Enfances au village

La loi indienne interdit strictement les mariages d’enfants, que le Mahatma Gandhi combattait au même titre que le sort misérable des veuves privées de sel, d’épices, de fêtes et de vêtements neufs.

Pourtant, à Mangar, il y a deux ans, un gros propriétaire terrien a mariée deux de ses cinq filles, 10 et 12 ans, à des jeunes gens de 18 et 20 ans. Bien sûr, les gamines ne rejoignent pas tout de suite le foyer conjugal (au vrai, chez leurs beaux-parents), et elles continuent leur scolarité.

Reste que ce genre de mariage est totalement illégal. Les dames du village confirment : « Là d’où nous venons, on se marie très tôt, c’est ainsi ». Il y a deux Indes, celle des villes énormes et celle des villages, « L’Inde aux 600.000 villages » chère au Mahatma Gandhi ; elles ne sont pas prêtes à se rejoindre de sitôt.

Je pose une question idiote : et si une des gamines voyage à l’étranger, que mettra-t-on sur son passeport ? Oh, c’est simple. Une fois pubères, les filles rejoignent leurs maris et elles n’ont plus le droit de quitter le village.

Changeons de chemin, allons du côté musulman. Mon amie Lla a ouvert une école privée dans sa ferme, avec ses propres professeurs. Naturellement, !es écoliers ont des uniformes avec pantalons gris et chemises écossaises bleues, grises et blanches. Il y a là trois petits musulmans, deux fillettes de 8 et 7 ans et leur frère, 9 ans. Les filles aimeraient bien porter l’uniforme, mais le gamin – 9 ans ! – s’y oppose. Pas question que ses soeurs portent des pantalons ! Méfiante, Lla appelle leur père. Il est catégorique : ses filles doivent absolument porter le pantalon… Commentaire d’Lla sur le frère de 9 ans: « Male chauvinist pig, even small ! » Bien dit.

Un commentaire

  1. Bonjour,

    j’aime bien ce récit.

    N’hésiter pas a nous laisser vos commentaires

    Sébastien