant que telle. Le nom du provisoire ministre allemand de l’Extérieur restera quand même utile comme synonyme pour notre temps de cette forme d’abjection qui porta d’autres noms dans les années 1940-1945, les noms d’un esclavage de la conscience se soumettant aux dictatures du pire : on dira « un Westerwelle » comme on disait « un Pétain, un Quisling, un Horty, un Hacha ».
Dans le souvenir de ces jours où nous cherchions à discerner sur qui compter, émergera l’image de noblesse dans la colère, et le timbre de voix ému, de Dany Cohn-Bendit persévérant avec courage à réclamer l’intervention en Libye, dans le journal télévisé de la deuxième chaîne allemande, la ZDF, un des plus professionnels, des plus critiques et des plus chics du continent, sous la grêle de questions intelligentes de la sculpturale Marietta Slomka (auprès de laquelle Greta Garbo n’a qu’à bien se tenir). Ce soir-là Cohn-Bendit fut le De Gaulle de l’Allemagne, c’est-à-dire son anti-Westerwelle : tout n’était pas perdu, forts de l’honneur.
Westerwelle exerce sur les électrices et les électeurs allemands un chantage implicite et vicieux à partir de ce vieux préjugé qu’il faudrait au contraire chasser des têtes : « Si vous voulez le réalisme, vous devez renoncer aux principes. » Et ce cynisme serait la garantie du bonheur, du salut, de la santé, de la bonne ambiance : le moral contre la morale. Sa trahison de l’Europe en mars 2011 résulte ainsi simplement d’un transfert sur l’ensemble de la politique extérieure de l’Allemagne de ce programme électoral du “fun” (en américain “hype” dans le texte) qui reste depuis 2002 celui du parti “libéral”, le FDP, dont Guido est le Guide comme en Autriche à la même époque Jörg Haider était le Guide du parti-frère “libéral”-sic, le FPÖ, lui aussi avec cet habillage imbécile de jeunisme et d’arrogance maquillant de couleurs criardes une ligne politique de la cruauté sociale et de l’exclusion.
Ce cynisme du “fun” comme degré zéro de la saloperie en politique agit comme une drogue dure lorsqu’il exige pour demeurer absolument aphrodisiaque (c’est le but), que tout le restant indiffère. Depuis un an et demi que par accident le Guido s’est retrouvé propulsé ministre d’Affaires qui lui sont encore plus étrangères que quoi que ce soit — et dans son cas ce n’est pas peu dire — il parcourt la planète en somnambule du “fun” qui ne comprend rien à tous ces gens, plus dérouté qu’Alice au pays des merveilles, Pierrot lunaire déconnecté. Pas de place pour les droits de l’homme dans sa bulle de repli fœtal, de jouissance narcissique.
Une autre star douteuse de notre époque communie avec lui dans cette religion du “fun”, dans ce culte de la pulsion et du plaisir contre les principes, érigé en programme : Saïf al-Islam, le fils favori de Kadhafi. A subir ces jours-ci les bavardages débiles mais sanguinaires de ce dandy du crime à la gestuelle tellement “fun”, s’imposait l’impression irrésistible que ce type répugnant avait en poche depuis longtemps sa carte de membre du FDP de Guido Westerwelle — et pour l’accablement des lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, il aura été difficile d’échapper au flot d’interviews empressées qui le bichonnaient avec une complaisance humiliante.
Vers l’an 2000 et après, on voyait beaucoup Saïf al-Islam en comte de Monte-Islamo exotique du côté de Vienne et de Klagenfurt, de pair à compagnon avec Jörg Haider et ses petits copains — y compris certaines Ukrainiennes très blondes à forte poitrine, dont une que l’on retrouva gravement tabassée par des gardes du corps (pas de son corps à elle, semble-t-il) —, tout cela dans une lourde odeur de dizaines de millions de dollars dont la trace vient de réapparaître en justice de façon pour l’instant trop fugitive : elle se perd dans le triangle fiscal “paradisiaque” des Bermudes. A chaque campagne électorale du parti “libéral”-sic FPÖ, papa Kadhafi, Sa Seigneurie Mouammar en personne, ne manquait pas d’arroser de liquidités du désert, toujours transmises dans des emballages de plastique bien propres (oui, oui), les plates-bandes autrichiennes de son cher ami Haider (par ailleurs très lié avec le Dalaï-Lama : pour moi ce n’est pas “une autre histoire”). Dans l’état des investigations en 2011, on n’a pas d’indices de telles gracieusetés concernant le parti-frère allemand FDP, celui du ministre Westerwelle qui vient de fournir un tel travail au profit de la famille Kadhafi, je veux dire : de la “Kadhamafia”.
Contre l’enfer du “fun” la voix de l’Europe a parlé par Bernard-Henri Lévy et Dany Cohn-Bendit : ce n’est pas le cynisme qui est réaliste, mais la morale et l’honneur. Un penseur allemand, Emmanuel Kant, a mis au point le concept d’“impératif catégorique” : c’est celui qui est éprouvé et mis en œuvre encore plus ces temps-ci sur la planète pour venir en aide aux êtres humains et aux peuples qui se trouvent pris entre les mains de tortureurs et d’assassins, de criminels contre l’humanité. Cette dimension qui fut d’abord formulée en allemand se retrouve de toute évidence dans le redressement des Tunisiens et des Égyptiens, et dans le combat plus difficile des insurgés de la liberté en Libye. Et ce serait précisément dans le moment historique où l’opinion publique mondiale est surprise positivement, secouée d’émotion, en constatant la fraîcheur résurgente, la résilience, la vitalité, la modernité et la dynamique de mobilisation inhérentes à ce formidable outil conceptuel forgé au départ en allemand, ce serait dans le moment historique, donc, où le monde entier se met pour ainsi dire à penser et parler “allemand”, qu’il faudrait se laisser imposer ce paradoxe que le ministre des Affaires étrangères allemand en poste exhibe avec une telle obscénité un déni, une dénégation, un véritable négationnisme de l’impératif catégorique, en refusant l’aide de son pays aux êtres humains et aux peuples, en volant au secours des criminels contre l’humanité ?
Ras le bol du “fun” de ces “libéraux” contre les libertés réelles ! S’il n’avait dû exister qu’un seul homme politique en Europe et dans le monde qui dans l’affaire libyenne eût à parler et à agir à la fois dans le sens de Kant et dans celui des leçons de la période nazie, alors ce devait être le ministre de l’Extérieur de la République fédérale. Et voici que c’est lui précisément que l’on voit trahir en rase campagne l’impératif catégorique, ce patrimoine “allemand” de l’humanité ! C’est ainsi que son geste odieux et haïssable et son discours de langue de bois d’une mesquinerie ringarde ne sont pas qu’une trahison de l’Europe, de l’humanité, des alliances de l’Allemagne, ils sont aussi un coup porté à l’image des Allemands, à la réputation de leur nation. Aujourd’hui Kant s’appelle Lévy et Cohn-Bendit : contre Westerwelle. Ils sont l’esprit de l’Europe. Dont fait partie l’Allemagne, la vraie : qu’elle n’en garde pas le secret ! Qu’elle le dise et le prouve !
Ô nuit de noirceur et d’effarement dans l’Histoire de l’Allemagne, que celle où le ministre de l’Extérieur de la République fédérale fut salué devant les caméras et les micros par son soi-disant “collègue” de la mafia kadhafiste, d’une sorte d’ironique “bienvenue au club”, pour le remercier de sa complicité objective avec les crimes du régime ! « Nous nous attendions à un soutien de la Russie et de la Chine », clamait-il triomphant, « Mais pas de l’Allemagne : quelle agréable surprise ! Un vrai cadeau ! » Dans la panoplie “fun” de Guigui-Dodo, il ne manquait plus que cette défroque — de gentil Père Noël zélé au service de Kadhafi — : est-ce réellement ainsi que les Allemands se représentent un ministre de leur démocratie ? Un des porte-paroles désignés de notre Europe commune ? Heinrich Heine exilé à Paris pleurait la nuit en pensant à l’Allemagne et aux dangers qu’elle se faisait courir à elle-même… Qu’eût-il écrit de la honte de cette nuit-là ? Du rire atroce du sbire de Kadhafi, jouissant de la trahison de Westerwelle ?
Monsieur le Ministre et cher Karl-Theodor zu Guttenberg,
Les Européens attendent votre prise de position. Personne ne croira que vous puissiez assister en simple spectateur muet à ce coup très grave porté à la crédibilité et à l’autorité retrouvées des Allemands. Il s’agit de rien moins que de restaurer l’honneur du nom allemand. Peu de dirigeants politiques disposent des moyens, des talents, de l’expérience et de la compétence nécessaires pour affronter le danger, discerner les issues, saisir les occasions : un bon moment ne vient pas tout seul, il se crée.
* La règle de politesse française veut que l’on continue de dire “Monsieur le ministre” à celui qui l’a été. A fortiori dans le cas de K.-T. zu Guttenberg, dont la cote de popularité a augmenté de cinq points depuis sa récente démission : il est pour une majorité des Allemand(e)s une sorte de “ministre caché” ; donc un des tout premiers leaders d’opinion à qui s’adresser dans cette grave et vicieuse crise anti-française, anti-européenne.
Il est malhonnête de prétendre que le FDP allemand est le parti frère du FPÖ autrichien. Le pendant du FDP allemand aurait été l’UDF (à présent MODEM) française.
Une explication possible du refus de l’Allemagne de participer à ses opérations militaires en Libye pourrait être que Madame Merkel est une femme.
Nous les femmes, nous ne pensons pas de la même façon que les hommes.
Nous ne sommes en général pas des guerrières. Même s’il en existe quand même, elles sont très minoritaires contrairement aux hommes.
L’idée de tuer, ne serait-ce déjà des enfants innocents dans une guerre, ça dépasse notre entendement et la raison pour laquelle nous sommes « femme » et donnons la vie.
C’est quelque chose de viscéral je crois et que finalement l’homme ne peut pas appréhender de la même façon que nous, car même s’il peut être père, il n’enfantera jamais…
Ma réfléxion n’est peut-être pas la bonne raison, mais je tenais à en faire part.
Le mieux serait de le demander à Mme Merkel.
Monsieur Despot ne semble pas être au courant que Guttemberg n’est plus ministre. je crois que Karl-Theodor a actuellement mieux a faire que de prendre position contre Westerwelle, comme par exemple se faire oublier, voir écrire une nouvelle thèse.
« Les Européens attendent votre prise de position. Personne ne croira que… », c’est votre appel, cher Laurent Dispot, de cœur et de raison, aux autorités allemandes pour un sursaut de dignité, de crédibilité, de solidarité avec les populations libyenne révoltées et menacées, avec les pays européens engagés, ceux de la Coalition dont font partie des pays arabes. Il était attendu un soutien de l’Allemagne réunifiée ne serait-ce qu’en mémoire de son histoire, si tributaire du monde libre qui a combattu en y payant le prix fort pour en faire à son tour un pays libre. La réponse de Angela Merkel et Guido Westerwelle là voici : retrait de la Bundesmarine de la Méditerranée et refus de participation aux opérations de la Coalition pour imposer une no fly zone à la Libye. C’est grave car l’Allemagne de Merkel-Westrwelle se positionne contre ses partenaires occidentaux, contre l’Europe, et rallie la République populaire communiste de la Chine, la Russie de Poutine, les régimes islamo-fascistes de l’Iran, de la Syrie, le Venezuela de Chavez, et la liste n’est pas finie. L’Allemagne a choisi aujourd’hui pour calcul d’influence économique et de puissance le camp de l’intolérance et de la répression démocratique. L’image qu’elle donne ne peut qu’être cruelle : un pays au grand ventre de 80 millions d’habitants et d’une tête pas plus grosse d’un Grand-duché. Loin dons d’un puissance mondiale qui ne peut à ce stade prétendre d’un siège permanent au Conseil de sécurité. Après ce pitoyable désistement, cette trahison des valeurs les plus basiques d’une communauté civile et démocratique, et que, rappelons-le, sans un sursaut vitale de la part de la France, de la Grand Bretagne, des Etats Unis, aurait valu à Benghazi et sa population le triste renom de Guernica africaine du XXIe siècle, il me semble que la voie à l’ONU en tant que membre permanent doit être niée à un tel pays.